jeudi 14 décembre 2017

Johnny Hugo et Victor Hallyday

Il est très possible que vous ne connaissiez pas Aurore Bergé. C'est dommage, mais rassurez-vous, vous vous en remettrez. Celle-ci est une obscure mais ambitieuse députée de 31 ans, qui depuis 2012 a successivement soutenu, dans l'ordre, Fillon, Sarkozy, Juppé, Fillon encore et puis Macron.C'est sans doute cette constance qui lui permet de se revendiquer aujourd'hui membre de la garde rapprochée du Président de la République (qui devrait se méfier...)..
On la savait engagée dans toutes les revendications à la mode, on lui connait désormais une perspicacité et une culture de la même engeance. Dans la série contemporaine "Tout se vaut", et à l'occasion de l'hommage rendu à Johnny Hallyday, la péronnelle a affirmé qu'il était "comparable à ce qu'on avait connu -enfin, ce que la France avait connu- pour Victor Hugo par exemple."
Il s'est trouvé, parait-il, quelques collègues députés pour la remettre à sa place et lui expliquer les différences entre l'auteur des "Misérables et l'interprète de "Ma gueule"... Espérons qu'elle a compris.
En lisant Wikipedia, on découvre que ses parents comédiens ont des références : Papa doublait Stallone, Maman doublait une actrice dans "Amour, gloire et beauté". Mais s'agit-il là de circonstances atténuantes ou aggravantes ?

mardi 12 décembre 2017

D'Ormesson, Modiano, notoriétés

Dans mon dernier billet, j'essayais de discerner ce qui avait permis à Jean d'Ormesson de finir sous les ors d'un hommage national, et la grandeur de l’œuvre n'y tenait pas, à mon sens, la place qu'on lui attribue si volontiers. On m'a objecté, argument imparable, la célébrité de l'homme si connu des français, ce qui coupe court à toute nuance.
Que répondre à cette objection, si ce n'est qu'elle nous renvoie à la case départ ? Jean d'O était-il célèbre auprès du grand public par son image télégénique et télévisuelle de grand-père espiègle, spirituel et bienveillant, ou par son œuvre littéraire ? De la même façon qu'il convient de distinguer l'homme et l’œuvre, il est utile, lorsqu'on se penche sur l'auteur, de faire la part entre l'écho du travail d'écriture et la résonance médiatique de l'auteur-produit.
Depuis pas mal d'années déjà, beaucoup d'éditeurs se montrent plus sensibles à la bio des auteurs qu'à leur production : les arguments pour le marketing prennent le pas sur ceux de la création. C'est ainsi que se bâtissent les notoriétés.
A partir de quel chiffre mesurable est-on objectivement célèbre ? Par ailleurs qui est le plus connu, de d'Ormesson ou de Modiano, par exemple ? Le premier, forcément. L'un s'exposait sur les écrans, jusqu'aux Grosses Têtes. L'autre, dont le talent est reconnu par tous, peinait face aux micros et aux caméras, et se contenta de devenir Prix Nobel de littérature...
Alors saluons la réussite sans barguigner, surtout lorsqu'elle ne s'appuie pas sur la vulgarité, mais sachons raison garder, en même temps que le sens du vrai et du beau.

samedi 9 décembre 2017

Jean d'O, une histoire...

L'hommage a été national, donc Jean d'Ormesson n'était pas n'importe qui. Mais m'est-il permis de dire qu'à sa disparition je ressens davantage de nostalgie que de réelle tristesse ? Il était de ces "marqueurs" qui rythmaient l'actualité depuis plus d'un demi-siècle. On oubliera vite, espérons-le, la patron du Figaro qui censura Ferrat, qui nettoya les syndicats du journal ou qui, envoyé très spécial en Afrique lors de la guerre entre Hutus et Tutsis, écrivit des choses dont on n'ose imaginer ce qu'elles déclencheraient aujourd'hui. Oublions aussi les vacheries, pas toujours très loyales, qui suintaient ça et là. Et reconnaissons à Jean d'O que ce n'était pas en service commandé qu'il donnait le meilleur de lui-même...
D'autre part, pour lui comme pour tant d'autres, séparons l’œuvre de l'homme. L’œuvre a été encensée, pour finir dans un consensus mou comme notre époque les aime. "Pour être académicien il faut être beau", assurait-il. Pour squatter les media aussi, pourrait-on ajouter, et il le faisait avec talent.
Mais venons-en à l’œuvre : je n'en parlerai qu'avec modestie, faute d'avoir jamais pu dépasser la trentaine de pages avant que le livre ne me tombe des mains. Cela ne situe rien de ladite œuvre, mais cela m'aide à comprendre bien des critiques à lui adressées ; les unes venaient de gauche, comme Bernard Franck évoquant un "Mauriac de poche" ou "un débit d'eau tiède". Ou un "Jean Poiret des belles lettres". Les autres venaient de droite, comme celles de Romaric Sangars, dans un pamphlet joliment intitulé "Suffirait-il d'aller gifler Jean d'Ormesson pour arranger un peu la gueule de la littérature française ?" (Editions Pierre-Guillaume de Roux) : "Car qu'incarne Jean d'Ormesson ? Tout compte fait presque rien. Ce qu'il a produit n'est qu'un incessant bavardage dénué du moindre style mais glaviotant avec gourmandise une érudition de surface n'ayant d'autre effet que de se donner un air philosophe et charmant à l'heure du thé, entouré de trois vieilles filles de centre-droit, sans s'apercevoir, ravi de gloussements divers, qu'à l'extérieur le monde s'écroule." Que rajouter ?
On pourra toujours dire que la réussite rend jaloux ; pourtant les thuriféraires du grand homme ont du mal à trouver des arguments forts pour saluer son écriture, autres que l'élégance, le brio, la pudeur, la drôlerie... Ferait-on de la bonne littérature avec de bons sentiments, fussent-ils d'Ancien régime ? Gide a déjà répondu.
Seulement voilà : notre époque étant ce qu'elle est, on ne peut qu'apprécier ce qu'il reste en ce monde d'élégance, de culture, d'humour et de conversation. Et d'Ormesson incarnait un reliquat de cette France du XVIIIème siècle dont chaque Français est peu ou prou orphelin... L'esprit français, en quelque sorte, clame-t-on un peu partout.
Même si la légèreté, la gaieté, l'autodérision ne lui vinrent que sur le tard, c'est ce personnage là qui sera regretté, davantage que l'auteur d'une œuvre dont on ne sait si elle lui survivra bien longtemps. Mais, rien que pour cela, il manquera.

jeudi 30 novembre 2017

Dédicace

J'aurai le plaisir de dédicacer quelques uns de mes ouvrages, dont Mona Lisa ou la clé des champs, Aveyron Croatie, la nuit et bien sûr Le Répountchou qu'es aquo ?

                           Samedi 02 Décembre
                               de 10 h à 18 h
                        CULTURA MONTAUBAN (82)

Peut-être l'occasion de nous y rencontrer ?...

mardi 28 novembre 2017

Nourritures terrestres

J'avais, dans un billet précédent, écrit ce que je pensais de L'ordre du jour d'Eric Vuillard (Actes-sud), prix Goncourt 2017. C'est, malgré quelques tics "contemporains" (à la mode, si vous préférez) un bon Goncourt.
Ma curiosité m'a poussé à essayer de savoir ce qu'en pensaient d'autres lecteurs : Internet est parfait pour cela, et le résultat est parlant. Il est certes difficile de définir ou d'exprimer l'émotion qui résulte d'une lecture, voire même de la capter, mais mes congénères-lecteurs semblent voler plus bas que cette complexité.
D'abord certains ont du mal à discerner l’œuvre et le produit : tel lecteur est content du Goncourt "parce que la livraison a été très rapide". Un autre a bien aimé le livre, mais il le juge "trop cher pour ce format". Certains sont des consommateurs bien formatés : "Un peu décevant pour un Goncourt" ; "Un Goncourt est un gage de qualité". Et sinon ?...
Il y a aussi ceux qui objectivent à leur échelle : "Bien écrit et qui raconte des faits peu connus" : c'est vrai que l'Anschluss et la seconde guerre mondiale sont des faits peu connus du grand public. "Livre très bien documenté et précis", dit un autre, qui pour le coup se contente de peu...
Heureusement, certains propos sont moins lourdingues, quand ils évoquent "Un ovni qui n'est ni écrit, ni  témoignage, ni roman...", une "histoire anecdotique", ou quand ils encensent les 25 premières pages (et en effet ce sont les meilleures)...
Il n'y a dans tout cela rien de bien nouveau. Simplement, là comme ailleurs, le consommateur prend peu à peu le pas sur le sujet critique... Mais sans doute sont-ce là des propos de vieux croûton nostalgique ?

mardi 21 novembre 2017

Goncourt 2017 : vive l'écriture !

