jeudi 25 juillet 2019

Festival de La Fouillade (12)

Comme chaque année se tiendra l'excellent Festival du Livre et de la BD de

                                          LA FOUILLADE (Aveyron)
                                                     27/28 Juillet

Ce sera la 22ème édition.
Ce salon, solide référence en matière de BD, reste également un très bon endroit pour les amateurs de littérature. Et, qui plus est, c'est un agréable moment d'accueil, d'affluence, d'ambiance et de complicité...
L'occasion de nous y rencontrer ?

samedi 20 juillet 2019

Gayssot et Avia, Charybde et Scylla

Nul besoin d'avoir franchi le Styx pour savoir que l'Enfer est pavé de bonnes intentions. Déjà en 1990, la loi Gayssot inaugurait la série des lois mémorielles, destinées à  combattre racisme, antisémitisme et xénophobie, tout ça... Louable intention, et même consensuelle à l'exception de quelques fronts bas. Mais s'il y eut une opposition auxdites lois mémorielles, elle vint des historiens, de tout bord et parmi les meilleurs (Nora, Furet, Ozouf, Rémond, Vidal-Naquet, Bédarida, Azéma, Juilliard, Winock, Decaux...) qui considéraient que c'était à la recherche et au débat d'émettre l'Histoire et non aux politiques de déclarer une vérité officielle. 
On aurait dû les écouter. Trente ans après, résultat des courses, le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie n'ont jamais été aussi présents ; et à cela s'est rajouté les diktats de toutes les minorités que ces lois ont encouragé, voire créé : brillant résultat pour la République...
Aujourd'hui tout le monde s'accorde pour contenir la fange qui inonde les réseaux sociaux : louable intention, comme d'habitude. Mais la motivation de combattre la "haine" (?) tient davantage du sentiment que du droit, et c'est bien sûr un premier risque. La mise en oeuvre de la loi transformera les fournisseurs d'accès, les réseaux, les plateformes... en gendarmes du web. Une forme de censure privée, c'est me semble-t-il un deuxième risque. Ce sont donc les algorythmes des GAFA qui vont décréter ce qui peut se dire et s'écrire, et éliminer aussitôt ce qui ne leur agréera pas (et effacer ainsi les preuves, mais c'est un autre problème...). On voit mal un propos au second degré faire rigoler cette intelligence artificielle, pas plus que la mise en contexte ou le clin d'oeil érudit... Iront-ils jusqu'à éradiquer sur You tube les images d'un Desproges, d'un Brassens, d'un Bedos, d'un Brel jonglant avec ce deuxième degré ? Mais bien sûr il nous restera ces phares de la pensée tordante que sont Hanouna ou Debbouze, d'autant plus fédérateurs qu'ils sont d'accès facile...
Perseverare diabolicum, est-il convenu de conclure devant ce constat. Et pendant ce temps, transparence et hygiène mentale obligent, un Robespierrisme moustachu obtient la peau d'un ministre à la vertu contestable mais respectant la légalité, et au surcroît démocratiquement arrivé dans ses fonctions... Mais y voir une manifestation de haine serait hors de propos.
On voit que monde avance, qu'il rassure et qu'il est chaque jour un peu plus moderne.

mardi 16 juillet 2019

LF Céline : y avait longtemps...

Nous en étions resté, début 2018 lorsque le projet de rééditer les pamphlets céliniens avorta, au traditionnel débat Céline-l'homme-et-l'oeuvre. Ces jours-ci, c'est France Culture (Grandes traversées) qui diffuse quelques émissions sur ces pamphlets, comme Libération le relate dans un article daté du 14 juillet. Les émissions semblent sensiblement à charge, refusant de distinguer l'homme et l'écrivain, l'esthète et le politique. Rien de bien nouveau donc, sinon que cette fois certains veulent faire de Céline un théoricien du nazisme, rien de moins. C'est ainsi que l'inénarrable et habituel Fourest proclame : "Céline s'est situé comme un porte-parole d'une vision militante du roman fasciste". Un certain Chapoutot, historien-chroniqueur à Libération, ne le lui cède en rien, qui décrit sans rire "un Céline militant pour Hitler" et exprimant "toutes les idées nazies, avec une force expressive qui n'existe pas dans la littérature nazie." Et d'en rajouter sur l'obsession de l'écroulement de l'homme blanc dans les textes céliniens, dans un parallèle avec Zemmour qui en dit long sur la hauteur de vue dudit Chapoutot. Qui en remet une couche en notant que l'écrivain était un médecin, passionné de médecine... comme les nazis. Si ça c'est pas un signe...
On a justement reproché bien des choses à Céline, outre ses propos ; son pacifisme intégral ramené de la guerre de 14, ses préventions vis-à-vis du Front populaire source de tension quand Hitler serait gage de paix, etc... Mais le voir comme un militant ou un théoricien nazi, ou même lui attribuer un réel rôle politique relève, de la part d'un historien, de la pure fumisterie. L'époque n'était pas encore aux écrivaillons qui croient refaire le monde en passant quelques minutes sur un plateau de chaine d'info. L'antisémitisme en France n'avait que foutre de Céline et se suffisait à lui-même. Ou alors il faudrait aujourd'hui de la même manière faire un procès à tous ceux qui, voilà quarante ou cinquante ans, louèrent les mérites de Pol Pot et quelques autres...
Alors oui il y a à l'heure actuelle un risque Céline car, comme le remarquait justement Serge Klarsfeld, les pamphlets sont "très talentueux, et aucun appareil critique ne tient le coup devant le torrent célinien". Cela étant, les antisémites de maintenant ont largement ce qu'il faut, sur Internet ou dans leurs mosquées, sans avoir recours aux éructations de Bardamu, qui d'ailleurs ne leur conviendrait guère.
J'ai la faiblesse de croire qu'il reste assez de gens intelligents pour distinguer les saloperies de Céline et son oeuvre hors norme : on peut ne rien pardonner à l'auteur des pamphlets et saluer ses livres. Il est curieux de voir comment ceux qui fustigent à juste titre le risque d'amalgame dans certains cas n'ont recours qu'à lui en l'occurrence. Alors on aimerait que plutôt que de produire des pages dans l'air du temps, les contempteurs de Céline fassent preuve d'arguments et non de slogans à la mode, sinon il ne restera bientôt rien à reprocher à Céline, si ce n'est un truisme du genre "c'est pas bien pour le vivre-ensemble". Et c'est bien là le vrai danger, de noyer l'antisémitisme abject d'un génie dans un gloubi-boulga militant...