mercredi 27 mai 2015

"Pseudo-intellectuels" contre vrais démagos

Il n'est pas rare que l'on se gausse des "pseudo-intellectuels", supposés brouillés avec le réel et planant en coupant les cheveux en quatre, quand ils n'attentent pas à la vertu des mouches. Mais c'est en général dans des émissions de la télé-réalité, ou chez ces gros médias qui dégagent du temps de cerveau disponible pour le marché, auquel on soumet la plèbe besogneuse et inculte...
Las, cette fois c'est un ministre qui ne recule pas devant cette facilité, et non des moindres : celui de l'Education ! Le mépris de la pensée s'affiche là où on l'attendait le moins... Non que Najat Vallaud-Belkhacem nous soit jamais apparue comme le porte-parole de l'excellence, mais là on aurait pu espérer qu'elle respecte le titre dont on l'a parée.
C'est donc une des icônes du politiquement correct qui, pour défendre une réforme qui ne convainc personne, traite de "pseudo-intellectuels" des penseurs comme Nora, Debray, Fumaroli, Finkelkraut, Julliard et d'autres...
Ces intellos, à des degrés divers, accusaient sa réforme de faire peu ou prou l'éloge de la médiocrité : ce n'était assurément pas la meilleure façon de leur répondre.

lundi 18 mai 2015

Le Jourde & Naulleau, ou la rançon du succès

Je me suis récemment offert le dernier Jourde & Naulleau (Chifflet & Cie), dans une version "augmentée et aggravée de leur pastiche du Lagarde et Michard", lit-on sur la 4ème de couverture.
Cette entreprise de démolition d'écrivaillons contemporains sans talent doit certes être considérée comme un pamphlet, avec ce que cela suppose de férocité, d'approximation injuste et de mauvaise foi ; sans doute est-on pour une part dans la caricature, mais il n'existe de caricature qu'empreinte de vérité.
Egratigner la vacuité de certains succès contemporains (ou comptant pour rien, selon la formule) n'est pas une fin en soi, mais l'ouvrage de Jourde et Naulleau se révèle à la fois instructif (fâcheries en ville, haines ou copinages, négritudes...) et jouissif, ne serait-ce qu'à la lecture des critiques qu'en font les critiques officiellement officiels : rien que pour cela, le J et N est salutaire. On préfèrera l'humour féroce de Naulleau, ou l'académisme plus technique de Jourde, mais l'entreprise est de salubrité publique...
On pourrait plaindre les victimes. Pourtant, ce n'est pas sur des ambulances que tirent J et N : leurs cibles sont des auteurs (?) qui vivent fort bien de la médiocrité littéraire contemporaine. Si le succès (on n'ose écrire la gloire) appelle une rançon, celle-ci se nomme le Jourde & Naulleau !

samedi 9 mai 2015

Ecume de nos jours

D'être très occupé par la "finalisation", comme on dit, d'un projet littéraire en cours n'a point empêché les hasards de mes journées de me conduire devant quelques séquences télévisuelles, parfois accablantes, toujours instructives.
J'ai ainsi pu subir Emmanuel Todd (Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse, Seuil), pour qui être en désaccord avec lui conduit à la conclusion : ou on n'a pas lu son livre, ou bien on est vraiment bête. N'ayant pas lu son livre, je reste serein.
J'ai cependant eu le sentiment, au fil des extraits ou des interviews de l'auteur, d'un propos très laborieux, d'une clarté relative et animé avant tout par le désir : 
1- de prendre le contrepied du discours dominant du 11 janvier, et d'être le premier à le faire.
2- d'embêter le gouvernement.
3- de prouver qu'il est un vrai intellectuel de gauche, ou un intellectuel de la vraie gauche.
On trouve là les trois éléments de marketing incontournables aujourd'hui pour un projet éditorial un peu ambitieux, même pour un atrabilaire comme Todd.
J'ai regardé également Francis Cabrel en pleine promo de son dernier album (In extremis) : normal, exercice obligé. Par contre je l'ai aussi vu errer sur des plateaux de talk-show, passablement égaré, ne sachant où il convenait de rire, à quel degré il fallait comprendre l'humour de cour de récré qui y régnait... c'était sur le service public.
Ainsi donc, même Cabrel est contraint à cela... Misère, misère.