dimanche 9 décembre 2012

Pays perdu, terre gardée.

Je ne sais si les remake, surtout littéraires, méritent qu'on ait un avis définitif sur eux, mais je profite de ce que Jérôme Garcin, dans le dernier n° du N.O. évoque "Pays éperdu", de Bernard Janin, pour me rappeler ma découverte du "Pays perdu" de Pierre Jourde, paru en 2003 (L'esprit des péninsules). Oublions les postulats parfois moralisateurs du personnage Jourde, parmi lesquels il conviendrait sans doute de trier, mais saluons le livre ; il immerge le lecteur dans un univers âpre, celui d'un hameau du Cantal, dont l'auteur (revenu de la ville le temps d'un enterrement) dépeint avec rudesse ce que la modernité nomme tares : "Alcool, Hiver, Merde, Solitude", d'après Jourde, "image crasseuse, adultérine, éthylique et paléolithique" selon Garcin. On sait que Jourde échappa de peu à la lapidation lorsqu'il revint à Lussaud une fois le livre paru.
Pierre Jourde fait partie de ces auteurs contemporains, de moins en moins nombreux, qui ne font pas des livres mais de la littérature, avec le style et l'exigence, de fond et de forme, que cela suppose. Quant à "Pays perdu", il ne se raconte pas, il se lit.
J. Garcin affirme avec justesse que ce livre est "un grand et beau texte sur l'esprit des lieux dont nul ne voulut alors comprendre que Pierre Jourde y exprimait son ombrageuse fidélité à un pays lointain d'une noire beauté où sa famille habite depuis trois siècles"...
Avouerai-je que si ce livre me toucha, c'est aussi parce que mon Rouergue paysan natal était plus que cousin avec ces cantalous hors d'âge ? Moins "taré", certes, mais peut-être prêt à devenir glauque si l'on avait fouillé la vase. Oserai-je dire aujourd'hui que les turpitudes crado-névrotiques de ces primates (selon les normes actuelles) ne me paraissent pas pires que certains effets de la doxa de ce début de siècle ?
Mais peu importe, et lisez "Pays perdu".

dimanche 11 novembre 2012

Eloge littéraire du verre d'eau dans la tempête

Ami lecteur, ne sens-tu pas cette odeur de soufre qui émane de mes doigts sur le clavier ? C'est que je viens de reposer cet immonde brûlot de Richard Millet, dont on parla tant naguère...
Faut-il que notre époque s'ennuie, ou qu'un vide de sens menace, pour en être parvenus à de tels cris d'orfraie,à propos de ce qui aurait pu être un simple éditorial engagé, s'il n'y avait eu en sus le talent de Millet, et bien sûr ce malheureux terme d'"éloge", opportunément privé de son adjectif.
L'auteur, qui d'emblée prend ses distances politiques vis-à-vis de Breivik, n'échappe certes pas toujours à ces tendances quelque peu paranoïdes qui le menacent de plus en plus. Affirmer que AB est "le signe désespéré et désespérant de la sous-estimation par l'Europe des ravages du multiculturalisme : il signale aussi la défaite du spirituel face à l'argent." est sans doute un peu capillotracté, ou écrire que "décréter sa folie serait un moyen de le réduire au silence" n'est pas du meilleur niveau.
Pour autant, qui oserait nier, purement et simplement, ce qu'évoque "le délitement de la vieille Europe", "la ruine de la valeur ou du sens", ou les formes nouvelles de la grande peur des bien-pensants, voire "la conversion de l'individu en petit bourgeois inculte, mondialisé, social-démocrate" ?
Que RM ait voulu faire un coup, littéraire et commercial, éditorial et politique, est indéniable, et il se trouvait probablement de meilleurs prétextes pour soutenir le discours qui est le sien. Et je crains que parmi ses soutiens ne se trouvent beaucoup de crânes rasés incapables de lire et de comprendre la moindre de ses lignes...
Qu'il y ait, en tout état de cause, matière à débat est une certitude. L'autre certitude reste que l'agitation accueillant le livre n'allait pas dans le sens du débat mais dans celui de l'excommunication, et qu'à entendre les arguments on peut même douter qu'il ait été lu. Passés les slogans du prêt-à-penser et la mauvaise foi inhérente, assénés par les Torquemada du politiquement correct investis d'une morale totalitariste, rares ont étés à notre connaissance les réponses autres qu'opportunistes.

mardi 16 octobre 2012

Aveyron Croatie...à Villefranche (suite)