J'évoquais récemment, ici même, le dernier Prix Goncourt, "L'ordre du jour", de Eric Vuillard, chez Actes-Sud. On aborde toujours ce genre d'ouvrage primé avec l'a-priori et la défiance vis-à-vis de ce que sont devenus les prix littéraires. Mais cette année, heureuse surprise : le Goncourt est un livre de qualité, qui renoue avec l'exigence de l'écriture et de la littérature.
Rappelons-en le thème : on y assiste à la collusion entre banquiers et industriels allemands des années 30, d'une part, et le nazisme conquérant d'autre part. Thème connu, donc, mais travail littéraire intéressant pour ce qui n'est ni un roman, ni un essai, ni vraiment un récit, ni...
L'auteur se livre à une lecture contemporaine de l'Histoire. D'un point de vue de la présentation historique, rien de particulier à en dire. Quant à la lecture ou l'analyse, forcément datées d'aujourd'hui, elles trouvent leurs limites dans le confort de l'a-postériori (que les choses sont faciles à comprendre et à prévoir après-coup !) et dans un politiquement correct dont on connait le pouvoir banalisant et convenu : tout cela a quelque chose de facile et de vain. Par contre, les deux niveaux -Histoire et commentaire- sont bien distincts, et évitent ainsi la perversité de la manipulation : le commentaire peut être parfois superficiel, il n'y a pas de réécriture de l'Histoire.
L'intérêt de ce livre tient à cette œuvre de réflexion et de commentaire, fût-elle contemporaine et décalée ; l'ouvrage n'a pas, évidemment, le souffle que peuvent avoir les grands romans, et il emprunte un peu aux techniques de cinéma (genre auquel Vuillard s'adonne parfois) mais l'approche est intéressante et le travail d'écriture est remarquable, et d'une qualité que l'on ne trouve plus que rarement chez les best-seller...
Donc on en saura gré, pour cette année, au Jury Goncourt !

lundi 13 novembre 2017

Le Goncourt, l'Histoire, le Marketing et moi

Récemment, un éditeur, au demeurant sympathique et très respectable, éconduisait un mien manuscrit en arguant que les ouvrages relatifs à la deuxième guerre mondiale ne suscitaient, depuis quelque temps, qu'un intérêt fléchissant dans les librairies. J'admettais volontiers l'argument, ne serait-ce que parce que le temps fait son œuvre chaque jour davantage, et que cette période appartiendra bientôt à un passé révolu ou jugé comme tel...
Jusqu'à ce jour du 6 novembre 2017 où les jurés Goncourt décidèrent soit de se tirer une balle dans le pied, soit de faire fi de ce constat de marketing. D'autant que le petit livre élu (à peu près 140 pages sur un demi-format, en gros caractères) ne vaut que 16.00 euros. C'est L'ordre du jour, d'Eric Vuillard (Actes-sud), qui relate la collusion entre industriels, banquiers et nazis au service de l'irrésistible ascension d'A. Hitler. Quant au prix Renaudot, décerné par la même institution, il va à Olivier Guez pour La disparition de Josef Mengele (Grasset)...
Même au bout de quinze années de publications diverses, et en dépit de ce que ma carrière professionnelle a pu m'apporter, j'avoue le plus platement du monde ne rien comprendre au marketing éditorial, ni à la rationalité que certains feignent d'y trouver.
Ce qui me console, c'est que je ne dois pas être le seul...

samedi 28 octobre 2017

De l'impuissance du ridicule contemporain

Jadis, le ridicule tuait à coup sûr. Aujourd'hui, il ne tue plus du tout ; voire il encense, pour peu qu'un buzz lucratif puisse se greffer dessus. Mais ce constat n'a rien d'un scoop, j'en conviens.
Pourtant, même blasé, il arrive qu'on s'amuse, au détour d'un articulet de presse. Ainsi cette semaine dans TéléObs on nous brosse le portrait d'une chroniqueuse de France Info. Portrait flatteur, comme il se doit entre confrères du même bord. Le pitch des chroniques a pourtant tout du poncif : "Ce que j'aime, c'est raconter la grande histoire à travers la petite, dérouler des anecdotes qui montrent la vie politique, la vie dans une fac, la vie chez une mère de famille...". Les portes ouvertes sont enfoncées avec générosité : "Si je me mets parfois en avant, ce n'est pas par vanité mais pour servir mon propos".
Mais là où on sursaute et où on prend la mesure de l'instant, c'est en découvrant que la chroniqueuse est une courageuse révolutionnaire, à la pensée profonde et au couteau entre les dents : "Depuis l'enfance je suis quelqu'un d'indigné. C'est même dans mon ADN. Si je devais définir ma chronique en un seul mot, ce serait l'insolence". Bigre. Mais le plus fort vient lorsque le portraitiste enchaine : "Et elle le prouve. Allez, je vais m'en griller une, lance-t-elle par exemple à la fin de son émission sur les buralistes au sujet de l'augmentation du prix des cigarettes." 
On se demande, abasourdi d'un tel engagement, ce que fait la police face à ce type de comportement prompt à vous détruire une civilisation.

lundi 23 octobre 2017

Orwell, souvenir d'un futur qui s'annonce...

La modernité s'avance, furieuse et ne doutant pas.
Un jour, peut-être prochain, un nouvel Orwell rendra-t-il un nouvel Hommage à la Catalogne ? Alors que cette dernière, grâce à son statut particulier, était l'une des pierres angulaires de la remarquable mutation démocratique espagnole, voilà que l'Etat central revient, et de quelle manière, en arrière. Quarante ans ne sont pas grand chose au regard de l'Histoire, et des remugles franquistes flottent dans un vent mauvais. A l'heure où le concept d'état-nation atteint ses limites un peu partout en Europe, il y a sans mieux à penser que ne le font nos élites (voir mon billet précédent)...
Dans le même temps, l'affaire Weinstein a ouvert les bondes de multiples égouts. Celui du harcèlement sexuel par les gens de pouvoir en est un, mais il n'est hélas pas spécifique des rapports homme-femme. Celui qui institutionnalise la délation via Twitter en est un autre : cri de douleur justifié parfois, mais aussi souvent mélange de haine, d'opportunisme ou de tartufferies diverses...Même si souvent on s'accordera sur le fond du problème, la façon de le dénoncer est juste fascisante. Mais comme c'est pour le plus grand profit du Bien...
Après son Hommage à la Catalogne, Orwell écrivit 1984.

mercredi 11 octobre 2017

Catalogne : culture ou dépendance

Je ne traiterai pas de l'affaire de Catalogne en elle-même, ni des mérites comparés du statu-quo, de l'autonomie ou de l'indépendance. Mais force est de constater que face à cette "crise" la presse française, à quelques exceptions près, est égale à elle-même : jacobine, inculte et bête.
L'aspiration d'une majorité, à en croire les sondages, des catalans à devenir "indépendants" est aux yeux de nos élites proprement stupide et incompréhensible, en ces temps de mondialisation. Au mieux animé de motivations égoïstes, régressives, populistes, etc... L'idée qu'un groupe sur un territoire nanti d'une identité, d'une langue et d'une culture originales et affirmées puisse se revendiquer peuple est quelque chose qui leur échappe.
Madrid traite de farce un referendum qu'il a lui-même saccagé, et de quelle manière. Des gens intelligents, et il y en a dans tous les camps, pourraient imaginer que la meilleure façon de mesurer cette volonté d'indépendance serait de voter ; mais non, le pouvoir central qui conteste que l'idée soit majoritaire s'oppose à toute consultation, jugée illégale. La loi est la Loi, la démocratie n'a rien à voir la-dedans... Circulez, y a rien à voir.
L'Histoire bégaie toujours : les pouvoirs qui jugent sans fondement toute velléité d'autonomie finissent par s'y résoudre quelques années ou décennies plus tard. Et quelques charniers. Les peuples qui veulent s'émanciper seraient-ils condamnés à prendre les armes ?
En France, on pourrait se dire que la guerre d'Algérie n'est pas si loin. Oui, mais elle était politique nous dit-on. Rien de tel en Catalogne. Outre que cela révèle une connaissance sommaire de l'Histoire de l'Espagne moderne, et une connaissance sommaire de la Catalogne (quiconque l'a un peu pratiquée a vite saisi la catalanité) cela illustre une incurie contemporaine : la notion d'identité (la langue, la culture, les mœurs, et non le rejet des autres) est un concept qui échappe à nos élites. Jean Lassalle, pyrénéen ex-candidat à la présidentielle, a parfaitement exprimé ces jours derniers ce que le mépris des institutions pouvait occasionner de dégâts.
L'inculture sévit plus que jamais. Les réveils pourraient se révéler douloureux.

lundi 2 octobre 2017

Ouvrages déjà parus

En attendant 2018, un petit rappel de mes ouvrages déjà parus...

