lundi 30 janvier 2017

Hamon tour

Ce n'est pas le nom d'un quelconque Barnum circus, et pourtant... "Si on n'est pas anarchiste à 16 ans, c'est qu'on n'a pas de coeur. Si on l'est encore à 40 ans, c'est qu'on n'a pas de tête.", disait l'écrivain Léo Malet, qui le fut. On a envie de transmettre cette remarque aux supporters de Benoit Hamon et de son revenu universel.
Celui-ci a réussi son objectif : mettre la main sur le PS, ou ce qu'il en restera. On nous répète à l'envi que les primaires à la présidentielle sont un exercice qui renforce la démocratie ; on pouvait espérer un débat sur le gouvernement de la France de 2017 (emploi, terrorisme, communautarisme, ...), on a eu droit à un congrès du PS, et à un futur désirable par la grâce d'un assistanat généralisé.
On peut reconnaitre à B. Hamon, qui fut un temps rocardien, d'avoir relancé un débat devenu exsangue, avec des idées et propositions nouvelles qui lui ont permis une bonne campagne. Mais l'apparatchik, ex-président du Mouvement des Jeunes socialistes (l'école du vice, selon l'orfèvre Mitterrand) ne manque pas d'air lorsqu'il affirme benoitement qu'une mesure dont le coût équivaut peu ou prou au budget de l'Etat ne coûtera presque rien puisqu'il s'agirait d'un simple transfert de charges ! Depuis George Marchais on n'avait rien fait de mieux...
Jaurès est-il mort, remplacé par Nicolas Hulot ? Peut-être pas, mais l'idée de revenu universel nous semble être un enfant monstrueux, fruit des amours hélas légitimes d'un(e) économiste et d'un(e) sociologue. Ces spécialistes du tableau noir ou de Powerpoint font de belles constructions qui n'ont qu'un défaut, celui d'être brouillées avec le concret et le réel lorsqu'on veut les appliquer (cf. les 35 heures). 
On a beau savoir que la mesure ne sera jamais appliquée sur une grande échelle, il n'est pas inutile de voir ce qu'elle signifie. Comme souvent, la France contemporaine va faire rigoler tout le restant de la planète, notamment les continents que notre revenu universel pourrait tenter... Plus grave, c'est l'idée de  l'émancipation des individus (on n'ose plus dire des travailleurs) qu'on abandonne, au profit d'un idéal  de ZAD... "L'Histoire ne dispensera jamais les hommes de la vaillance et de la noblesse individuelles", écrivait Jaurès du temps où il était vivant...

mardi 24 janvier 2017

Froidures

Ainsi qu'en atteste la mention située au-dessus de ce titre, nous sommes en janvier. Et janvier cette année tombe semble-t-il en hiver, puisqu'il fait froid. Mais attention, nous dit-on, il faut distinguer le froid réel (au cas où il serait tiède) et le froid ressenti, qui fait davantage claquer les dents. L'Humanité était parvenue jusqu'au XXIème siècle sans qu'on lui ait expliqué que le froid se ressentait. Le chaud aussi, probablement, mais ne gageons de rien.
Dès lors, pour se mettre à l'abri de tout procès, nos institutions font leur travail, c'est-à-dire qu'elles communiquent, pour le plus grand plaisir des agences spécialisées qui sauront bien se montrer reconnaissantes un jour, si nécessaire : la Mairie de Paris ordonne de se couvrir d'une couche supplémentaire ; le Ministère de la Santé fait diversion de ses problèmes habituels, en affrontant la grippe (la grippe en hiver, grands dieux !) et en recommandant de se moucher dans des Kleenex ; je ne sais quelle engeance nous conseille de couvrir les extrémités (mains, tête, pieds) dont on ignore trop souvent qu'elles sont les plus exposées, et de sortir le moins possible. Le Ministère de l'Intérieur se refait le moral entre deux attentats en rappelant que c'est le plus souvent en hiver qu'on trouve du verglas...
Tout cela pourrait simplement porter à rire, si l'on était sûr de l'inutilité de la chose. Malheureusement, il est fort possible que l'hominidé de notre temps avoue en avoir besoin.
C'est le même qui vote. 

mercredi 11 janvier 2017

Jacques Julliard, pour l'honneur

"L'Histoire en marche" n'est pas un de ces manifestes macroniens à la mode, mais une émission de la chaine Histoire, un long entretien avec un intellectuel ; hier soir l'invité se nommait Jacques Julliard.
Je ne sais s'il faut considérer prioritairement JJ comme un journaliste, un historien, un professeur ou un philosophe, et peu importe d'ailleurs. Il n'en demeure pas moins que cette émission fut une heure de pur bonheur intellectuel.
Que mon parcours "idéologique" ait été, toutes proportions gardées, assez parallèle de Julliard est sans doute source de subjectivité, mais reconnaissons que rares sont les penseurs "de gauche" à affronter avec courage l'inventaire et le bilan de certaines des idées qui ont animé celle-ci depuis quelque temps déjà. Faire ce bilan n'est pas une fin en soi ni une solution pour demain, mais il est pour le moins nécessaire, et Julliard le fait avec intégrité, en mettant l'Histoire au coeur de l'analyse.
Cet intellectuel chrétien et républicain parle sans ambages de la vacuité actuelle de la pensée de gauche, de l'argent, du récit national (et non du roman), de l'islamo-gauchisme, de l'histoire du socialisme, de Proudhon et de Saint-Simon, du vivre ensemble ou de la laïcité. A-t-il raison ? Je ne sais, mais ils sont rares à affronter, autrement que par des incantations, le réel d'aujourd'hui autour de ces thèmes.
Jacques Julliard refuse d'abandonner ces débats à la droite. Rien que par sa quasi-solitude, il relève l'honneur des intellectuels de gauche.

Dernières publications : Les gauches françaises (2012), La gauche et le peuple (avec JC Michéa, 2014), Le choc Simone Weil (2014), L'école est finie (2015), le tout chez Flammarion.

mercredi 4 janvier 2017

Bilan de l'année écroulée

Que l'Histoire retiendra-t-elle de 2016 ? Les attentats, bien sûr, dont on peut craindre la banalisation ; en politique, des primaires qui méritent de plus en plus leur nom ; la mort d'Umberto Eco ; Eric-Emmanuel Schmidt et Virginie Despentes au jury Goncourt (je n'arrive pas à m'y faire) ; Dylan Nobel de Littérature (non plus) ; Edouard Louis au tribunal pour avoir, parait-il, inversé le sens de l'inspiration entre réalité et fiction...
Que l'Histoire retienne ce qu'elle voudra, et priez Dieu que tous nous veuille absoudre. Nous voici à présent en 2017. Recevez donc mes voeux, et formons ensemble quelques souhaits, que l'actualité, les élections et toussa n'oublient pas de respecter la pensée et l'intelligence, plutôt malmenées ces derniers temps au milieu des menaces blondes ou barbues qui pèsent sur elles...
Je vous parlerai très bientôt de mon actualité ; d'ici là, portez-vous bien, bonne année et meilleurs voeux !