J'ai donc animé le lundi 15 octobre, à l'invitation de l'Université des Savoirs Partagés de Villefranche de Rouergue, une soirée autour de mon livre "Aveyron Croatie, la nuit" et de la révolte de 1943.
Très bonne soirée, animée par Bernard Lauriac, une trentaine de personnes attentives et un échange intéressant en suivant, à propos de la révolte mais aussi autour du livre...
Merci à l'USP.

jeudi 4 octobre 2012

Aveyron Croatie... à Villefranche le 15 octobre

A l'invitation de l'Université des Savoirs Partagés de Villefranche, j'animerai autour de mon livre une conférence :

                        "Aveyron Croatie, la nuit : la révolte de 1943"
                                     Lundi 15 octobre à 18 heures
                                                    à l'Univers

L'occasion de nous y rencontrer ?

lundi 24 septembre 2012

R. Millet, J. Daniel et l'horreur

Bonne chronique de Jean Daniel, dans le NO du 20 septembre, au cœur de son (excellent) éditorial, à propos de "l'affaire" Millet.
Même s'il est obligé de souscrire à une relative solidarité éditoriale, J. Daniel affirme "ne pas être toujours du côté des procureurs", et surtout présente les positions de Richard Millet avec une certaine subtilité et leur applique une analyse étayée. Certes il est en désaccord, et ramener le livre de RM à une fascination pour l'horreur est sans doute un peu réducteur, mais la concession qu'il fait sur les effets d'un multiculturalisme mal préparé est courageuse, et rare dans cet hebdomadaire.
Quoi qu'il en soit, il est agréable d'entendre un son intelligent dans le tumulte ambiant, où il apparait chaque jour davantage que les contempteurs de Millet ne l'ont ou bien jamais lu, ou bien jamais compris. Dans les deux cas, la modestie s'imposerait.

mardi 11 septembre 2012

Millet-Le Clézio, le sabre ou le goupillon

Si vous suivez la chose littéraire ou éditoriale, vous n'ignorez rien de la tempête du moment : l'horreur de Richard Millet. Et, désormais, la réponse de JMG Le Clézio.
Celui que je considère (et je suis loin d'être le seul) comme le meilleur écrivain français contemporain (je parle de Millet) s'est fendu d'un "Eloge littéraire d'Anders Breivik" (Ed° PG de Roux) qui, cette fois enfin, fait scandale. Cela faisait quelque temps que RM exacerbait son narcissisme à se présenter comme idéologiquement infréquentable, mais personne ne voulait faire de ce brillant éditeur (deux Goncourt en cinq ans) un écrivain maudit. Alors, horresco referens, il a fait l'éloge de l'indéfendable : bingo ! L'opération marketing est réussie, mais qu'en est-il de l'exigence nécessaire à la validité de toute littérature politique ?
R. Millet a écrit un pamphlet, qu'il présente comme une "provocation à réfléchir et à penser" ; or non seulement on ne tolère guère plus cela, mais Breivik le nazillon aux 76 victimes n'est guère de nature à servir quelque cause humaine que ce soit. Autant les idées de Millet sur la décadence de l'Europe, sur l'islamisation ou sur le multiculturalisme, et quoiqu'on puisse penser de celles-ci, offrent de la matière à débat, autant lier celles-ci à la tuerie d'un abruti sanguinaire n'est guère recevable, et c'est cela qui dérange.
Pour autant, cela c'est sur la forme requise de l'argumentation ; pour ce qui est du fond, et ici il s'agit de littérature, je revendique une fois de plus le droit au pamphlet, comme expression hors normes du débat d'idée, sans que les prétoires viennent décider de qui est libre et qui ne l'est pas.
Mais voilà que dans le N.O. de ce 6 septembre, c'est JMG Le Clézio, excusez du peu, qui vient dire ce qu'il faut penser de l'immonde.
Je n'ai jamais beaucoup aimé l'oeuvre de Le Clézio, élégante mais sirupeuse d'un politiquement correct de sacristie protestante. Remarquez, c'est ce qu'il y a de mieux pour obtenir un Nobel de littérature, et il l'a eu. Reste que pour répondre à Millet, il reste égal à lui-même.
RM est certes "plus connu comme éditeur que comme écrivain", JMG est lui, assurément, connu (Lévy ou Musso  aussi...), ce qui lui donne selon lui le droit de contester la liberté d'écrire et de publier ce pamphlet. Rien que ça. Et de s'interroger sur la "corruption de la pensée contemporaine". Et de faire le parallèle avec "l'idéologie nauséabonde" (quelle richesse de vocabulaire) des années 30, et les couplets ordinaires sur l'antisémitisme, l'islamophobie, la chrétienté réactionnaire ... "Tout cela peut devenir une pathologie, comme chez Breisvik", assène t-il doctement. Sauf que celui-ci a été reconnu responsable. Ecrire que "le multiculturalisme est déjà une question caduque", que "les flux migratoires sont à l'origine de la race humaine (la seule race)" ou que l'inter-culturel est l'avenir, ne semble pas exempt de fainéantise intellectuelle.
Certes, il dit fort justement, dans l'inévitable parallèle avec Céline (quelle richesse de réflexion) qu'il ne suffit pas d'être provocateur pour avoir du génie. Mais suffit-il, en l'occurrence, de tartiner avec les idées consensuelles, les images ou les émotions à la mode pour être un grand écrivain ? Une fois sa leçon de morale achevée, JMG est-il sûr que son succès ne doive rien à certaines formes de corruption de la pensée contemporaine ?