 

          . Le répountchou qu'es aquo - Vent Terral 2017 (avec AM Rantet Poux)
          .  Mona Lisa ou la clé des champs -L'Harmattan 2014
          .  Passeport pour le Pays de Cocagne - Elytis 2012
          .  Aveyron Croatie, la nuit - L'Harmattan 2011
          .  Histoires peu ordinaires à Toulouse - Elytis 2007
          .  Histoires peu ordinaires au Cap-Ferret - Elytis 2006 (avec Ch. Oyarbide)
          .  Week-end à Schizoland - Elytis 2005
          .  La branloire pérenne - Elytis 2002

En vente dans toutes les librairies, chez l'auteur (en rubrique Commentaires) ou l'éditeur.
Pour les ouvrages publiés chez l'Harmattan, disponible aussi en version numérique (www.harmattan.fr).

samedi 30 septembre 2017

Culture et budget 2018

Voilà donc pour 2018 le budget du ministère de la Culture (ou de l'administration de la culture) "conforté" dans ses ressources, quand d'autres ministères sont obligés de réduire la voilure. Ces ressources sont de 10 milliards d'euros, y compris les 1.6 milliards de dépenses fiscales, entendez les cadeaux et exonérations accordés à des investisseurs étrangers (ou pas) qui viennent réaliser des projets dans notre beau pays.
On notera la (légère) augmentation pour certains services, Patrimoine et création artistique notamment, Monuments historiques, etc... Réjouissons-nous donc.Tout cela est rendu possible par le prélèvement de 36 millions sur l'enveloppe allouée à l'audiovisuel public. Gageons donc, si on fouille de ce côté-là, qu'il reste encore de bonnes marges de manœuvre pour le futur.
Comme toujours dans ces budgets ministériels, il vaut mieux être du sérail pour comprendre la nature de ces services et l'impact financier concret des dotations nouvelles. Comme la présentation de ces budgets répond davantage à des impératifs de communication que de clarté pédagogique, il convient de rester prudent...
On notera aussi le coup de pouce au "Soutien aux artistes et aux modèles français de diversité culturelle", mais je ne sais trop quoi en penser. On remarquera aussi l'inévitable objectif de "l'accès pour tous à la culture", parfaitement démagogue mais sympathique pour peu que l'on y croit, dont on craindra juste qu'il ne bénéficie à ceux qui n'en ont pas (trop) besoin, ainsi qu'à quelques marchands de produits dont la nature culturelle risque d'être parfois difficile à cerner.
Quoiqu'il en soit, l'an prochain tout ira mieux. Puisqu'on nous le dit...

dimanche 17 septembre 2017

Joan Bodon, simplement.

Je m'en vais vous parler de Joan Bodon, Jean Boudou en français. Bodon, évidemment ! diront ceux qui le connaissent. Les autres, c'est-à-dire presque tout le monde, se gratteront le crâne, submergés de perplexité... Il faut dire que Joan Bodon est un écrivain de langue occitane, né en Rouergue en 1920 et mort en Algérie en 1975.
Romancier, conteur, poète, JB n'est pas qu'un monument de la littérature d'oc, il est un des plus grands écrivains français du XXème siècle. Lointain parent de Balzac par sa mère (elle-même conteuse), sans doute nanti de quelques chromosomes communs avec Honoré, il impose une plume d'exception, faite de terroir, d'histoire, d'humanité, d'imaginaire, de fantastique.
"Parle de ton village et tu seras universel", disait l'écrivain sarde Francesco Masala... La matière première de l’œuvre de Bodon (outre une langue qui, n'en déplaise à un certain jacobinisme, est exceptionnelle) est un matériau de petit rural de la rivière Viaur qui, déployé par le talent de l'auteur, touche à l'universel. Je parle de terroir, mais on est loin de l'école de Brive ; la trame du récit de JB est celle de tout un chacun, n'importe où sur la planète : son œuvre est unique mais universelle, modeste dans son essence mais riche et sublime dans sa transcendance. Le Rouergue a été pour Bodon ce que le sud américain a été à Faulkner.
J'ai relu récemment une correspondance entre Joan Bodon et Enric Molin (Henri Mouly), figure du félibrige "moderne" du XXème siècle, et rouergat lui aussi, correspondance qui s'étend sur près de trente-cinq ans. Bodon y illustre un éternel manque d'assurance, d'estime de soi, de verticalité dirait-on aujourd'hui. Ses tâtonnements sont ceux d'un jeune auteur, d'un jeune paysan (devenu instituteur), d'un jeune aveyronnais attaché à sa langue et déjà perdu dans un siècle qui fut difficile à bien des égards. Ses lettres, depuis la guerre jusqu'à sa mort, témoignent du combat pour la langue, pour la littérature, pour une Occitanie alors moribonde. On trouve dans ses propos d'inévitables contradictions et quelques scories de l'époque : attirance pour le communisme, mais pas forcément pour les communistes, palinodies des militants minoritaires, postulats anarchistes et intérêt pour les Chantiers de jeunesse, etc... Mais il y a quelque chose de touchant, pour ne pas dire dramatique, à suivre la souffrance d'un auteur qui ne peut encore savoir la dimension que l'histoire lui reconnaitra...
On a dit à son propos que c'était lui qui aurait mérité le Prix Nobel, plutôt que Mistral ; d'abord ils ne sont pas contemporains, et plutôt que d'opposer les deux génies de la langue d'oc, il est bon de noter la complémentarité, pour cette histoire, entre le chantre de la latinité provençale et le romancier-conteur du Ségala. Mais cela situe le niveau  de l’écriture du second, qui serait aujourd'hui une célébrité s'il n'avait été marginalisé, sinon ostracisé, par sa fidélité à la langue maternelle.
Alors découvrez Joan Bodon, si vous ne le connaissiez pas, ou relisez-le. Rien à voir avec la production germanopratine d'à présent. Je préviens que je ne l'ai lu qu'en version originale occitane, et ne peux donc garantir les versions françaises. Mais même si la richesse de la langue d'oc en était absente, l’œuvre n'en demeure pas moins celle d'un des plus grands écrivains français du XXème siècle...

mercredi 6 septembre 2017

Salon d'été...

Les salons du livre de l'été, surtout dans les univers ruraux, ont ceci de plaisant qu'ils sont toujours surprenants. On y fait les rencontres habituelles : authentiques amateurs de littérature, faux amateurs, discoureurs à l'inculture crasse, auteurs potentiels, velléitaires ou auto-proclamés, consommateurs branchés de médias, etc...
Ces salons sont souvent intégrés à des manifestations plus vastes, foires, expositions ou autres, ce qui élargit la palette sociologique des visiteurs. Ces salons sont aussi plus sincères ; on n'y trouve pas, à quelques exceptions près, de ces exaspérantes prétentions de (sous)-préfecture, qui seraient si amusantes si elles n'étaient si tragiques. Mais au contraire défile devant votre étal, au cœur du flux, une riche galerie de personnages plus ou moins attachants : paysans taciturnes, hurluberlus variés, ratés en mal d'écoute, farfelus borderlines, et j'en passe...
Les uns sont gentils, d'autres non ; certains sont instruits, d'autres pas. Venus en vadrouille, par désœuvrement, par curiosité ou par intérêt pour la grande manifestation locale, ils observent vos livres avec attention, ou perplexité, ou répulsion, ou envie. Parfois une conversation s'entame, qui vire court ; d'autres fois, l'individu à tête d'idiot de village se révèle bien plus cultivé qu'il ne paraissait, et il peut témoigner de certaines connaissances ou sensibilités qu'il n'a guère l'occasion de partager le reste du temps...
Qu'on ne s'y trompe pas : il y a aussi bien sûr des "gens comme tout le monde", ou plus exactement des gens qui ne répondent pas au profil habituel du lecteur qui court les salons, mais qui s'expriment, écoutent, échangent, et même qui achètent ! De ces gens qui vous font rentrer chez vous, le soir, un peu plus riche... d'humanité !

jeudi 31 août 2017

Le passé ne passera pas !

L'heure étant parait-il aux réformes, on nous rabâche l'urgence et la nécessité de sortir du "passé", synonyme d'échec et d'obscurantisme suranné. Que le monde change vite et que les outils deviennent rapidement obsolètes, c'est une évidence ; seulement, tant il est vrai que le progrès a du passer, de fait, par la nouveauté et la modernité on a fini par croire que modernité valait progrès, et que tout ce qui était nouveau était bien par nature : on voit où nous en sommes parvenus...
La notion même d'Histoire n'y résiste pas : aux États-Unis on déboulonne les statuts des chefs sudistes, forcément esclavagistes (comme si les guerres civiles n'étaient pas avant tout politiques), dans le plus pur déni de l'histoire des USA et sous couvert d'une morale contemporaine sans mémoire ni esprit critique. Chez nous autres français, il serait de bon ton, dans le même ordre d'idées, de bannir de notre récit national Voltaire ou Jules Ferry, qui ne crachèrent pas sur la traite, voire d'enquêter sur Louis IX (le saint) qui ne sortit pas blanc comme neige de la croisade contre les Albigeois (ni de ses relations avec les juifs). Quant à la Révolution française, à l'aune d'aujourd'hui...
Il ne s'agit évidemment pas d'idéaliser le passé, ni de le reprendre pour en faire je ne sais quel objectif pour demain. Gardons le simplement pour éclairer les chemins qu'il nous reste à parcourir. Mais on  aura compris que, tel le refoulé, ce passé refuse de partir ou revient au galop. Renier le passé en tant que passé est le propre des peuples sans avenir identifié. Premier symptôme de dépression, certes, mais surtout vacuité de la pensée...

