vendredi 30 novembre 2018

Dédicace Montauban 08/12

En cette période de fêtes qui approchent, j'aurai l'occasion de dédicacer mes ouvrages, et notamment ma dernière publication Les Saints des derniers jours (L'Harmattan), le

                                                    Samedi 08 Décembre
                                                  CULTURA Montauban
                                                        de 10 h à 18 h

L'occasion de nous y rencontrer ?

jeudi 15 novembre 2018

Griveaux et Wikipedia

On n'en sort pas : il y a moins d'une semaine, j'évoquais Yvan Rioufol, ses envolées patriotiques et ses fustigations des pacifistes de l'entre deux-guerres. Et voilà qu'aujourd'hui même c'est Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement aux prises avec divers mouvements sociaux plus ou moins spontanés, qui entend faire se rencontrer  pays réel et  pays légal.
On aurait pu croire que cet apparatchik pressé se souvenait tout à coup de la Saône et Loire dont il est originaire et dont il fût l'élu ; on savait qu'il n'aimait pas "les types qui fument des clopes et qui roulent au diesel", ou qui roulent des clopes et fument du diesel, on ne sait plus, mais on pouvait imaginer qu'il avait enfin ouvert les yeux sur cette France de la fin 2018. Reconnaissons, sans être nullement maurrassien, que cette distinction entre pays légal et pays réel devient de plus en plus lancinante et, hélas, facile à évoquer pour certains... Et donc qu'emprunter ainsi ce concept de Maurras, même à des fins politiciennes, pouvait nourrir le débat.
Patatras ! Benjamin Griveaux argumente son propos en attribuant ce concept à... Marc Bloch ! Bloch, juif, résistant et fusillé par la Gestapo semblait difficile à confondre avec l'antisémite et collaborateur Maurras. Sauf peut-être pour un de ces "conseillers", communicants avant tout et à l'affût d'émotions, qui peuplent les cabinets ministériels. Lequel d'entre eux s'est pris les pieds dans le tapis et s'est emmêlé les wikipédia ? On se souvient encore de Sarkozy, ses Roujon-Macquart et son Roland Barthez...
La Macronie triomphante a fait émerger une classe politique jeune, souvent issue de la société civile et donc susceptible d'apporter des compétences opérationnelles à l'outil politique : a-t-elle pour autant réconcilié ce supposé pays légal et ce prétendu pays réel ? Au vu de l'actualité, rien n'est moins sûr.
Sous Hollande, un homme politique avait, hors micro et sous couvert d'anonymat, affirmé que le niveau culturel des ministres de ce temps était celui des attachés parlementaires du début de l'ère Mitterrand. Quelque chose me dit que cela ne s'arrange pas...

samedi 10 novembre 2018

Rioufol, le poilu ou comment s'en servir...

Le contexte historique de mes derniers romans, d'Aveyron Croatie, la nuit à Les Saints des derniers jours m'a amené à m'intéresser à l'histoire de l'extrême-droite, ou de la droite extrême, y compris contemporaine, pour la connaitre et essayer de la comprendre voire de s'y opposer. Vous connaissez peut-être Yvan Rioufol, ci-devant chroniqueur au Figaro et sur quelques chaines de télévision, et généralement connu comme pourfendeur de "l'islamo-gauchisme" et de la "bienpensance", critique parfois perspicace mais souvent paranoïde et aux accents de plus en plus belliqueux.
C'est ce ton martial qui anime son Bloc-notes du Figaro du 09 Novembre, dans un billet intitulé "Le poilu ou comment s'en débarrasser" où il affirme sans rire (d'ailleurs ne doit-il pas rire souvent) que "Le poilu faisait la guerre à un envahisseur. Il se battait pour protéger sa patrie, ses frontières. Il voulait chasser l'indésirable. Le soldat était prêt à se faire tuer au nom de l'honneur, de la grandeur, du courage. Il croyait en la force des armes."
Rioufol ose beaucoup, c'est même à cela qu'on le reconnait parfois. Ses proclamations déroulèdiennes sont d'autant plus confortables que la der des der n'est désormais qu'un lointain épisode de l'histoire de France, affranchi de l'émotionnel et qu'on peut façonner comme une pâte à modeler, à des fins d'argumentations plus contemporaines et plus spécieuses. Mais on a envie de demander à YR s'il a lu Genevoix, Dorgelès, Barbusse,... ? Qu'il parcoure par exemple "Les carnets de guerre du caporal Barthas, tonnelier" ; et il comprendra que, même dans les hystéries et les aliénations propres aux guerres, bien des poilus avaient une perception très distanciée de l'envahisseur, eux qui, souvent ruraux et à ce titre désignés comme chair à canon, ne connaissaient comme frontière que celle où la langue changeait, d'oc en oil par exemple (la grande Guerre sera après J. Ferry le grand vecteur d'uniformisation linguistique jacobine...) ; et ils ne doutaient pas que l'indésirable aurait de son côté préféré lui aussi rester chez lui. Le poilu, Monsieur Rioufol, ne faisait la guerre que parce qu'il avait été mobilisé...
Notre chroniqueur en profite pour fustiger, sans originalité, les "pacifistes de l'entre-deux guerres" : il se trouve que mon dernier roman, Les Saints des derniers jours, repose sur ce thème du pacifisme et de l'engagement, dans lequel Giono joue un rôle majeur, lui qui préférait être "un allemand vivant qu'un français mort". On peut discuter de son choix mais on notera quand même que, contrairement à Monsieur Rioufol, lui avait connu l'enfer des tranchées et pouvait s'en souvenir.
L'article d'YR plaira sans doute à quelques crânes rasés dont le niveau de culture est inversement proportionnel au niveau de frustration, et qui sauront bien trouver dans l'actualité quelque envahisseur ou quelque indésirable à affronter. Pour ma part, je relaterai juste une histoire de poilu malchanceux, celle de Casimir Farjounel, né dans le même village que moi ; mobilisé, il eût en 1915 le malheur avec quelques camarades de sauter sur trois soutes de munitions allemandes : miraculeusement survivants mais complètement hébétés, ces soldats errent sur le champ de bataille où ils tombent sur un officier, peut-être un ancêtre de Monsieur Rioufol, qui les arrête pour désertion. Farjounel et deux autres soldats seront fusillés.
Casimir Farjounel sera réhabilité douze ans plus tard. Et c'est en 2014 que sa commune inscrira son nom sur le monument au morts. Mort pour la France, y est-il écrit. Mort par la France serait ici plus juste.