mercredi 29 août 2012

Culture et Occupation(s)

Parmi mes lectures estivales, j'ai pu apprécier le livre d'Alan Riding "Et la fête continue" (Plon), sous-titré "La vie culturelle sous l'Occupation".
L'auteur est américain ; il ne s'embarrasse donc pas toujours de subtilité, mais son travail d'historien se trouve libéré de ces travers français qui, bien souvent encore, évoquent la période en notions de Bien et de Mal, ou plutôt de bons et méchants, selon le camp où l'on se situe (ou celui qui nourrit le mieux). Alan Riding n'est pas Dan Franck.
Du coup, le livre échappe au manichéisme résistants/collabos, bien commode pour une épuration mais pervers pour le raisonnement. Car il y eut beaucoup moins de résistants que recensés, bien moins de collaborateurs aussi. On ne manqua pas en revanche d'attentistes, plus ou moins prudents, plus ou moins opportunistes.
Les vrais résistants sont connus, les vrais collabos aussi. Et parmi ceux qui s'érigèrent une statue à la Libération, dont certains entretiennent encore la flamme, il y eut de nombreuses icônes (Sartre, Beauvoir, Aragon, Duras...) dont les publications n'avaient pas cessé malgré la botte, ne faisant ainsi ni mieux ni pire que nombre de leurs collègues (et rivaux) qu'ils se dépêchèrent d'envoyer en prison.
On l'aura compris, on retrouvera là la trame d'"Aveyron croatie, la nuit", sur la relativité des engagements en période de vérité, avant que l'Histoire ne dise le Bien et le Mal et ne décerne les médailles...

mercredi 8 août 2012

Le chant de Magnan

Mes lectures estivales ont rencontré "Elégie pour Laviolette", le dernier ouvrage paru de Pierre Magnan, disparu en avril dernier.
Ce livre ranime et clôt la célèbre série du commissaire Laviolette, et il s'inscrit bien dans la lignée : imagination foutraque, canaillerie, suspense, invraisemblance, enquête de "proximité"... et enracinement bas-alpin. Tout bon polar se doit d'évoquer une nature humaine ou sociale. Comparé à d'autres auteur(e)s à la mode, Magnan atteint dans sa sobriété une vraie profondeur.
Car si Pierre Magnan connut le succès grâce à Laviolette, il est aussi, et avant tout même, l'auteur de "L'aube insolite" ou de "Un grison d'Arcadie"... Il y a dans l'oeuvre de ce disciple de Giono une dimension rare et exigeante.
Rare mais désuète, et commercialement hors piste. Alors le succès vint du policier régionaliste. Il fallut tout le talent de Magnan pour conserver une grandeur à ses livres "grand public", grandeur que la télévision fut bien incapable de saisir lorsqu'elle les porta à l'écran.
Mais ceux qui connaissent cette oeuvre savent son talent. Il était grand.

mardi 31 juillet 2012

Rencontres en Juillet

Deux évènements ont confirmé le succès d'Aveyron Croatie, la nuit et de Passeport pour le Pays de Cocagne.
Le Salon du Livre de La Fouillade (12) qui s'est tenu les 21 et 22 Juillet a une fois encore connu une belle affluence ; sur ces terres rouergates, Aveyron Croatie, la nuit a battu un record de ventes, même si ceux qui ont eu vent de la révolte de 1943 sont de plus en plus rares.
Plus modeste, l'exposition "Monteils un autre regard" (82) a pour sa première édition attiré un nombre respectable d'amateurs d'art sous différentes formes. Là aussi, Aveyron Croatie, la nuit a connu un beau succès. Quant au Passeport pour le Pays de Cocagne, il a reçu un accueil enthousiaste, la présence des deux signataires n'y étant sans doute pas étrangère...
Ce furent donc deux moments de rencontre très sympathiques et très encourageantes, démontrant que si le livre est de moins en moins souvent un achat d'impulsion, il garde tout son intérêt lorsqu'une rencontre avec l'auteur, par exemple, le ramène dans le champ littéraire.

lundi 16 juillet 2012

Passeport pour Monteils, un autre regard...