mercredi 23 août 2017

Eté 17

La rentrée, nous dit-on dès que le 15 août est passé. Cette année encore, et malgré quelques velléités de canicule, la fin de mois offre quelques humeurs automnales. Que l'on considère cet été comme doux ou comme pourri, celui-ci est derrière nous...
Qu'en restera-t-il ? Pour ma part, il demeurera celui de la disparition de ma mère, ce qui est en soi amplement suffisant pour le garder en mémoire, mais cela relève de l'intime.
Pour le reste, je garderai le souvenir agréable de ces salons -Pampelonne, Monteils, La Fouillade, Parisot, Laramière- dont les affluences furent diverses mais où mes écrits ont toujours rencontré un vif intérêt... D'autres suivont, dont la Foire de Tanus le 03 septembre.
Un peu comme le début de l'an est synonyme de bonnes résolutions, la rentrée évoque son lot de réformes. Qu'en sera-t-il de celle de 2017 ? Ayant au cours de mon existence perdu nombre d'illusions, je serai prudent sur celle-ci. Mais c'est la vie qui va...

mercredi 2 août 2017

Après Monteils un autre Regard

Clap de fin ce lundi 31 pour la 6ème édition de Monteils un autre Regard, à Monteils (82), avec son lot habituel de visiteurs, nouveaux ou fidèles.
En attendant de définir la 7ème édition, on se félicitera de la pérennité de la manifestation.
Les invités d'honneur de cette édition remercient donc tous ceux qui nous témoigné de la curiosité et de la considération, ainsi que les autres exposants ; merci également à la mairie de Monteils, organisatrice, pour son soutien et pour l'intérêt accordé à mes œuvres.

vendredi 28 juillet 2017

Après La Fouillade

Une fois encore, le Festival du Livre et de la BD de La Fouillade (12), 20ème du nom, a connu un vrai succès et une bonne affluence.
L'occasion de retrouver Daniel Crozes, Roger Béteille, Michel Lombard, Maxime (de) Roumagnac, etc..., dans un salon un peu moins phagocyté par la BD que l'an passé.
L'occasion aussi de constater l'intérêt du public, souvent local, pour Aveyron Croatie, la nuit, Mona Lisa ou la clé des champs, et bien sûr pour le Répountchou, qu'es aquo ?...!
L'occasion enfin de rencontres intéressantes, au cœur d'un Rouergue plus curieux que certains ne font semblant de le croire et encore très riche de sa culture.

mardi 18 juillet 2017

Monteils un autre regard, 6ème !

La 6ème édition de "Monteils un autre regard", exposition multi-artistique organisée par la mairie de Monteils (82) se tiendra du 22 au 31 juillet 2017 (de 14 à 19 heures).
Les invités d'honneur de cette année seront Michel POUX et Anne-Marie RANTET POUX, auteurs du livre "Le répountchou, qu'es aquo ?", avec dessins, photos et textes, plus une causerie autour du répountchou le jeudi 27 à 17 heures.
Les autres artistes présents, tous monteillais :
- Bernard Bordaries (cuisinier) - Animation le mardi 25 à 17 heures
- Josiane Dubor (peinture)
- Christiane Flaujac (peinture)
- Bernard Perrone (peinture)
- Guy Portal (peinture)
- Héloïse Quercy (sculpture, raku) - Animation le dimanche 23 à 14 h 30.

Le vernissage aura lieu le vendredi 22 à partir de 19 heures. Inutile de dire que vous y êtes attendus nombreux !

dimanche 16 juillet 2017

Deneuve, rétrogradation et progrès obligatoire

Lorsqu'une instance très officielle, le CSA en l'occurrence, emploie un terme bien précis pour justifier une sanction tout aussi officielle, c'est que ce terme qualifie une faute.
La sanction est donc venue punir la faute de Catherine Deneuve exprimant à la télévision son appréciation des démêlés de R. Polanski avec la justice américaine, pour le "viol" d'une mineure. On sait que s'affrontent régulièrement les anti-Polanski et les pro, avec de part et d'autre des arguments tout aussi névrotiques. Lors de l'émission évoquée, CD estime que "c'est une affaire qui a été traitée, qui a été jugée", que la mineure "amenée chez Polanski par sa mère faisait plus que son âge", que "le terme de viol avait été excessif", etc... "Ces propos ne sont-ils pas en 2017 inaudibles pour beaucoup de gens ?", objecte le présentateur. "Oui, tant pis pour moi, tant pis pour eux" répond joliment l'actrice.
Mais peu importe ici le fond de l'affaire, plutôt glauque me semble-t-il, et l'avis de chacun : le CSA a réprimandé l'actrice et la chaine pour ces arguments... "rétrogrades" !
J'avais il y a quelques mois relaté les écrits de l'inénarrable nouvelle-observatrice Sophie Delassein, jugeant Vincent Delherm "désuet, et anxiogène avec ses incessantes références au siècle dernier"... Voilà qu'à présent, avec le CSA, la réticence au progrès n'est plus une erreur, mais une faute.
Etre rétrograde doit donc être puni, tel un délit de blasphème. Le Progrès s'impose désormais par la Loi. Gageons que l'on doit pouvoir commencer à douter de sa validité, non ?

mardi 4 juillet 2017

Cravates et cour de récré...

Suite du billet précédent, non programmée mais dictée par l'actualité. Ainsi donc, lors de l'élection du Président de l'Assemblée nationale, notre troupe d'insoumis, rangée comme un seul homme derrière le Grand Timonier, a réussi la provocation nécessaire au buzz : sans cravate, tous les députés mélenchonistes ont refusé de se lever, et a fortiori d'applaudir, à l'issue de l'élection.
Laissons de côté la politique et l'idéologie, et tenons-nous en aux actes. Ceux qui ont atteint ou dépassé la soixantaine se souviennent comment, dans la veine de 68, en réaction à l'uniforme bourgeois costard-cravate on s'habillait en uniforme jean-col roulé. Nous en sommes là. Refuser de mettre une cravate tiendrait lieu de destin à la Jean Moulin : la rébellion adolescente de nos pieds nickelés se traduira-t-elle demain par des jeans troués ? des piercings ? des joints ? des burkinis ? Il y a certes longtemps que le ridicule ne tue plus. Même l'inénarrable Ruffin qui prétend "ne pas connaitre les codes, ne pas savoir ce qu'il faut faire...", alors que tout le groupe procède du même comportement.
On notera quand même qu'il y en a quand même un qui porte une cravate, et c'est... Mélenchon ! Sa cravate lui assure la verticalité qui sied au patron et au chef : quelque chose a dû échapper au metteur en scène... A moins que, comme toujours, le refoulé ne revienne au galop.
On aura compris que ceux qui s'auto-proclament porte-parole de la Cour des miracles tiennent surtout de la cour de récré. Un Œdipe mal résolu les empêche de comprendre que la politesse ou l'éducation n'est pas synonyme de soumission à l'Autre. Mais le plus grave (d'autant que Mélenchon a la réputation de posséder une certaine culture historique) réside sans doute dans cet irrespect de la solennité  que mérite un lieu et une institution où s'est faite l'histoire de la France, ou par exemple 80 députés refusèrent les pleins pouvoirs à Pétain...
C'est peut-être ce que comprendra un jour la bande de dépenaillés pré-pubères, malgré les 40, 50, 60 ans de leur état-civil, venus l'autre jour faire de l'agit-prop facile, en attendant d'autres occasions. Il y a vraiment des fessées qui se perdent.

mercredi 28 juin 2017

Mélenchon piège à quoi ?

Notre propos n'est point de causer politique, comme dit l'autre, à propos de Jean-Luc Mélenchon. Il arrive à celui-ci d'avoir, à défaut de bonnes solutions, quelques constats voire des analyses dignes d'intérêt. Nous n'évoquerons pas non plus les dernières élections, qui ont montré que le succès du leader de la France Insoumise (le terme insoumis, s'agissant d'un parti largement constitué de fonctionnaires, souvent retraités, à de quoi faire sourire ; surtout quand on voit ces rebelles -ils refusent de porter une cravate- s'aligner comme un seul homme derrière leur apparatchik-Conducator...), que le succès de son leader, donc,  devait beaucoup à la théâtralité du bonhomme. C'est plutôt ce personnage, au sens psychologique du terme, qui peut horripiler.
Le mépris qu'il affiche vis-à-vis des journalistes est une chose : ceux qui doivent tout aux media se plaignent volontiers de l'ostracisme dont ils se disent victimes. Ces mêmes media, peu rancuniers, créditent JLM d'une certaine "culture" ; acceptons-en l'augure, d'autant que dans un pays où le niveau culturel des ministres actuels vaut celui des attachés parlementaires sous Mitterrand, la chose n'est pas trop difficile. En fait, derrière quelques effets oratoires de théâtre, la culture de Mélenchon est celle d'un prof d'histoire soixante-huitard, mais on peut s'en contenter, comme on peut d'ailleurs apprécier parfois son style tonitruant, à l'image de ces pamphlétaires de jadis dont il s'inspire largement, et surtout ceux d'extrême-droite.
Cela étant, la sortie contre Françoise Nyssen, nouvelle ministre de la Culture, incite plus au mépris qu'à l'admiration : celle-ci serait "liée aux sectes", au motif qu'elle a créé (avant d'entrer en politique) une école alternative (privée, horresco referens) et s'inspirant entre autres des principes pédagogiques de l'anthroposophe R. Steiner. JLM y voit une "secte", alors que toutes les enquêtes ont lavé cette accusation. Les hasards de la vie me font fréquenter des anthroposophes, et ni les hommes ni les idées ne me semblent blâmables. Mais notre leader insoumis continue à vouloir imposer LE grand service d'éducation publique et obligatoire, qui a largement montré ses limites et dont personne, excepté quelques salariés de la maison, ne saurait le défendre tel qu'il est. Mais les adeptes du monolithisme, rebelles assermentés, sont d'autant plus motivés qu'ils sont têtus, et prêts à une nouvelle révolution d'octobre qui fabriquera en usine l'homme nouveau.
A ce propos, je me souviens qu'à la mort d'Alexandre Soljenytsine le même Mélenchon, en guise d'oraison funèbre, taxa celui-ci de "griot inepte".
Si l'immense écrivain qui, au-delà de son souffle littéraire, révéla à l'Occident l'existence et le quotidien du goulag était un "griot inepte", je crains que les mots nous manquent lorsqu'il s'agira, sur sa pierre tombale, de qualifier la vie et l’œuvre de Jean-Luc Mélenchon...

