samedi 23 juillet 2011

Le retour de l'épervier

Les éditions Omnibus publient "Les Années sauvages", un recueil de cinq romans de Jean Carrière, de ceux qui suivirent l'Epervier de Maheux.
J'ai longtemps cherché ce qui fut le Prix Goncourt 1972, avant de le trouver il y a un an chez un bouquiniste des quais de Seine. Devenu introuvable ce livre qui connut pourtant un immense succès (2 millions d'exemplaires, pour prendre une aune de nos jours) valut à Jean Carrière (cet "exagéré sentimental") une terrible décompression, et la dépression qui s'en suivit fut une horreur. Pas comme celle, par exemple, qui valut un autre Goncourt, plus récent, à un belge désormais académicien. Quoi qu'il en soit, l'évolution éditoriale fit que le talent du cévenol ne retrouva jamais la voie du succès.
Si j'évoque ici Jean Carrière, c'est qu'il y avait en lui ce souffle puissant et spirituel, ce sens de la terre et des hommes que je n'ai connu que chez Giono. C'est aussi pour mesurer ce qui sépare un Goncourt 1972 d'un Goncourt d'aujourd'hui.
Sic transit gloria mundi.

lundi 4 juillet 2011

Déjà parus...

Avant d'aller plus loin sur mes (proches) parutions à venir, un rappel des "déjà parus", chez Elytis depuis 2002 :
Voir ci-dessous les billets des 31/03, 05/04, 12/04,21/04...

     . 2007 : Histoires peu ordinaires à Toulouse, 124 pages, 13.50 euros
     . 2006 : Histoires peu ordinaires au Cap Ferret, 124 pages, 13.50 euros
     . 2005 : Week-end à Schizoland, 156 pages, 16.00 euros
     . 2002 : La branloire pérenne, 224 pages, 16.80 euros.

Disponibles dans toutes les librairies, chez l'éditeur (elytis-edition.com) ou chez l'auteur (pouxmichel@neuf.fr ou message dans les commentaires ci-dessous).
J'évoquerais très bientôt le cinquième titre (en fabrication...).

vendredi 1 juillet 2011

Pour Céline

Vu et entendu hier soir, sur la chaine Histoire, une soirée spéciale Louis-Ferdinand Céline. Je dis bien vu et entendu, car c'est la première fois que j'entends des textes de l'auteur, et j'avoue une découverte : les phrases de Céline ont un son et une musique. Non seulement il explosé la langue mais il a donné son rythme.
Extraits de films d'il y a 40 ans ou plus (Polac, de Roux, Dumayet, Barjavel, Pauwels, Michel Simon...), d'un temps où il fallait fumer face à la caméra, où l'Audimat n'existait pas, où l'exigence à la télévision ne rebutait pas.
Et ce bonhomme, que l'on voulait affreux (voir notre billet du 15 Mai), à la voix si douce, au propos si noir et si perspicace, qui serait tellement nécessaire aujourd'hui face à la vacuité politiquement correcte... "Tous les impuissants regorgent d'idées", assène t-il. Certes.
On peut reprocher bien des choses à ce médecin obsédé par le microbe, hygiéniste et buveur d'eau, volontiers morbide et masochiste ; on pourrait objecter à contrario qu'il fut obsédé par la souffrance humaine, qu'il la pourchassa au fond de la banlieue, pour l'y soigner gratuitement et y chercher quelque espoir en l'humanité. Pour le reste, il est un homme de son temps, y compris et surtout dans ses maladresses, qui éructa plus fort que les autres (ou avec davantage de talent), à ceci près que lui ne collabora pas.
Pour complexe et nihiliste qu'il fût, l'homme, parfois pas plus sympathique que ses pamphlets, s'efface derrière un tel génie littéraire ; que ses contempteurs continuent à cracher sur le doigt, le poète Bardamu montre encore la lune...