mercredi 9 janvier 2013

Contribution(s)

Bien, nous voici donc au 9 Janvier, et je vous laisse le choix de mon propos :
- premier choix, je vous présente mes voeux : comme tout le monde, je vous souhaiterez que tombe sur vous tout ce qu'un contemporain peut espérer, et je terminerai par le traditionnel "et surtout la santé". Dans ce cas, tapez 1 à côté du clavier.
- deuxième choix, nous évoquons Gérard Depardieu. Non pas que le carnaval qu'il nous offre mérite grande considération, mais le panache de GD a conservé quelque chose de Cyrano. Vouloir alléger ses impôts en s'écartant de son pays me parait sans doute assez trivial, voire critiquable, et faire l'éloge de Poutine ne vaut pas davantage, mais vouloir tranformer notre héros en petit margoulin m'agace un peu... Voilà un homme, fils d'analphabète, qui a quitté l'école à 14 ans (oui l'école, notre belle éducation nationale que le monde entier est sensé nous envier), qui a assez d'humanité pour éviter la délinquance, qui accède tout seul à une certaine forme de génie, dont la formation supérieure ne coûte pas un centime au pays, et qui rapporte en devises audit pays bien plus que lui-même n'économisera d'impôts jusqu'à la fin de ses jours, voilà donc l'homme que l'on cloue au pilori de la bien-pensance fiscalo-citoyenne... On entend même un ministre asséner que sans la politique publique en faveur du cinéma français Depardieu ne serait rien : comme quoi une connerie, même de gauche, reste bien une connerie...
On feint de croire que les motivations de GD sont purement fiscales ; je me permets le sentiment personnel que GD est moins cynique que désabusé... Infliger une morale de "solidarité" à un autodidacte qui s'en est sorti seul mérite un minimum de pudeur. J'avais écrit dans La branloire pérenne (Elytis 2002) sur "les leçons de vertu données par des impuissants...". Il m'arrive souvent d'être fier de la formule. Car si tous ceux qui veulent la peau de Depardieu avaient prouvé leur efficacité, la France n'en serait sans doute pas ni endettée à 91% du PIB, ni à ponctionner à 75% ceux qui réussissent, quand les pays voisins déroulent le tapis rouge. N'aimeront-on les modestes qu'à la condition qu'il le restent?
Que ceux, qu'on a connu mieux inspirés, qui ricanent grassement sur le physique de l'acteur (procédé qu'on croyait traditionnellement réservé à l'extrême droite) se souviennent des oeuvres théâtrales  de Depardieu. La culture française y a davantage gagné qu'à travers les éditos de Libé.
Sur ce, meilleurs voeux à vous tous.