jeudi 15 juin 2017

Le vin bourru de JC Carrière

Profitant de la pénombre qui sied aux températures estivales de cette mi-juin, il m'arrive de replonger dans ma bibliothèque pour en ressortir un ouvrage laissé là depuis quelques années, voire quelques lustres. C'est ainsi que j'ai retrouvé une merveille lue à sa parution, vers l'an 2000, à savoir "Le vin bourru" (Plon) de Jean-Claude Carrière.
On connait Jean-Claude Carrière, immense auteur polymorphe, scénariste, romancier, metteur en scène, dramaturge, dessinateur, etc... Si vous voulez un aperçu de ses oeuvres, voyez Wikipédia ; pour ma part, je garde en mémoire un extrait d'article de presse (L'Express, je crois, au milieu des années 90), disant en gros que s'il n'est pas rare dans une interview que l'interviewer apparaisse plus intelligent que l'interviewé, la chose est à noter quand l'interviewé s'appelle le Dalaï-Lama... L'interviewer était JC Carrière.
"Le vin bourru" évoque les treize premières années de l'auteur, dans son village de Colombières-sur-Orb (Hérault), avant que la famille n'émigre à Montreuil. Le village est un village de vignerons, mais cette enfance rurale et occitane est la même que la mienne : cela suffirait à expliquer l'émotion que me procure ce livre, qui a pourtant une autre dimension. Beaucoup d'auteurs folkloristes se sont déjà essayés à dépeindre la chose, parfois avec bonheur. Sauf que JC Carrière n'est pas Pagnol, ni un auteur de l'école de Brive, et son regard est empreint d'une réflexion, analytique et philosophique, qui amène la lecture et la pensée à une hauteur qui pourrait clore bien des débats. Quand il évoque la nature, l'apprentissage, l'agriculture, la mort, les animaux, le vin ou la pierre sèche qui bâtissaient son enfance, il offre avec la simplicité, la justesse et la subtilité qui sont les siennes, le coeur battant d'une civilisation paysanne. Certaines idées contemporaines à la mode, sur la nature ou sur les destin des animaux, apparaissent par contraste pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire pas grand-chose.
Peut-être parce qu'entre elles et l'altitude Jean-Claude Carrière il y a ce vécu, ce bagage que n'ont pas tous les voyageurs, et qui s'appelle une culture.

vendredi 9 juin 2017

Effroyables transparences

La loi à venir s'appellera donc "Loi de confiance dans notre vie démocratique". L'intitulé ne manque pas d'ambition, ce qui pourrait donner de la force au boomerang. Reconnaissons-lui le mérite de s'être substitué au calamiteux terme de "moralisation", mais à quel fantasme répond cette mise en avant obsessionnelle du nouveau régime, et dans quel délire s'inscrit-elle ?
Entendons-nous : s'il s'agit de limiter les rentes de situation, les emplois familiaux fictifs ou les trafics d'influence, il est en effet bien temps d'avancer. Personne d'ailleurs ne peut soutenir le contraire, et c'est pour cela qu'on met la chose en avant en cette période électorale. Mais sur le fond, politique et historique ?
On sait comment Orwel, avec Big Brother, a illustré la dictature, insidieuse, qui peut s'abattre sur l'individu ; le remarquable film "La vie des autres"a montré comment les totalitarismes exigent la transparence. Peu à peu, d'une façon plus perverse, se dessine la dictature du "on". Cette primauté du collectif (par définition irresponsable, y compris juridiquement) sur l'individu, même informelle, porte en elle tous les germes d'un fascisme soft.
J'avais déjà noté dans "La branloire pérenne" (Elytis 2002) la propension des impuissants à donner des leçons de vertu : c'est la revanche des losers. Plus grave, le fantasme -au sens freudien- que le contrôle des autres permettra aux pulsions individuelles de s'assouvir, dès lors qu'il n'y aura plus de mystère, plus d'interdit, plus d'obstacle. Chacun doit tout dire et tout montrer ; ce n'est, ni plus ni moins, que le déni de l'altérité. Mais alors pourquoi, en démocratie, le vote est-il secret, si ce n'est pour protéger l'électeur ? Si le vote était public, qui peut croire que les résultats seraient les mêmes ?
La dictature du "on" se met en place ; les gens, comme dit l'autre, se doivent de penser comme "on" pense. La conformité est un des piliers de la société de consommation, où l'uniformité des profils et des produits (Coca, MacDo) peuple les rêves des publicitaires.
Au delà de la Loi évoquée plus haut, l'affaiblissement du pouvoir politique sera sinon l'objectif du moins la conséquence de l'exigence de transparence forcenée qui monte année après année ; on notera que la vox populi se montre plus exigeante vis-à-vis des hommes politiques qu'elle ne l'est pour les chefs d'entreprise ou pour les hauts fonctionnaires (et pourtant...) : c'est sans doute le signe, pour ceux qui l'ignoreraient encore, que le pouvoir n'est plus chez les politiques...
Comme l'a analysé Paul Virilio, nous en arriverons au délire d'une démocratie impérative, et à l'industrialisation de la délation (déjà bien avancée). La Stasi ne sera plus qu'un souvenir, mais chacun sera devenu Big Brother, et les peigne-culs moralisateurs auront gagné leur paradis.

La saison du répountchou...

... perdure cette année ! Sinon celle de la plante, du moins celle du livre "Le répountchou qu'es aquo ?", paru chez Vent Terral en mars et déjà en prévision de réimpression.
Notons qu'une place de choix sera réservée à la plante, ainsi qu'au livre et à des photos à elle consacrées, lors de l'exposition "Monteils un autre regard", du 21 au 30 Juillet 2017 à Monteils (Tarn-et-Garonne).
Nous renouvelons nos remerciements à tous les journalistes, gens de presse écrite, de radio et de télévision, qui se sont intéressés au "Répountchou qu'es aquo ?" et en ont déjà fait un livre-référence.
Nous vous tiendrons informés des manifestations à venir, où nous serons présents...

mercredi 24 mai 2017

Regis Debray, Macron et l'Amérique

On reproche beaucoup de choses à Régis Debray ; en clair, la droite lui reproche sa jeunesse et la gauche son évolution. On voit par là qu'à défaut d'être originaux, le parcours et la réflexion du philosophe et médiologue ne sont pas sans lucidité ni courage. Et c'est avec plaisir qu'on lit son interview dans l'Obs de la semaine dernière,  à propos de son dernier ouvrage "Civilisation,comment nous sommes devenus américains" (Gallimard).
On y retrouve Emmanuel Macron, qui illustre bien l'américanisation de la société française ; Macron et sa main sur le cœur pendant la Marseillaise, geste inconscient chez une jeunesse grandie sous la domination du visuel américain ; Macron et son bagage (Inspection des Finances, Banque, entreprise, contrat, numérique, minorités, media, marketing, image...) fait de culture américaine, où l'économie commande à tout le reste, même la politique. Cela ne signifie pas que l'assistant de Ricoeur soit dépourvu à cet égard d'esprit critique, mais Debray rappelle que Ricoeur lui-même a fait carrière aux USA, où la condition protestante est un excellent facteur d'intégration. Et Debray salue aussi en Macron "un chef d'Etat qui va enfin nous sortir du désert culturel de ses deux prédécesseurs" et se réjouit : "un politique qui lit des livres, c'est une originalité absolue dans le monde atlantique"...
L'interview contient aussi d'intéressants propos sur la différence entre anciens politiques (Mitterrand en premier lieu) qui ont vécu la guerre et ce qui va avec, et les jeunes qui ont construit leur carrière sur la paix, le bonheur et la prospérité. Et des réflexions sur la civilisation, la culture et l'identité ; "faire partie d'un monde qui s'en va, c'est un peu vexant. Mais c'est frappant qu'il y ait si peu de gens vexés."
Debray, désenchanté mais lucide et "philosophe", sinon amusé, considère que l'Amérique reste au faîte de sa puissance, par l'économie, par les armes, par la langue, par l'ego. Ramené à l'actualité française, il constate : "Dans l'élection que nous venons de vivre, le système a su se déguiser en anti-système pour se perpétuer. Les gens qui récusent ce système ont été cohérents en s'abstenant."
De tout cela on peut sans doute débattre, mais déjà je sens poindre les législatives...

