mardi 22 avril 2014

Baudis le dernier Comte

Bleu, blanc et rouge aux Invalides, le drapeau couvrant le cercueil de Dominique Baudis s'était, pour les cérémonies de Toulouse, orné d'une croix du Languedoc, la croix occitane. Plus qu'un clin d'oeil à la ville ou à la région, j'y vois une filiation à cet emblème que les comtes Raimond déployèrent de Toulouse à Tripoli, du Languedoc jusqu'au Liban.
On a tout dit sur D. Baudis : modéré, démocrate, humaniste, etc... Il fut sans doute le premier homme politique à maitriser aussi bien sa com', et tous ceux qui l'ont pratiqué savent bien qu'il était tout sauf tendre. Mais nul ne peut mettre en doute son opposition aux extrêmes, ni sa sincérité pour la ville et la région.
Mais il était aussi un des derniers hommes de culture au sein du microcosme. Non seulement par sa connaissance de l'histoire de la cité "mondine", sur laquelle il écrira (Raimond le cathare, La conjuration...) et qui fait de lui le dernier comte mondin, mais également par le regard qu'il portait sur le monde et l'Orient en particulier. Peut-être l'affaire Allègre lui fit-elle regretter d'avoir écrit certaines pages, mais la plume était authentiquement littéraire.
Certes, aux obsèques de célébrités, on pleure avant tout sur soi et le passé enfui. Mais en l'occurence c'est aussi un des derniers hommes politiques cultivés qui s'en est allé...

dimanche 6 avril 2014

Exception, institution, perversion

Les remaniements passent, parfois les ministres, les ministères restent. Ainsi celui de la culture, trop auréolé dans ce pays pour souffrir du retour du réel.
Désireux de tailler un monument à la gloire de Malraux, de Gaulle agglomérat dans un grand "Ministère des Affaires culturelles" les attributions jusque là regroupées au sein du ministère de l'Instruction publique. Peut-être la place qu'avait encore à l'époque la France dans le monde justifiait-elle cette ambition. Puis vint 1981, et qui on sait, et avec lui la version contemporaine et élargie du Ministère de la Culture.
Aujourd'hui, Aurélie Filipetti vient d'être reconduite, malgré un parcours des plus ternes. Mais peu importe qui est l'heureux locataire de la rue de Valois. Il y a désormais des lustres que la place de la France s'est faite plus modeste, que les rapports entre culture et nouvelles générations sont devenues improbables, que les institutions et administrations de ladite culture sont devenues grotesques, de directions en délégations, entre nombrilisme et auto-proclamations. L'Etat ventripotent s'est grimé en vieux beau, dont le pouvoir ne tient plus qu'aux subsides qu'il attribue
A l'heure où les restrictions budgétaires s'annoncent incontournables, on peut craindre que les budgets restants ne servent qu'à nourrir les structures, limitant d'autant les budgets d'investissement et d'actions... Mais comment font donc les autres pays au monde, qui n'ont pas de Ministère de la Culture ?!