vendredi 28 mai 2021

Macron et les langues régionales : enfin... ?

 Après la censure de sa loi par le Conseil constitutionnel (voir les billets précédents), Paul Molac avait annoncé viser carrément une modification de la Constitution, notamment l'article 2 : postulat sympathique mais pour le moins optimiste dans notre France immuablement jacobine.

Mais, dernier élément en date de nature à redonner espoir, la déclaration du Président de la République. "Les langues régionales sont un trésor national. Toutes ne cessent d'enrichir notre culture française.Rien ne saura entraver..." l'enseignement immersif de ces langues régionales. "Le droit doit libérer, jamais étouffer. Ouvrir, jamais réduire."

Il a demandé au gouvernement et au Parlement de trouver les moyens de garantir la transmission de cette diversité linguistique, reconnue depuis un demi-siècle. Nous verrons bien, mais prenons acte de la déclaration d'Emmanuel Macron, qui nous avait habitués, en ce domaine comme en d'autres, à des propos contradictoires. L'approche de la présidentielle n'y est peut-être pas pour rien, ou les mots très forts de Bayrou, ou ceux de Le Drian. Jean Castex parle de "mission de courte durée" pour décoincer rapidement la situation... Chiche ?

lundi 24 mai 2021

Langues régionales, modernité et archaïsmes...

Ca n'a pas trainé. On a coutume de dire que le pire n'est jamais sûr, mais quand il s'agit de nos langues régionales et des hautes instances juridiques de ce pays, la réponse tient en deux lettres : si. Le Conseil constitutionnel a donc retoqué la loi Molac (voir billet de la semains dernière).

C'est presque une histoire de cornecul ; les députés qui avaient saisi le CC à propos de l'article du financement solidaire des collectivités face à la carte scolaire font chou blanc : l'article est validé ! Par contre le CC donne un avis que personne ne lui avait demandé : l'enseignement immersif est déclaré contraire à l'article 2, qui dit que le français est la langue de la République. Et pour faire bonne mesure interdit les signes diacritiques (comme le tilde breton) propres à une langue régionale. En clair, le Conseil constitutionnel continue à s'opposer à l'enseignement par les calandretas, les ikastolas, les diwan, etc...qui pratiquent depuis cinquante ans, sous statut privé, un enseignement immersif reconnu, dont même les études de l'Education nationale saluent les résultats !

Grâce à quelques députés de la start-up nation, alliés à quelques franchouillards aussi sectaires qu'incultes, la France va encore s'enorgueillir d'être le seul pays monolingue et monolithique ; le tout à coups d'arguments frelatés et au nom d'une définition de la "modernité" très française, quand tous les autres pays comparables font l'inverse : où sont les ploucs ?

Paul Molac continue son combat, et entend obtenir une modification de l'article 2. Autant dire qu'il n'est pas au bout de ses peines. On se consolera en appréciant que le reste de la loi Molac soit acquis, et que pour cela une large majorité trans-partis s'était dégagée ; on notera l'exception de la France insoumise, qui a renoué avec des méthodes staliniennes pour voler au secours du jacobinisme vacillant. La députée ariégeoise qui avait voté pour s'est fait remonter les bretelles et a dû se rétracter : qu'on la fasse défiler, tête couverte de cendres et pancarte autour du cou, de Nation à République... Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !


dimanche 16 mai 2021

Modernité des langues régionales

Avec l'adoption récente par l'Assemblée nationale de la loi Molac sur la protection patrimoniale des langues régionales et leur promotion, on pouvait croire que la France allait enfin reconnaitre sa vieille diversité culturelle, à l'instar de bien de ses pays voisins. Jusqu'à ce qu'un contingent de députés, majoritairement LREM et LR, ne saisisse le Conseil constitutionnel. Comme d'habitude, pourrait-on dire. Avec toujours les mêmes arguments sur la protection de la République, une et indivisible, ou le péril communautariste, arguments frelatés où l'inculture le dispute à la mauvaise foi.