vendredi 19 mai 2017

Macron et Culture : Voyons voir l'Arlésienne

Voilà, c'est fait. Habemus papam, et aussi minister de cultura... Eloignons nous des effets d'annonce, dont on sait q'ils sont toujours prompts à se dissiper, et ne retenons que la nomination de Françoise Nyssen. Il est agréable de voir une personnalité de la littérature arriver à la Culture : on attendait cela depuis Malraux...
Cette arrivée est saluée notamment par les écrivains d'Actes-sud, ce qui ne surprendra pas, et ceux qui aspirent à le devenir, ce qui fait du monde. Faut-il pour autant voir dans la promotion de FN (ben oui, ce sont ses initiales) la reconnaissance de cette qualité marque de fabrique de l'éditeur arlésien ? On pourrait objecter que l'entrée d'Actes-sud dans la cour des grands (entendez sur le marché du partage des Prix) coïncide avec la succession d'Hubert Nyssen au profit de sa fille. Quoiqu'il en soit, la réussite d'AS a prouvé que la qualité et l'exigence ne sont pas antinomiques avec le succès commercial, du moins à l'époque. Et reconnaissons que la fille n'a pas trahi le père. Sera-t-elle une bonne ministre ? 30 années de pratique professionnelle de définition de postes me laissent ici quelque peu dubitatif. Nous verrons bien, le pire n'étant pas toujours sûr.
Il parait que le nouveau Président est un littéraire : cela nous rajeunit d'un quart de siècle. La nomination de Françoise Nyssen accrédite cette hypothèse. Nous nous satisfaisons peut-être de peu, mais saluons cet augure...

mercredi 10 mai 2017

Humeurs, Giscard et abolitions

Le 10 Mai ne commémore pas seulement l'abolition de Giscard, mais aussi celle de l'esclavage. J'avoue l'avoir oublié, et sans doute ne suis-je pas le seul. Il est vrai que la France a d'autres intérêts, en ces jours qui fleurent bon la IVème République, quand il est de bon ton de supputer ce qu'il faudrait qualifier de ralliement, de débauchage, de retrouvailles, d'ouverture, de décantation, de stratégie... selon l'humeur ou les a-priori vis-à-vis des impétrants.
Dimanche, la France a élu Kennedy ; peut-être aura-t-elle Giscard. Mais on se réjouira de voir le FN se heurter au célébre "plafond de verre", encore que le Front bas de plafond on s'en doutait un peu. Mélenchon, lui, se heurte au PC pour mettre en ordre de marche sa France autoproclamée insoumise. Les verts (pas les écolos) commencent à ronger le cadavre du PS. Les Républicains naviguent à vue, mais peut-être n'est-ce pas, en la période, la pire façon de naviguer. Quoiqu'il en soit, le troisième tour sera social, quel que soit les résultats des législatives.
Bref, on aimerait qu'il existe en politique, comme en sport, une glorieuse incertitude... On aimerait dire que "Tout désespoir en politique est une sottise absolue" ; on aimerait mais on ne peut pas, c'est de Maurras. Qui, comme Giscard avant qu'on ne l'abolisse, s'est souvent trompé.

lundi 1 mai 2017

Les langues régionales, Le Pen et la Terreur

Pour continuer sur la lancée du sujet précédent (voir ci-dessous), nous voici donc désormais dans la dernière ligne droite. Dans ledit sujet, j'évoquais Jean Lassalle en écrivant qu'il était le seul favorable aux langues régionales : j'avais tort, puisque d'autres ont répondu aux associations (occitanes) qui les avaient sollicités, les assurant de leur soutien (Hamon, Poutou), de leur hostilité (Dupont-Aignan) ou de leur sympathie (Cheminade)...
Les autres candidats n'ont pas répondu, dont les deux vainqueurs du  premier tour, E. Macon et M. Le Pen. Or, à défaut de réponse, Macron écrit par ailleurs sans ambages qu'il considère "la reconnaissance des identités régionales comme un des vecteurs de l'union de la nation", qu'il "lancera le processus de ratification de la Charte des Langues régionales dès son élection" et que "les moyens de l'expression des identités régionales seront accrus". Nous ne nous sentons pas engagé par les promesses que nous fait un candidat,, mais reconnaissons que l'attitude énoncée est claire.
Quant à M. Le Pen, opposée sans concession à la promotion des langues régionales et à la ratification de la Charte, elle entend re-centraliser la France, et notamment supprimer les régions actuelles. On n'avait pas connu pareille furie jacobine depuis... la Terreur de 1792.

lundi 24 avril 2017

2017 : Culture hors sol

De l'avis général, la "culture" fait partie des thèmes oubliés de la campagne pour les Présidentielles. Cela ne m'attriste qu'à moitié, sachant que l'on assimile souvent la culture avec le ministère du même nom, qui a ses intérêts propres. J'ai pourtant cherché à savoir ce que les différents candidats, fût-ce de façon anecdotique, pouvaient avoir à dire sur le sujet. Je suis revenu perplexe de cette expédition.
Il y a ceux qui parlent de "rationalisation" et de "compétitivité culturelle" (Macron), en un discours décapant mais un peu inquiétant aussi ; ceux pour qui la sacro-sainte démocratisation de la culture passe par des chèques (Hamon, Macron) dont on ne sait trop où ils seraient dépensés ; ceux, quelque peu effrayants, qui veulent "faire entrer le peuple dans les organismes de contrôle" (Le Pen) ; ceux qui alignent les traditionnels sophismes d'extrême-gauche dans des programmes élaborés par (et pour) les profs et les intermittents (Mélenchon, Hamon) ; ceux qui récitent un discours plutôt classique et assez creux (Fillon) ; ceux qui évacuent la question en deux ou trois slogans pourris (Arthaud, Poutou)...
Parmi les propos intéressants, et indépendamment du reste de leurs programmes (?), on notera une approche intéressante, celle de J. Cheminade, aussi ambitieuse qu'infinançable mais  perspicace. Et celle de J. Lassalle, seul candidat à vouloir la ratification de la Charte européenne des langues régionales, qui se fait poète : "Pour que la sève retrouve le soleil, je rechercherai avec vous l'organisation qui permette à la diversité de nos territoires, de nos provinces, d'exprimer leur identité, leur savoir-faire, leur langue".
La campagne électorale est désormais celle du second tour ; même si on sait qu'E. Macron nous rassure parfois sur sa dimension culturelle personnelle (voir Billet du 23 février), je doute qu'elle nous éclaire beaucoup à ce sujet...

samedi 22 avril 2017

Attentes républicaines

Une campagne électorale s'achève, dont on a tout dit sur la médiocrité, l'inefficacité et parfois la tartufferie. Mais la raison de cette vacuité n'incombe-t-elle qu'aux politiques qui courent derrière l'électeur ?
Au cours de mes pérégrinations médiatiques (voir billet ci-dessous), un journaliste a profité de ma présence en studio pour poser, comme il l'avait fait pour d'autres, la question "Qu'est-ce que le citoyen écrivain que vous êtes peut attendre de ces élections ?"...
J'avoue avoir été un peu pris de court, mais a postériori je ne suis pas mécontent de ma réponse, qui disait en gros : "D'abord je n'ai guère d'illusion sur le peu de pouvoir qu'il reste aux politiques ; pour le reste, j'attends que ceux-ci sortent du court terme et de la com permanente, et que les électeurs s'écartent des attitudes consuméristes, sources de clientélisme, pour revenir vers plus d'intelligence critique".
Certes, c'est court, c'est lapidaire, et la définition de l'intelligence n'a jamais été aussi complexe. Mais en effet je me contenterais de cela. Inutile de dire que je suis au moins aussi frustré que le reste des Français.

jeudi 20 avril 2017

"Le Répountchou qu'es aquo ?" et les media

Peut-être vous en doutiez-vous, mais la promotion du livre "Le Répountchou qu'es aquo ?" accapare ce que la vie et le travail me laissent de disponibilité. Presse quotidienne régionale, radios, télé sont particulièrement demandeurs : les auteurs aussi !
Pour ceux qui auraient échappé aux articles, interviewes et autres émissions, qu'ils se rassurent : sur le site de La Dépêche du midi, tapez repountchou et lancez la recherche : la suite est édifiante... N'oubliez pas non plus Le Villefranchois, Le Tarn libre, le Quotidien du Pharmacien, et les autres.
Pour ce qui est des radios, plongez dans les podcasts ; et merci à Nostalgie, Totem, Chérie, 100pour100, RCF, Albigès etc...
Vous pouvez aussi retrouver les émissions de France 3 Occitanie sur le site, en bas de page : le Jornal occitan du 08/04, Viure al Païs du 09/04, l'édition Quercy-Rouergue du 10/04, 9h50 le matin du 20/04...
Si nous ne nous croisons au hasard d'une dédicace ou d'un salon, vous aurez ainsi un aperçu du livre et de son succès.

vendredi 7 avril 2017

"Le repountchou qu'es aquo" en tête du box office régional !