Du 20 au 29 Juillet 2012, la petite commune de Monteils dans le Tarn et Garonne (près de Caussade) organise une exposition multi-artistique, autour des thèmes peinture, photo, écriture, danse, céramique..., soit:
         - Monique Ghiretti, peintre non figuratif
         - Michel Poux, écrivain
         - Héloïse Quercy, céramiques
         - Monique Ferrero, peintre contemporain abstrait
         - Anne Marie Rantet-Poux, photographe
         - Annick Lafontaine, danse
         - Monique Vidal, peintre
         - Michel de Grande, pastelliste
         - Cécile Zygalski, photographe de l'imaginaire...
Vous aurez noté la présence des deux signataires du "Passeport pour le Pays de Cocagne", votre serviteur et AM Rantet-Poux.
Si vous trainez par là, passez dire bonjour !
Renseignements 05 63 93 13 39.

mardi 3 juillet 2012

Torpeur festivale

Peut-être les "hasards de l'actualité", comme disent les journalistes, offriront-ils quelque évènement (catastrophe, accident, attentat, viol, disparition...) qui viendra rompre la "torpeur estivale" (comme écrivent les mêmes journalistes), mais il semble bien que l'été soit là.
Il y aura bien cet après-midi le discours de politique générale du premier ministre, mais l'exercice semble convenu : le réel qui revient ne dira jamais son nom.
Certes le Tour de France, puis les JO, meubleront le temps qui ronronne.
Heureusement on verra fleurir, dans le moindre village doté d'un statut de sous-chef lieu de canton, des festivals, salons, concerts, rencontres, plages, nuits, etc... L'honorable y côtoie souvent le pire.
Dans les régions un tant soit peu touristiques, il y a longtemps que l'actualité estivale déborde de fêtes des moissons, de la lavande, des fruits, d'intervilles ou de courses de carrioles. On savait que le tourisme amènerait les indigènes à devenir ce que les touristes attendent, bien souvent des images du XIXème siècle ou du ludique intellectuellement accessible ; on n'imaginait pas les trésors de créativité et d'imbécilité qui se couvaient là.
Pour le reste, Philippe Muray a bien analysé la chose avec son concept d'homo festivus. J'y reviendrai.
Oui, bon, finalement, après tout, le Tour et les JO...
"Ce devant quoi une société se prosterne nous dit ce qu'elle est."

mercredi 13 juin 2012

Actualités Pays de Cocagne

J'aurai l'honneur et le plaisir de dédicacer, en compagnie de Anne-Marie Rantet-Poux, photographe, la nouvelle parution "Passeport pour le Pays de Cocagne" (Elytis, 98 pages, 9 euros) :

           Samedi 16 Juin, à partir de 9 heures : Maison de la Presse à Caussade (82)

           Samedi 16 Juin à partir de 14 heures : Cultura Labège (31)

D'autres évènements sont d'ores et déjà programmés...

Peut-être à bientôt ?

lundi 28 mai 2012

Pour Zemmour, hélas...

Je ne trierai pas chez Eric Zemmour ce qui relève du débat ou ce qui relève de la polémique, des idées ou de la provocation intéressée.
Je n'aime pas ses idées, mais j'entends ses propos, et je n'aime pas sa carrière de clown médiatique : ce qui connaissent EZ savent qu'il vaut mieux que ces postures surjouées.
Mais je n'aime pas non plus  cette police de la pensée qui veut faire taire tout ce qui lui déplait, ou plutôt qui ne va pas dans le sens de ses intérêts. Et je ne peux que soutenir Zemmour quand il dénonce les professionnels appointés de l'indignation subventionnée.
Je réclame simplement le droit au pamphlet, le droit du bouffon ; comme pour D. Porte (que j'aime bien) ou S. Guillon (que je n'apprécie pas). Je crois au rôle du pamphlet dans un vrai débat démocratique, souvent sommaire, parfois simpliste mais caractéristique d'une idée. Je crois à la fonction sanitaire du bouffon, rappelant au souverain qui l'a fait roi. Je crois à l'utilité pratique de la caricature. A quand des plaintes au tribunal contre les caricaturistes, quand un puissant trop narcissique s'estimera mal croqué ?
Dans un temps pas si lointain, nous appréhendions la résurgence du totalitarisme, brun forcément ; d'autres le craignaient rouge. Aujourd'hui, je me demande chaque jour un peu plus s'il n'adviendra pas de façon plus insidieuse, puritaine et moralisatrice, porté par ceux qui, parés des grands principes de liberté, veulent faire taire ceux qu'ils estiment moins libertaires qu'eux-mêmes.
Et hélas c'est ainsi qu'ils donnent, doublement, raison à Zemmour...