Car enfin cette loi est surtout une modernisation des diverses lois existantes ; la loi Deixonne de 1951 définissait déjà ces langues régionales comme des langues parlées sur le territoire national depuis plus longtemps que le français, devenu langue commune. Ce qui exclut donc les "langues minoritaires", comme l'arabe, le turc ou d'autres, qui font si peur à certains.

Les langues régionales, depuis une loi de 2008, sont reconnues comme patrimoine de la France : leur promotion relève de l'entretien de ce patrimoine. Rien ne sera imposé aux élèves ou aux parents, et l'enseignement par immersion demeure facultatif : il y aura simplement une pression sur les établissements publics pour proposer des cours de langue régionale, comme cela existe depuis 50 ans dans les conventions entre établissements privés et Education nationale.

 La loi Molac complète les dispositifs existants et intègre les langues régionales dans la définition du patrimoine immatériel, en même temps que le français par la même occasion. Cette complémentarité entre le français "langue commune" et la diversité des langues régionales a le mérite de redorer le blason de toutes les langues de l'hexagone, à une époque où toutes sont malmenées, le français en premier : loin d'être une menace de fabrique identitaire, elle permettra à la société française de se réconcilier avec la multiplicité de ses racines tout en gardant le fançais en commun. Ne nous y trompons pas : ceux qui aiment les langues régionales sont aussi des amoureux de la langue française.

jeudi 13 mai 2021

Précarités

On sait que les années de "crise", comme par exemple celle que nous vivons, comptent pour dix. Ainsi verra-t-on en deux ou trois ans (hypothèse) de Covid les mêmes mutations qu'en vingt ans d'années dites normales. Et les effets sur "la culture" s'annoncent sanglants.

Bien sûr, ce secteur n'en aura pas l'exclusivité ; combien restera-t-il de bars ou de restaurants, voire de commerce indépendants ? on n'ose y penser. Bien sûr, les mutations seront sans doute à la fois comportementales et technologiques : ainsi verra-t-on sur les écrans des prestations numérisées de concerts, d'opéras, de festivals... et s'y habituera-t-on. Mais des changements historiques vont bouleverser ce qui a caractérisé le dernier demi-siècle. Pour le meilleur ou plus souvent pour le pire.

Peut-être constaterons-nous un ralentissement, faute de crédits publics, de ces activités juste narcissiques, de ces "créations" qui parlent aux seuls professionnels de la profession, et qui ont généré tant d'artistes (?) autoproclamés. Peut-être faudra-t-il à nouveau acquérir un minimum de légitimité pour pouvoir être reconnu... Il n'en reste pas moins que de nombreux artistes, comédiens, techniciens, auteurs vont voir s'éteindre leurs perspectives.

Certes cette situation n'a rien de neuf, et dans l'histoire le propre des artistes a souvent été de galérer. A commencer par les plus grands, quand le biberon d'Etat n'existait pas. Il n'empêche qu'aujourd'hui ce qui fait le sel de ces activités culturelles, que les français plébiscitent quand ils en sont privés, a besoin de ces mains, grandes ou petites, qui oeuvrent souvent dans la modestie. Certes il existe des régimes de protection sociale plus ou moins  adaptés, comme celui des intermittents, mais aussi beaucoup de CDD. Beaucoup travaillaient régulièrement, mais qu'en sera-t-il lorsque les mesures "Quoi qu'il en coûte" se tariront ?

Si l'on ajoute à cela la réforme des droits Assedic qui va particulièrement frapper cette population, on peut craindre un carnage social, qui illustrera bien l'évolution de notre époque. Quand certains artistes dit contemporains brassent des milliards, d'autres qui font la culture vivante vont sombrer dans la misère. Ainsi va le monde.

mercredi 5 mai 2021

Brassens, Nougaro et moi...

 Bon, j'exagère un peu, mais voyez Service Littéraire de ce mois de mai, à propos de L'Ame des chemins creux...