vendredi 30 décembre 2022

2022, pour fermer le ban...

Longtemps je me suis résigné de bonne heure, et ce n'est pas la fin d'année que nous vivons qui sera de nature à me requinquer. Ou, plus sérieusement, elle n'avivera pas beaucoup de regrets. Même s'il est encore un peu tôt pour tirer un bilan de cette année écroulée, ce sont bien les constats négatifs qui se sont accumulés.

Ainsi, en réaction à Poutine, c'est toute la culture russe qui a été vouée aux gémonies ; ainsi, ce sont de nombreuses polémiques qui se sont abattues sur le monde de la BD ; bien sûr, les débats autour du récent prix Nobel de littérature n'ont pas contribué à relever le niveau des échanges ; bien sûr chaque camp a déploré les initiatives de censure du camp d'en face, néocons contre woke ; bien sûr... la liste est longue.

Et pour finir l'année avec panache, Houellebecq, as du marketing, a trouvé le moyen de refaire le buzz en stigmatisant les musulmans. On a beau savoir les medias gourmands et la Grande Mosquée de Paris pas forcément désintéressée dans l'affaire, on regrettera que l'écrivain ne s'en tienne à sa seule plume plutôt que de faire de l'animation dans les prétoires.

Bref on aura compris que 2022 ne me laissera pas trop de souvenirs nostalgiques. Ce qui laisse plus facilement espérer que 2023 sera meilleur ? ya pas de raison... En attendant, bonne fin d'année.

jeudi 15 décembre 2022

Prix Nobel, prolongations... suite

Le duel Ernaux-Houellebecq se poursuit, par le biais de thuriféraires plus ou moins autorisés et plus ou moins opportuns, mais c'est ainsi. Et, par le plus grand des hasards, il m'est revenu en mémoire un échange dans une librairie où je dédicaçais je ne sais plus lequel de mes ouvrages. Avec un lecteur dédicataire, nous avions devisé des mérites comparés de Marcel Aymé et de Céline, entre autres considérations sur la littérature du milieu du XXème siècle. Ce fut une très belle rencontre, peut-être la plus intéressante de toutes celles que mes dédicaces ont permis. Mais pour en revenir à ces deux auteurs, nous étions tombés d'accord pour dire que ce qui donnait plus de charme à M. Aymé qu'à Céline c'était finalement l'humour : Aymé avait de l'humour là où Céline avait de la bile.

Considérons aujourd'hui Ernaux et Houellebecq : si les livres du second, aussi noirs puissent-ils être parfois, témoignent toujours de cet humour qui les rend plus aimables, je défis par contre quiconque de trouver la moindre once d'humour dans les écrits et les propos d'Annie Ernaux. Il y a peu à parier que cela lui vienne désormais : si le Nobel a tranché en sa faveur, la postérité pourrait bien choisir Houellebecq.

mardi 13 décembre 2022

Prix Nobel : prolongations...

Annie Ernaux a donc reçu le Prix Nobel de littérature. Mais la chose continue à faire des remous : sa rivalité ultime avec Michel Houellebecq a fracturé le pays en deux clans, comme aux plus belles heures d'Anquetil et de Poulidor. Ou plutôt il semble bien que la division recoupe celle de la politique d'antan, avec nolens volens Ernaux puisant à gauche et Houellebecq moissonnant à droite.

Ce constat est attristant, car il ne reconnait pas les avis qui s'émancipent de leur faction (et dont l'Histoire montre qu'ils ont souvent raison) ; et surtout il tend à prouver qu'une récompense pourrait ne se justifier que par le postulat et l'engagement politiques, ce qui dévalorise le travail de l'auteur primé. Restent quand même, en l'occurrence pour le Nobel 2022, une opposition fondamentale : d'aucuns fustigent l'écriture névro-nombriliste de Ernaux (autofiction, complexe de classe et féminisme), attribuant à Houellebecq une dimension plus globale et mieux fouillée, voire visionnaire. Et le camp d'en face salue les combats de la nobelisée et pourfend les dérives réactionnaires de son challenger. Dans les deux cas on peut faire mieux comme argumentation.

A chacun de se faire sa propre opinion, si possible face à la seule aune littéraire. On peut quand même sourire en entendant Annie Ernaux reprocher à Houellebecq non seulement ses idées mais "son écriture plate" qui le rend "facile à  traduire", et qui expliquerait son succès planétaire. Ce n'est pas la première fois qu'un hôpital se fout de la charité, mais à ce point-là c'est rare, et notre Prix Nobel en devient mesquine et grotesque.

vendredi 9 décembre 2022

L'Etat, l'art, la culture... Exemple.

Il est injuste de dire que notre Etat jacobin n'est qu'omniscient, omnipotent et ventripotent : il est aussi incompétent. Exemple, en juin dernier, suite au déménagement d'Agro Paris Tech (Inrae, etc...) du chateau de Grignon, le ministère de l'Agriculture organise la vente aux enchères du vieux mobilier. Celui-ci est stocké, nous dit le Canard enchainé, dans un "grenier" qui rebute les deux agents de France Domaines venus l'expertiser : ceux-ci se contenteront de quelques photos "de très mauvaise qualité"...

Evalués comme étant banalement "de style" par FD, vingt sièges sont mis à prix à 170 euros, et l'enchère atteint 6240 euros. Problème, les bergères une fois dépoussièrées vaudraient, selon les spécialistes, entre 300 000 et 500 000 euros : ce sont d'authentiques Louis XVI signés Sené. Autre exemple : une console mise à prix 40 euros, vendue 2250, se retrouve quelques semaines plus tard à Drouot où elle en vaut 13 000. Il s'est trouvé quelques amateurs plus perspicaces, ou mieux informés, pour trouver le bon filon.

Autre info simultanée, j'apprends que la Délégation régionale des Affaires culturelles d'Occitanie a enfin un nouveau directeur. C'est heureux : sans compter les contractuels et les stagiaires, ils étaienet 264 fonctionnaires à l'attendre.

Je note cela simplement car ce sont deux infos du même jour ; sinon ça n'a sans doute rien à voir.