mardi 15 mai 2012

Contre Jules Ferry

Chaque sacre républicain se place d'emblée sous des symboles, du moins lorsqu'il a des références ou des prétentions intellectuelles. François Hollande a choisi Marie Curie et Jules Ferry.
On se souvient de l'intronisation de F. Mitterrand, célébrant au Panthéon trois figures consensuelles, Jean Jaurès pour la gauche, Jean Moulin pour la France et Victor Schoelcher pour la civilisation. On peut ne pas aimer le consensus et reconnaitre ces forces de l'esprit.
F. Hollande en réfère à Marie Curie, femme, immigrée et qui a donné deux Nobel à la France. Très beau symbole, et même si le message est un peu trop politicien pour être grand il demeure chargé de sens.
Reste Jules Ferry, et avec lui ma première amertume de ce quinquennat... L'inventeur de l'école publique, gratuite et obligatoire était sans doute animé de bonnes intentions, comme celle de civiliser les "races inférieures" des colonies... Le président a pris quelques distances à ce sujet, et pour ma part je considère que le traiter de raciste ou de colonisateur un siècle et demi plus tard n'est qu'une ineptie inutile ou intéressée.
Par contre il est celui qui a tenu à éradiquer les langues régionales, au nom d'une école qui ne pouvait que devenir monolithique, massifiée, arbitraire et bourreuse de crâne. Il est l'archétype jacobin qui nous interdisait de cracher par terre et de parler patois. Il a ainsi massacré nombre de cultures et un patrimoine (plus considéré à l'étranger que dans l'hexagone) qui nous serait sans bien utile aujourd'hui et demain, mais il a encore des soutiens militants du côté de la rue de Solférino, sans compter Papa Gaino considèrant que quand on aime la France on ne ratifie pas la Charte européennes des langues régionales....
Les bonnes intentions serviront-elles un jour à autre chose qu'à paver l'enfer ? J'en doute, et en attendant notre symbole célébré demeure juste le trait d'union entre les guerres de Vendée et le paradis des travailleurs.

mercredi 9 mai 2012

Ite missa est...

Voilà, la messe est dite. Les présidentielles ont vécu, les législatives vont s'ensuivre. Puis le réel refera surface.
Que retenir de cette soirée ? J'ai le souvenir de la Bastille en 1981, et je n'ai rien retrouvé de l'émotion de ce soir là...
Je m'en tiendrai donc à quelques images, glanées ici ou là...
Une avant-soirée ubuesque, quand les commentateurs s'efforçaient de faire croire à un suspens que derrière eux les images anéantissaient...
Beaucoup de drapeaux sur cette place de la Bastille, qui font parler. Je ne retiendrai que l'oriflamme occitan qui flamboyait.
Des notes d'accordéon, dans la capitale française de celui-ci. Sous d'autres étiquettes on les eut jugées maurassiennes ; là elles apparurent populaires et enracinées. Plouc et ringard, selon certains, sans doute nostalgique du Fouquet's et des Rollex, à moins qu'il ne s'agisse de forcenés de la modernité à venir.
Des meutes de journalistes ont découvert la province. Les clichés ont fusé.
Et maintenant ? attendons-nous à quelques cadeaux corporatistes, à quelques alliances nauséabondes, à quelques surenchères populistes.
Allez en paix. La campagne continue.

