jeudi 18 juillet 2024

Benoit Duteurtre, bien trop tôt...

 Il était romancier, essayiste, critique d'art, musicologue... On le connaissait aussi pour sa chronique hebdomadaire sur France-Musique, son commentaire du Concert du Nouvel An, ses articles dans Marianne, le Figaro ou ailleurs. Ce descendant de bonne famille (celle de René Coty) un peu dandy, beaucoup mondain aurait du finir à l'Académie française, mais celle-ci lui ferma ses portes par deux fois. Et puis en cette mi-juillet 2024, à 64 ans, il nous a quitté : le coeur avait ses raisons.

Quel que soit le thème de ses écrits, on pouvait ne pas être d'accord avec lui, et cela m'arrivait assez souvent. Mais toujours on pouvait goûter le ton Duteurtre, et son élégance de chaque instant, une étonnante alchimie de nostalgie, d'humour, d'ironie, où l'érudition et l'insolence frappaient juste. Souvent corrosif, parfois cruel, peut-être injuste mais toujours élégant, ce bretteur aux allures de dandy détaché (la marque des gros travailleurs) donnait à ses écrits une altitude et une saveur qui emportait l'adhésion ou a minima incitait au débat.

Etait-ce ce que l'on appelle "l'esprit français" ? Je ne sais pas; toujours est-il qu'en nos temps si modernes où l'Assemblée nationale ressemble souvent à une récréation d'ados mal élevés, où écrire la liste des commissions en y glissant quelques slogans politiques peut vous valoir le Nobel, lire ou écouter Benoit Duteurtre était un moment de grâce. Fugit tempus, disions-nous...

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