jeudi 22 janvier 2015

Goncourt 2014 : regrets sur une occasion ratée.

Ainsi que je l'avais écrit dans un précédent billet, j'aime assez Lydie Salvayre et attendais de lire "Pas pleurer", attiré à la fois par l'histoire personnelle de l'auteur, par la guerre d'Espagne en elle-même et la référence à Bernanos. Sans doute ces espoirs étaient-ils démesurés, puisqu'il me reste de la lecture un sentiment mitigé.
Entendons-nous : ce Goncourt est très honorable ; une histoire personnelle est toujours touchante, et l'auteur fait preuve d'une bonne intégrité intellectuelle face à des évènements très complexes. Cependant, sur le plan de l'écriture, celle-ci me parait demeurer très contemporaine, c'est-à-dire sans style ni recherche ; on peut trouver intéressant le "fragnol", on peut apprécier (ou non, car à mon avis plus prétentieux que convaincants) quelques tics d'écriture, mais le tout reste quelque peu plombé.
Un autre grand regret s'ajoute à cela : la référence à Georges Bernanos était une opportunité merveilleuse pour enlever le récit et le regard sur l'Histoire. Au lieu de cela, on a un apport intéressant mais pauvre au regard de ce qu'il aurait pu générer dans l'ouvrage. Bernanos se trouve ramené à une pauvre dimension de militant chrétien honnête, qui rompt avec son camp au vu des pratiques de celui-ci...
Même s'il demeure intéressant à lire, à consommer pourrait-on dire, le livre de Lydie Salvayre me parait souffrir d'un manque d'ambition et d'élan, et plus encore de panache et de hauteur de vue. Dommage, à moins que ce ne soit le marketing qui exige de plus en plus de simplification...
Ah, j'allais oublier : il aura fallu attendre 2014 pour qu'un Goncourt écrive "entièrement décimée"...

samedi 10 janvier 2015

Emotions

Toujours la même colère, que l'actualité de chaque jour nourrit de sang, de monstruosité et de bêtise ; je n'aurais jamais cru être réchauffé par une Marseillaise, pourtant celle entonnée spontanément par le public au coup d'envoi du match de rugby Paris-Castres m'a semblé porter en elle quelque chose comme de l'espoir.
Entendu aussi souvent ces jours-ci l'indicatif de Radioscopie. Une musique qui m'étreint la gorge, no comment, comme à beaucoup d'autres sans doute.
Et des images du Grand Echiquier, quand avec de la volonté, de l'exigence et du goût, la télévision populaire devenait si facile à faire...
Et Yves Rouquette, de ceux qui firent "renaitre" la langue d'Oc...
Les disparitions sont-elles nécessaires pour apprécier le vide ?

jeudi 8 janvier 2015

Barbares !

On pouvait aimer, ou non, Charlie Hebdo ; on pouvait apprécier ses dessinateurs, sans être pour autant fan de la ligne éditoriale du journal ; on pouvait trouver l'excès ou la provocation -la caricature, donc- parfois bien commode. Pourtant, Charlie Hebdo représentait l'essence de ce qui se meut au sein d'une démocratie vivante, avec ses fragilités et ses imperfections, mais comme le coeur de nos valeurs.
Ce matin, la preuve est faite qu'il ne suffit pas de fuir un combat pour que les assassins s'abstiennent. C'est dans l'âme même de nos idées de liberté que la guerre est portée. Quelles armes nous faut-il prendre ? Pas celles des intégristes, bien sûr, mais pas non plus celles des beaux parleurs. Alors à chacun de prendre conscience des enjeux, individuellement, et et aux groupes sociaux les plus exposés aux amalgames de prendre la tête de la réaction. Sinon ce sont d'autres extrémistes qui feront le jeu des islamo-fascistes.
Nous savons aujourd'hui que le pire peut être sûr et que, en même temps que la liberté, l'humour ou la démocratie, c'est simplement l'intelligence qu'il faut défendre, avec fermeté. La colère n'est parait-il pas bonne conseillère, pourtant j'espère qu'elle ouvrira nos yeux.