jeudi 3 mai 2012

Moche caviar

L'évènement de ce jour serait, parait-il, le débat entre postulants à la magistrature dite suprême... Gageons que l'on n'y parlera guère de culture.
Tout esprit sain, c'est-à-dire qui n'a pas cru lesdits candidats, sait bien que l'état de ce pays a renvoyé tout débat sur la culture dans les abysses des priorités. Que le temps est loin où l'on visait 1% du Budget. Que l'heure n'est plus de choisir entre Paris ou la province, entre le patrimoine ou la création... quand un internet gratuit et intersidéral arrive comme point d'orgue de la société de consommation.
Des choses s'imposent d'elles-même, comme la réforme du régime des intermittents, ou celle d'une administration coûteuse et qui ne fait même plus rire. Mais cela n'arrangera pas grand-chose.
On se consolera en saluant la fin d'une ère, celle des Roujon-Macquart, de Roland Barthez ou de Zadig et Voltaire... Ce n'est pas rien.
Nous aurons un nouveau ministre. J'ai établi dans ma carrière assez de profils de poste pour connaitre la complexité de celui relatif à cette fonction, sans compter les critères d'une autre nature, lobbyiste ou communautaire. Mais en lisant les noms qui circulent, l'épouvante me saisit... Entre caciques du PS, chevaux de retour ou avant-garde parisienne autoproclamée, le risque est grand de voir sombrer ce qu'il restait de crédibilité au poste...
En attendant, caviar pour tout le monde.

vendredi 27 avril 2012

Vous reprendrez bien un peu de soufre ?

Le Nouvel Observateur du 26 Avril traite d'un thème en passe de devenir un "marronnier" : "Faut-il tout rééditer des collabos ?".
Loin de moi l'envie de vouloir répondre à la question d'une façon définitive, car celle-ci me semble aussi secondaire que complexe. Parle t-on des hommes? des écrivains ? de l'Histoire ? du pouvoir ? Chacun ayant la tentation de réécrire ladite Histoire, le sujet risque d'être fort biaisé.
On constate le retour en grâce de quelques plumes qui, il y a peu, sentaient le soufre. Mode ? Phénomène de balancier ? Retour d'une objectivité ? Déliquescence idéologique ? Sans doute un peu de tout cela.
Sur un plan littéraire, j'ai eu l'occasion d'écrire sur ce blog l'intérêt que je porte au génie de Céline ; Morand et Brasillach m'impressionnent ; Jouhandeau finit par me lasser ; Chardonne me laisse froid et Drieu me tombe des mains.
Un quart de siècle comme praticien psy m'ont prouvé qu'il ne sert à rien de masquer, et que le retour du refoulé opère toujours. D'autre part, il est des pages talentueuses qu'on gagne à lire... à condition de les trouver. On objectera que des esprits faibles peuvent en faire une mauvaise lecture. Certes, mais ceux-là ont-ils besoin de savoir "lire" (peu le peuvent) pour faire le mal ? Je rappelle au passage que je réside entre Montauban et  Toulouse...
On comprendra que je suis favorable à ces rééditions, et ce sans illusion ni naïveté, simplement parce que cela a été.
Mais aujourd'hui, pour répondre à la question de l'intérêt de ces livres, la balle est dans le camp des juristes... Après tout, beaucoup veulent que l'Etat rédige les livres d'histoire, et on a fait des lois mémorielles pour cela. Pourquoi alors le droit ne déciderait-il pas de la valeur d'une oeuvre et de l'intérêt de la rééditer ? Intérêt semble d'ailleurs le terme qui convient... Nos grands éditeurs se pincent ostensiblement le nez, tout en préparant la publication des trésors qui finissent d'affiner dans les tiroirs. On apprécie le risque face à un tribunal,  on pèse ce qui peut s'avérer coûteux, on évalue combien a contrario une polémique pourrait rapporter...
Dans ce bal des faux-culs, on se demande ce que les sulfureux impétrants évoqués plus haut auraient pu écrire. Et on n'aura qu'un regret, celui de ne pouvoir, justice oblige, appliquer quelques formules céliniennes, par exemple, aux personnages qui entendent gouverner nos esprits.

jeudi 12 avril 2012

Le Pays de Cocagne, enfin !

Non, je ne parle pas des résultats des prochaines élections...
Mais de la parution fin Mai, chez Elytis et dans la collection "Passeport", du "Passeport pour le Pays de Cocagne", co-signé Michel Poux pour les textes et Anne-Marie Rantet-Poux pour les photos.
Des photos du Pays de Cocagne ? Mais oui, et en couleur. Car si le mythe de Cocagne nous accompagne nimbé de l'aura de Pantagruel, il est aussi le fruit d'une histoire que les sudistes français savent bien, celle du pays du pastel, sur les terres du Languedoc historique des comtes de Toulouse... Un siècle d'abondance qui a laissé bien des bijoux architecturaux.
Et c'est ainsi que ce Passeport pour le Pays de Cocagne est sous-titré "De l'âge d'or du pastel au patrimoine d'aujourd'hui"...
Mais nous en reparlerons.