Oui, vous avez bien lu ! Nous ne connaissons évidemment pas les chiffres précis, mais La Dépêche (et l'ami JP Couffin en particulier) est généralement bien informée !
Plus sérieusement, nous ne boudons pas notre plaisir : notre ouvrage, "Le Répountchou qu'es aquo ?" (Editions Vent Terral) s'arrache comme des petits pains, selon la formule consacrée. J'ai pris l'habitude de déclarer que l'humanité se divise en deux groupes : ceux qui ne connaissent pas le répountchou,  auxquels il n'est pas toujours simple d'expliquer la magie du mythe, et ceux qui le connaissent : ceux-là sautent sur le livre (fort bien fait, merci à Joan Blanc), et en achètent d'autres pour offrir !..
La réceptivité et la mobilisation des media ne sont sûrement pas pour rien dans cet engouement : nous vous en dirons bientôt davantage. Sachez que mon assiduité sur ce blog souffre de la mobilisation promotionnelle !
Pour patienter, regardez le journal occitan de France 3 Occitanie (samedi 8 avril vers 19h15). Et si vous ne pouvez pas le voir en direct, pensez à Internet... ou bien attendez les prochaines émissions qui vous parleront du livre !

vendredi 24 mars 2017

Le voilà !

En attendant que la presse vous en dise davantage...,
la couverture et la quatrième de couverture :


lundi 13 mars 2017

Le Répountchou : il est sorti !

C'est la saison, me direz-vous si vous connaissez le répountchou !
"Le Répountchou qu'es aquo ?" est le titre du livre qui parait ces jours-ci aux Editions Vent Terral, signé Michel Poux et Anne-Marie Rantet-Poux.
Le répountchou c'est cette plante qui pousse chaque printemps le long des haies (pas toutes), suscitant un engouement qui n'a d'égal, et encore, que celui pour les cèpes... Rien n'avait jamais été écrit sur le répountchou (reponchon en occitan) ; peut-être est-ce pour cela que sont commises de nombreuses confusions : il ne s'agit pas d'asperge sauvage, ni de raiponse, ni de houblon, ni de... mais bien du Tamier commun (Tamus communis), seule dioscoréacée européenne et cousine de l'igname africaine.
Plante au coeur des cultures des pays d'oc, l'histoire du répontchou culinaire est très liée à celle des bassins miniers, où il fit gagner des grèves... 
Le livre s'attache à le chanter, dans une dimension littéraire, en en faisant un personnage central de la ruralité, traditionnelle et contemporaine. Il dépeint aussi, par la grâce d'AM Rantet-Poux, pharmacienne et photographe, la plante de façon exhaustive, avec son cycle végétal, ses vertus médicinales résolutives (c'est l'herbe à la femme battue) ou dépuratives, ses risques, ses dangers, sa cuisine... Bref c'est le petit livre du répountchou, que chaque famille se devra d'avoir chez elle !
Plus de 50 photos illustrent le propos.
Pour vous faire une idée : https://issuu.com/vent-terral/docs/repountchou

"Le Répountchou qu'es aquo ?", M. Poux et AM Rantet-Poux, 
Editions Vent-Terral
84 pages 21x21, 12,00 euros

mercredi 8 mars 2017

Céline, arbitraire à rebours

Est-ce le propre des auteurs d'exception ? Toujours est-il que Céline excelle encore aujourd'hui à nourrir la chronique... et certains chroniqueurs. Ainsi P.A. Taguieff, philosophe en baisse de notoriété, et A. Duraffour, normalienne en mal de reconnaissance, viennent-ils de publier "Céline, le juif, la race" (Fayard), ouvrage de 1285 pages entièrement à charge, visant à tordre définitivement le cou à la "légende littéraire" et accessoirement aux "admirateurs idolâtres".
On connait depuis longtemps les turpitudes et la plume de Bardamu, écrits géniaux et/ou horribles. Mais qu'apportent donc Taguieff et Duraffour, comme révélations établissant que Céline était, en vrac, un sale type, un délateur cupide, informé du sort des juifs, payé par les nazis, agent d'influence hitlérien, etc..? Absolument rien. Ils énumèrent des citations et des propos connus depuis 80 ans ou plus, en les décontextualisant ; ils torturent et manipulent, pour ne pas dire falsifient, des textes déjà connus, et élaborés, souvent avec courage par des céliniens !
Au bout de 1300 pages, on a donc toujours le même Louis-Ferdinand ; par contre, les spécialistes de l'oeuvre de Céline, généralement admirateurs, sont ramenés à un quasi-statut de négationnistes, méritant l’opprobre et les sanctions que le politiquement correct contemporain (ou comptant pour rien) prévoit en ces cas-là.
Est-il seulement possible d'évoquer le médecin des pauvres, qui soigna des résistants et aida des amis juifs ?
Propos collaborationnistes, hors sujet dans ce livre dont on ne sait trop s'il se veut pamphlet commercial ou oeuvre d'historien. Par contre on se demandera s'il serait possible aujourd'hui, juridiquement parlant, de publier 1300 pages à la gloire de Céline, surtout en oubliant la face cachée du personnage ? On en doutera.
A t-on encore le droit de considérer la création littéraire ou artistique comme une fin en soi ?
Peut-on encore tabler sur l'intelligence du lecteur et sur sa capacité critique ?
A t-on encore le droit d'aimer Céline l'écrivain, tout en désapprouvant l'homme, sans être soupçonné de négationnisme ?

mercredi 1 mars 2017

Depardon, profil paysan

J'ai revu, ces deux derniers soirs sur la chaine Histoire, deux volets de la trilogie de Raymond Depardon "Profils paysans". Mon histoire n'est pas celle d'un citadin, et si le coeur me saigne, presque joyeux, c'est d'y avoir retrouvé les émotions du monde qui m'a vu naitre.
Que dire de "Profils paysans", si ce n'est que c'est un chef d'oeuvre ? Mais comment argumenter d'un chef d'oeuvre, lorsque celui-ci est bâti à l'inverse de ces produits contemporains qu'on nous inflige, et qu'hélas on s'arrache ?
Depardon filme, sur une période de 10 ans, quelques familles paysannes de Lozère, d'Ardèche ou de Haute-Loire, petits paysans en train de mourir. De cet univers taiseux et introverti, où l'affectif ne circule guère, le citadin retiendra la rudesse, la dureté, l'entêtement, sans en voir la tendresse étouffée. Mais ces hommes et ces femmes peinent à exprimer ce que la société moderne ne peut comprendre, voire entendre. On entend la détresse sourdre à chaque image, à chaque propos ; il n'y a pas qu'en banlieue que le no futur hante les hommes : ici, c'est la mort qui rôde, autour des vieux qui trimeront jusqu'à leur dernier souffle, autour des bêtes qui se raréfient, autour des fermes sans succession, autour des villages déserts, autour de leur monde qui est définitivement d'un autre temps. Ces paysans agonisent en hiver, et le printemps ne viendra plus.
Ce vieux monde triste et quasi muet, Depardon l'écoute, l'observe et en grave les émotions avec empathie et discrétion, avec pudeur mais sans misérabilisme aucun. Les images sont magnifiques, les plans sont fixes et longs. Le film est construit de silences, entrecoupés de rares phrases, le rythme est lent, la musique (l'Elégie de G. Fauré) est lancinante : le contraire de n'importe quel film ou documentaire contemporain. Sans folklore ni cliché néo-rural, l'auteur témoigne (même si l'on est aux antipodes d'un docu sociologique) sans pathos et crée une oeuvre tout en nuances de détresse et de racines, magnifiant l'épure avec le souvenir de ses propres origines.
C'est un chef d'oeuvre, voilà tout.

jeudi 23 février 2017

Janus Macron

Peut-être est-ce parce qu'il est En Marche qu'il est difficile à suivre... Chacun pensera ce qu'il voudra du postulat d'Emmanuel Macron, de sa revendication d'une parole supposée libre, individuelle et au-dessus des partis, de son rejet des sectarismes fossiles, de ses liens avec la finance, de son expérience du travail, de son obsession de dérèglementer, etc...
Mais qui est Emmanuel Macron ? Est-ce ce télévangéliste de meeting, lisant sur son prompteur avec des accents christiques d'ardentes vacuités ? Est-il le porte-parole d'une mondialisation heureuse, consumériste, individualiste et entrepreneuriale ? Est-ce cet ancien collaborateur de Paul Ricoeur ? Est-il le bras armé de ces élites incapables de comprendre que la vie des sociétés ne se résume pas à l'ubérisation de l'économie ? Est-il ce passionné de littérature qui "ne met rien au-dessus de l'écriture ?", affirmant qu'"il est impossible d'établir un lien entre le réel et la transcendance sans passer par l'écriture"? Est-il un esthète cultivé, ou bien le chantre post-historique de la grande déculturation ?
Durant ces derniers jours, il est celui qui a évoqué un crime contre l'humanité à propos de la colonisation : propos recevables mais calamiteusement exprimés. Il avait auparavant nié la notion de "culture française", lui préférant "des cultures en France" : même ses soutiens évoquent une stupidité liée à la fatigue. A l'inverse, interviewé dans l'Obs de la semaine dernière, il livre un témoignage et une réflexion de haute volée, attestant qu'on peut être Président et cultivé, ce dont le dernier quart de siècle nous avait fait douter.
Alors, Macron est-il le dernier avatar d'un progressisme devenu fou, ou le brillant premier génie d'un univers politique nouveau ? Une chose est sûre : il est capable de penser. Une autre ne l'est pas moins : le monde actuel ne s'y prête guère.

