lundi 17 juin 2024

Les libraires, entre contraintes et déraison...

 On connait les contraintes des libraires, dans un monde de plus en plus impitoyable pour les commerces indépendants et de moins en moins réceptif au livre de manière générale et  à la littérature en particulier. Il était pourtant de bon ton, il y a peu, de claironner l'ouverture de petites librairies de proximité (+ 9% depuis 2018), en oubliant ou en faisant semblant d'oublier que "l'âge d'or du Covid" relevait d'une économie artificielle, quand l'Etat suppléait le client. Alors, inévitablement, le retour du réel est douloureux, voire sanglant. Entre baisse des ventes et hausse des charges, l'effet ciseaux condamne les librairies, surtout les plus petites.

Les projections 2024-2025 du cabinet Xerfi, partenaire du Syndicat de la Librairie Française, sont lourdes de menaces : il faudrait, pour maintenir à flot les échoppes, une hausse des ventes de 5.3% pour les grandes librairies, 5.6% pour les moyennes et 8.2% pour les petites ! Autant dire que personne dans la profession n'y croit, et qu'on parle bien de la disparition pure et simple de nombreux commerces. Fatalement, comme dans toute période de crise, on assiste à un concours Lépine des solutions ; la dernière en date émane du SLF et demande aux éditeurs de produire moins ; on sait que les libraires n'ont pas la place pour promouvoir beaucoup de livres, et en plus ils s'inquiétent pour la planète (axe de com indispensable de nos jours) et réclament donc une "trêve des nouveautés"...

On a beau connaitre les ressorts des corporatismes, et savoir l'immaturité qui pèse souvent sur cette profession, on reste pantois devant le propos. Croire qu'on pourra revivifier le métier et son chiffre d'affaires en planifiant la production relève d'une croyance dans les vertus d'une économie soviétique. Penser que freiner la création en l'encadrant relancera la qualité de celle-ci me parait hélas assez hypothétique, sinon odieux. Le beau métier de libraire est devenu très difficile, les bons y réussissent, les autres viennent, sombrent et revendent. Il faudra encore plus de travail, de capitaux et d'innovations, face à un univers qui n'en fera pas le fameux "commerce essentiel" tant prisé voilà quelques années. On peut comprendre que les professionnels s'essoufflent et qu'il faille les soutenir, mais de grâce que leurs organisations ne disent pas n'importe quoi...

jeudi 6 juin 2024

De Ben à Plus belle la vie...

 C'est à 88 ans que Ben a choisi de partir, ne pouvant survivre au décès brutal de sa femme quelques heures plus tôt. Cette figure de l'Ecole de Nice (César, Arman...) était un artiste post-moderne pour qui tout était art, et l'art devait provoquer un choc. On connait surtout ses sculptures vivantes et ses "écritures", largement promues par des produits dérivés qui ont amusé nos enfants. Son minimalisme accompagnait une recherche et une création exigeantes. On sait moins qu'il a été un des premiers adhérents du Partit Nacionalista Occitan de François Fontan, fondé à Nice en 1959. Si le PNO est resté marginal, Ben a souvent aidé des mouvements régionalistes, comme le Parti Occitan et la fédération Régions et Peuples solidaires. Naturellement, les rares media parisiens qui évoquent cet engagement parlent de "multiculturalisme"...

Cela n'a rien à voir, sinon la concomittance des évènements, mais Radio France a un nouveau PDG : c'est Vincent Meslet, un professionnel qui a du vécu, déjà passé par la Direction des programmes de France Television, où son principal titre de gloire avait été de lancer la série Plus belle la vie. Et depuis 2021, il  était Directeur général de Newen (groupe TF1), société productrice notamment de... Plus belle la vie. Radio France a un nouveau chef, la culture est en marche, l'avenir est radieux.