jeudi 5 avril 2012

Elections, monarchie et assassinat

Il arrive que l'actualité, quand le sang et les larmes s'y comptent avec un peu moins d'intensité, devienne une morne plaine. En ce qui me concerne, entre dédicaces '"Aveyron Croatie, la nuit", préparation de "Passeport pour le Pays de Cocagne" et autres manifestations, l'ennui m'épargne. Mais la vacuité du moment me désole.
Je trouve le temps de signaler le dernier livre de Philippe Grimbert "Freud au quotidien" (Grasset), où son témoignage de psychanalyste freudien fait plaisir à lire, en réponse à tous les "Livre noir de la psychanalyse" et autres... Il rive son clou à Michel Onfray. Mais pourquoi parler de M. Onfray ?
C'est donc l'actualité politique ou plutôt électorale qui tient le haut (?) du pavé. J'entamais mon propos en évoquant une image de morne plaine, ce qui me fait penser à Waterloo. Et Waterloo me fait penser à Sthendal, dont on connait la formule : "Le meilleur régime politique est la monarchie absolue tempérée par l'assassinat"...Un programme qui finira par en valoir bien d'autres !

mardi 13 mars 2012

Aveyron Croatie, la nuit : quelques dates

Première information, qui n'a rien à voir : mon prochain titre (avec Anne-Marie Rantet-Poux pour les photos) paraitra chez Elytis le ... 31 Mai. Vous en saurez bientôt davantage.
En attendant, Aveyron Croatie, la nuit occupe largement l'auteur de ces lignes, qui en poursuit la promotion.
Vous pourrez ainsi me retrouver près de Villefranche de Rouergue, les 21 et 22 Juillet, au salon du livre de Lafouillade.
Notez également la prochaine séance de dédicace sur TOULOUSE :
                                  
                                                         Samedi 28 Avril
                                                      à partir de 14 heures
                                                       CULTURA Labège

jeudi 8 mars 2012

Droits et coups tordus

Tout le monde connait les problèmes rencontrés, dans l'industrie musicale notamment, par les auteurs et leurs droits.
Chacun sait que les évolutions technologiques rendent très aléatoires les différentes protections envisagées, hadopitreries de toute nature.
Nul n'ignore la perversité qui anime certains, derrière la dénonciation de profits ou le droit à la culture.
Mais cette fois, c'est la littérature qui offre une illustration sidérante de tartufferie d'un mépris de l'auteur, au profit d'une curieuse morale consumériste, sonnante et trébuchante.
La Bibliothèque nationale de France numérise, entre autres, de nombreux livres anciens ou épuisés, avant de céder les droits numériques des oeuvres à une de ces sociétés officielles qui régissent l'exploitation desdites oeuvres. Certes les ayant-droits ont 6 mois pour s'opposer, s'ils sont au courant. Sachant que peu le sauront, et que généralement les éditeurs initiaux ont disparu depuis longtemps, on comprendra qu'il s'agit là d'une somptueuse captation de propriété, qui profitera à quelques éditeurs contemporains et à quelques administrateurs. Le tout, bien sûr, au nom de la diffusion de la culture.
Derrière les copinages connus et les gros sous, on notera sans rire que l'origine de la manip vient des mêmes... qui ont voté la loi Hadopi au nom de la défense des auteurs ! On pourra regretter que tout cela se fasse avec les moyens de services publics pourtant prompts à donner des leçons de morale.
Mais, surtout, quelle est cette époque où l'auteur et ses droits doivent s'effacer derrière le consommateur et les siens ? Magnifique inversion des mérites ! Des crépuscules s'annoncent...

mercredi 22 février 2012

Tillinac, hussard sur le Toi

D. Tillinac est trop agaçant pour que cela n'illustre un certain talent. On connait son côté ronchon, provincial réac ou post-adolescent rebelle à ses contemporains. Son ouvrage à paraitre (Considérations inactuelles, Plon) se veut une lettre aux jeunes d'aujourd'hui.
Certes, il est surprenant de voir D. T. jouer les grand-pères, lui dont la maturité est demeurée très épidermique. Certes, il n'y a parfois rien d'exceptionnel dans certains propos, banalement de droite, anti-Mai 68, anti-psychanalyse, anti-contre-culture, contre les "utopies fanées et infantiles, recyclées en un mélange peu ragoûtant d'hédonisme, de scepticisme et de cynisme". Encore est-il sans doute utile de le dire, même en enveloppant le tout dans un "politiquement correct" bien commode à fustiger.
Certes, ses coups de gueule fleurent souvent une amertume triste d'enfant désabusé. Mais le bougre sait écrire, et sa plume d'une élégante rugosité tranche avec l'époque ; et son discours porte une générosité devenu rare. Si quelques injonctions sonnent parfois comme des slogans : "Sois inactuel et n'écoute personne", "Sois le condottiere de tes désirs, pas leur délégué syndical", ou l'admirable "Les lendemains qui chantent ne savent que des airs militaires", d'autres valent bénédiction : "Edifie ton intériorité comme on construit une vraie maison de pierre. D'abord les murs et le toit (la frontière). Puis la cave (l'inconscient) et le grenier (la mémoire). L'agencement des pièces est secondaire ; la décoration superfétatoire."
Il reste du hussard chez cet homme là, provincial et réac.

