mercredi 29 août 2012

Culture et Occupation(s)

Parmi mes lectures estivales, j'ai pu apprécier le livre d'Alan Riding "Et la fête continue" (Plon), sous-titré "La vie culturelle sous l'Occupation".
L'auteur est américain ; il ne s'embarrasse donc pas toujours de subtilité, mais son travail d'historien se trouve libéré de ces travers français qui, bien souvent encore, évoquent la période en notions de Bien et de Mal, ou plutôt de bons et méchants, selon le camp où l'on se situe (ou celui qui nourrit le mieux). Alan Riding n'est pas Dan Franck.
Du coup, le livre échappe au manichéisme résistants/collabos, bien commode pour une épuration mais pervers pour le raisonnement. Car il y eut beaucoup moins de résistants que recensés, bien moins de collaborateurs aussi. On ne manqua pas en revanche d'attentistes, plus ou moins prudents, plus ou moins opportunistes.
Les vrais résistants sont connus, les vrais collabos aussi. Et parmi ceux qui s'érigèrent une statue à la Libération, dont certains entretiennent encore la flamme, il y eut de nombreuses icônes (Sartre, Beauvoir, Aragon, Duras...) dont les publications n'avaient pas cessé malgré la botte, ne faisant ainsi ni mieux ni pire que nombre de leurs collègues (et rivaux) qu'ils se dépêchèrent d'envoyer en prison.
On l'aura compris, on retrouvera là la trame d'"Aveyron croatie, la nuit", sur la relativité des engagements en période de vérité, avant que l'Histoire ne dise le Bien et le Mal et ne décerne les médailles...

mercredi 8 août 2012

Le chant de Magnan

Mes lectures estivales ont rencontré "Elégie pour Laviolette", le dernier ouvrage paru de Pierre Magnan, disparu en avril dernier.
Ce livre ranime et clôt la célèbre série du commissaire Laviolette, et il s'inscrit bien dans la lignée : imagination foutraque, canaillerie, suspense, invraisemblance, enquête de "proximité"... et enracinement bas-alpin. Tout bon polar se doit d'évoquer une nature humaine ou sociale. Comparé à d'autres auteur(e)s à la mode, Magnan atteint dans sa sobriété une vraie profondeur.
Car si Pierre Magnan connut le succès grâce à Laviolette, il est aussi, et avant tout même, l'auteur de "L'aube insolite" ou de "Un grison d'Arcadie"... Il y a dans l'oeuvre de ce disciple de Giono une dimension rare et exigeante.
Rare mais désuète, et commercialement hors piste. Alors le succès vint du policier régionaliste. Il fallut tout le talent de Magnan pour conserver une grandeur à ses livres "grand public", grandeur que la télévision fut bien incapable de saisir lorsqu'elle les porta à l'écran.
Mais ceux qui connaissent cette oeuvre savent son talent. Il était grand.