jeudi 9 février 2017

Canteloup, matraque et démocratie

La mode est à présent à ce que l'on croyait révolu depuis les heures des grands procès des dictatures communistes : avouer ses fautes en se couvrant de cendres publiquement. Ce matin jeudi, sur Europe 1, c'est Nicolas Canteloup qui se flagelle : "C'est moi qui mérite un coup de matraque sur les doigts ". Son sketch était "très très très très nul" (sic). Son voisin de studio, le Monsieur Loyal de l'émission, Thomas Sotto, le réconforte : "Je voulais t'embrasser plus fort que d'habitude !". Il parle de "belle chronique" et celui qui la veille trouvait le sketch "consternant"conclut : "Tu es un mec bien ! Bravo à tes auteurs !"...
Mais de quelle sordide vilénie l'imitateur s'était-il donc rendu coupable ? Un jour plus tôt, en relation avec un fait divers à Aulnay (ou un jeune a été violé par la matraque d'un policier) et imitant la voix de François Hollande, il avait osé, entre autres fredaines du même tonneau, "Pour Théo, j'ai rendu possible le mariage gay. Après l'épisode de la matraque, si Théo se découvre des sentiments sur le policier qui lui a introduit la matraque, ils pourront grâce à moi s'épouser". La polémique avait démarré sur le champ.
Alors oui, la vanne est nulle, facile, grasse et vulgaire. Même si faire rire tous les matins demande trop d'inspiration pour être toujours désopilant, il est des commodités à éviter. Cela étant, que lui reproche-t-on ? Si c'est le mauvais goût du propos, fort bien, mais on ne sache point hélas que cela soit interdit, sans quoi des centaines d'animateurs (?) de télé-réalité dormiraient depuis longtemps en prison, Cyril Hanouna en tête.
Sachant que la victime du fait divers d'Aulnay n'était pas offensée, se pourrait-il que ce soit une communauté qui se soit sentie "blessée" ? C'est probable, mais au fond peu importe. On constatera une fois encore que dès lors que quelqu'un n'aime pas l'expression d'un autre, il se déclare volontiers victime et entend faire taire cet autre. S'instille peu à peu ce poison moraliste qui, par la censure ou l'auto-censure, entend définir l'espace de l'expression. Même le bouffon que toléraient les monarques les plus autocrates n'a plus sa place dans la société, pavée de bonnes intentions, dont rêvent certains. Comme je l'ai souvent écrit ici, les formes nouvelles du fascisme seront plus insidieuses que celles du XXème siècle...

lundi 30 janvier 2017

Hamon tour

Ce n'est pas le nom d'un quelconque Barnum circus, et pourtant... "Si on n'est pas anarchiste à 16 ans, c'est qu'on n'a pas de coeur. Si on l'est encore à 40 ans, c'est qu'on n'a pas de tête.", disait l'écrivain Léo Malet, qui le fut. On a envie de transmettre cette remarque aux supporters de Benoit Hamon et de son revenu universel.
Celui-ci a réussi son objectif : mettre la main sur le PS, ou ce qu'il en restera. On nous répète à l'envi que les primaires à la présidentielle sont un exercice qui renforce la démocratie ; on pouvait espérer un débat sur le gouvernement de la France de 2017 (emploi, terrorisme, communautarisme, ...), on a eu droit à un congrès du PS, et à un futur désirable par la grâce d'un assistanat généralisé.
On peut reconnaitre à B. Hamon, qui fut un temps rocardien, d'avoir relancé un débat devenu exsangue, avec des idées et propositions nouvelles qui lui ont permis une bonne campagne. Mais l'apparatchik, ex-président du Mouvement des Jeunes socialistes (l'école du vice, selon l'orfèvre Mitterrand) ne manque pas d'air lorsqu'il affirme benoitement qu'une mesure dont le coût équivaut peu ou prou au budget de l'Etat ne coûtera presque rien puisqu'il s'agirait d'un simple transfert de charges ! Depuis George Marchais on n'avait rien fait de mieux...
Jaurès est-il mort, remplacé par Nicolas Hulot ? Peut-être pas, mais l'idée de revenu universel nous semble être un enfant monstrueux, fruit des amours hélas légitimes d'un(e) économiste et d'un(e) sociologue. Ces spécialistes du tableau noir ou de Powerpoint font de belles constructions qui n'ont qu'un défaut, celui d'être brouillées avec le concret et le réel lorsqu'on veut les appliquer (cf. les 35 heures). 
On a beau savoir que la mesure ne sera jamais appliquée sur une grande échelle, il n'est pas inutile de voir ce qu'elle signifie. Comme souvent, la France contemporaine va faire rigoler tout le restant de la planète, notamment les continents que notre revenu universel pourrait tenter... Plus grave, c'est l'idée de  l'émancipation des individus (on n'ose plus dire des travailleurs) qu'on abandonne, au profit d'un idéal  de ZAD... "L'Histoire ne dispensera jamais les hommes de la vaillance et de la noblesse individuelles", écrivait Jaurès du temps où il était vivant...

mardi 24 janvier 2017

Froidures

Ainsi qu'en atteste la mention située au-dessus de ce titre, nous sommes en janvier. Et janvier cette année tombe semble-t-il en hiver, puisqu'il fait froid. Mais attention, nous dit-on, il faut distinguer le froid réel (au cas où il serait tiède) et le froid ressenti, qui fait davantage claquer les dents. L'Humanité était parvenue jusqu'au XXIème siècle sans qu'on lui ait expliqué que le froid se ressentait. Le chaud aussi, probablement, mais ne gageons de rien.
Dès lors, pour se mettre à l'abri de tout procès, nos institutions font leur travail, c'est-à-dire qu'elles communiquent, pour le plus grand plaisir des agences spécialisées qui sauront bien se montrer reconnaissantes un jour, si nécessaire : la Mairie de Paris ordonne de se couvrir d'une couche supplémentaire ; le Ministère de la Santé fait diversion de ses problèmes habituels, en affrontant la grippe (la grippe en hiver, grands dieux !) et en recommandant de se moucher dans des Kleenex ; je ne sais quelle engeance nous conseille de couvrir les extrémités (mains, tête, pieds) dont on ignore trop souvent qu'elles sont les plus exposées, et de sortir le moins possible. Le Ministère de l'Intérieur se refait le moral entre deux attentats en rappelant que c'est le plus souvent en hiver qu'on trouve du verglas...
Tout cela pourrait simplement porter à rire, si l'on était sûr de l'inutilité de la chose. Malheureusement, il est fort possible que l'hominidé de notre temps avoue en avoir besoin.
C'est le même qui vote. 

mercredi 11 janvier 2017

Jacques Julliard, pour l'honneur

"L'Histoire en marche" n'est pas un de ces manifestes macroniens à la mode, mais une émission de la chaine Histoire, un long entretien avec un intellectuel ; hier soir l'invité se nommait Jacques Julliard.
Je ne sais s'il faut considérer prioritairement JJ comme un journaliste, un historien, un professeur ou un philosophe, et peu importe d'ailleurs. Il n'en demeure pas moins que cette émission fut une heure de pur bonheur intellectuel.
Que mon parcours "idéologique" ait été, toutes proportions gardées, assez parallèle de Julliard est sans doute source de subjectivité, mais reconnaissons que rares sont les penseurs "de gauche" à affronter avec courage l'inventaire et le bilan de certaines des idées qui ont animé celle-ci depuis quelque temps déjà. Faire ce bilan n'est pas une fin en soi ni une solution pour demain, mais il est pour le moins nécessaire, et Julliard le fait avec intégrité, en mettant l'Histoire au coeur de l'analyse.
Cet intellectuel chrétien et républicain parle sans ambages de la vacuité actuelle de la pensée de gauche, de l'argent, du récit national (et non du roman), de l'islamo-gauchisme, de l'histoire du socialisme, de Proudhon et de Saint-Simon, du vivre ensemble ou de la laïcité. A-t-il raison ? Je ne sais, mais ils sont rares à affronter, autrement que par des incantations, le réel d'aujourd'hui autour de ces thèmes.
Jacques Julliard refuse d'abandonner ces débats à la droite. Rien que par sa quasi-solitude, il relève l'honneur des intellectuels de gauche.

Dernières publications : Les gauches françaises (2012), La gauche et le peuple (avec JC Michéa, 2014), Le choc Simone Weil (2014), L'école est finie (2015), le tout chez Flammarion.

mercredi 4 janvier 2017

Bilan de l'année écroulée

Que l'Histoire retiendra-t-elle de 2016 ? Les attentats, bien sûr, dont on peut craindre la banalisation ; en politique, des primaires qui méritent de plus en plus leur nom ; la mort d'Umberto Eco ; Eric-Emmanuel Schmidt et Virginie Despentes au jury Goncourt (je n'arrive pas à m'y faire) ; Dylan Nobel de Littérature (non plus) ; Edouard Louis au tribunal pour avoir, parait-il, inversé le sens de l'inspiration entre réalité et fiction...
Que l'Histoire retienne ce qu'elle voudra, et priez Dieu que tous nous veuille absoudre. Nous voici à présent en 2017. Recevez donc mes voeux, et formons ensemble quelques souhaits, que l'actualité, les élections et toussa n'oublient pas de respecter la pensée et l'intelligence, plutôt malmenées ces derniers temps au milieu des menaces blondes ou barbues qui pèsent sur elles...
Je vous parlerai très bientôt de mon actualité ; d'ici là, portez-vous bien, bonne année et meilleurs voeux !