samedi 4 février 2012

Aveyron Croatie, la nuit (suite)

Aveyron Croatie, la nuit poursuit sa route de roman, dont on s'interroge pour savoir s'il est historique ou contemporain. D'un point de vue littéraire, je le revendique comme contemporain ; mais le marketing le préfère peut-être historique... Aussi est-il sorti chez l'Harmattan en "hors collection".
Les deux premiers mois d'existence démontrent un beau succès en librairie, et un réel intérêt international, les consultations de ce blog en témoignent.
De nouvelles séances de dédicace se programment, notamment sur Toulouse.
Et d'autres choses à venir.

vendredi 20 janvier 2012

Re. (Jaurès contre Bourdieu)

Pour continuer sur le sujet précédent (voir "Lire à table"), et toujours sur le NO (courrier du lecteur du 19 Janvier), grâces soient rendues à Mr Joseph Pinard, qui abonde dans mon sens contre la fatalité évoquée par Bourdieu.
"Mais comment se fait-il, conclut Mr Pinard (extraction pauvre, ENS et agrégation d'histoire), que la grande masse formatée par l'école sombre dans la résignation, tandis qu'une petite minorité échappe au conformisme et puisse mettre en cause le système ?"
Mon propos n'est ni de commenter l'intégralité de l'oeuvre de Bourdieu, qui me dépasse largement, ni de commenter les fonctions de l'école, sur laquelle j'aurais beaucoup à dire, mais simplement de stigmatiser un fatalisme pervers derrière lequel s'abritent bien des lâchetés et bien des égoïsmes, individuels ou corporatistes.
Et de découvrir au passage cette phrase de Jaurès : "L'histoire ne dispensera jamais les hommes de la vaillance et de la noblesse individuelle".

mardi 10 janvier 2012

Lire à table

Le dossier du Nouvel-Obs du 5 janvier sur l'enfance est un marronnier de campagne électorale, où le lecteur apprécie parait-il l'exposition de l'intimité des candidats, exposition d'ailleurs parfaitement calibrée. Il est pourtant un article qui m'a touché, celui sur l'enfance de François Bayrou. Je partage avec celui-ci à la fois de modestes origines paysannes occitanes et le goût des lettres, ce qui n'a rien d'automatique. FB évoque comment chez ces petits agriculteurs qui lui ont donné le goût de la lecture on lisait à table. Personnellement, j'entends encore les récriminations de ma mère, aussi récurrentes qu'inefficaces : "on ne lit pas à table !" Je n'ai en revanche aucun souvenir d'une injonction pareille de la part de mon père, à qui je pense devoir beaucoup de ma curiosité intellectuelle.
La télévision étant arrivée relativement tard dans ces milieux, ceci explique peut-être cela. Mais dans les deux familles, on savait la rudesse des travaux des champs, et le peu de temps libre était celui des repas. Encore fallait-il qu'il y ait envie de certaines nourritures... Et n'en déplaise à Bourdieu, autre béarnais, le déterminisme social n'est peut-être pas une fatalité.

vendredi 6 janvier 2012

2012, année du blues ?

Qu'est-il possible de se souhaiter, de sincère, d'original et de sensé, en ce nouvel an ?
Certes, bien sûr, des voeux de santé, de sérénité, voire de prospérité si l'on est optimiste, et tout cela n'est pas rien.
Cette année 2012 sera électorale ou ne sera pas, mais on voit bien là que depuis Malraux le temps a passé et avec lui la hauteur de pensée... Et on du mal à croire à une alternative probante.
Alors modestement je souhaiterai qu'un peu de culture revienne habiller les divers sommets de l'Etat, et avec elle le sens de l'Histoire, des arts et des hommes. Culture qu'il est inutile de mettre en maisons ou en administrations.
En attendant, bonne année à tous, et que 2012 vous soit, comme pour moi, une année de... cocagne !