jeudi 31 mars 2016

Aymé, sans perdre la raison...

Au fil de mes surfitudes, je suis tombé il y a peu, fréquentant le site Bibliobs, sur deux articles d'intérêt. Le premier, sur le blog de Pierre Jourde, s'intitule "Angot dit l'essentiel sur Duras", et on ne saurait trop recommander cette exécution de Mme Angot, experte en vacuité et foutage de gueule : l'humour de Jourde est féroce.
L'autre article "Le jour ou Bernard Frank a sorti Marcel Aymé du congélateur" reprend une chronique de l'an 2000 du regretté Bernard Frank. Le pitch du billet est simple : Frank redécouvre Marcel Aymé (mort en 1967) et son œuvre, pour en célébrer, y compris dans ses défauts et ses limites, son éternelle modernité, encore que ni l'un ni l'autre de ces deux auteurs n'aient aimé ce terme... Humour, mesure, détachement et hauteur de vue font de ses ouvrages de bons livres à lire ou relire, quel que soit l'air du temps et de l'actualité.
Peut-être parce que Aymé, par ailleurs ami et modèle de Brassens, eut cette lucidité populaire, que l'on nomme bon sens, tout au long de sa carrière et de sa vie, y compris dans des époques où la liberté d'esprit pouvait valoir quelques ennuis. Il les connut, brièvement, à la Libération. Fidèle en amitié et retors aux idéologies, il s'y révéla pourtant plus intègre que bien des épurateurs...
J'ai travaillé sur Aymé, dans le cadre d'un roman en cours ; j'ai relu ces jours-ci quelques uns de ses livres. Je vous laisse en faire autant, selon votre choix, entre La Jument verte, Uranus, Travelingue, Le Passe-murailles, et beaucoup d'autres... parce qu'il est, plus que jamais, urgent de cesser de consommer des idées en boite.

mercredi 16 mars 2016

Ouvrages de Michel Poux déjà parus

Un petit rappel de mes ouvrages déjà parus...

          .  Mona Lisa ou la clé des champs -L'Harmattan 2014
          .  Passeport pour le Pays de Cocagne - Elytis 2012
          .  Aveyron Croatie, la nuit - L'Harmattan 2011
          .  Histoires peu ordinaires à Toulouse - Elytis 2007
          .  Histoires peu ordinaires au Cap-Ferret - Elytis 2006
          .  Week-end à Schizoland - Elytis 2005
          .  La branloire pérenne - Elytis 2002

En vente dans toutes les librairies, chez l'auteur (laissez un commentaire) ou l'éditeur.
Pour les ouvrages publiés chez l'Harmattan, disponible aussi en version numérique (www.harmattan.fr).

jeudi 3 mars 2016

Le Goff : malaise dans la démocratie... et dans sa critique

Jean-Pierre Le Goff n'a pas un parcours bien original : activiste en 68, puis maoïste investi, il se retrouve aujourd'hui classé parmi ces intellectuels "néo-réacs" à la mode. Faut-il conclure à une simple évolution dans l'air du temps, selon une expression qu'il utilise souvent ? Pas seulement.
D'abord sa critique de l'extrême-gauche soixante-huitarde et de son aveuglement a été pertinente, distinguant notamment les subjectivités des individus (leurs névroses) et leurs idées supposées cartésiennes, schize expliquant souvent cette certitude d'être dans le bon camp, voire de l'incarner (on n'est pas loin de la perversion narcissique...).
Ensuite parce que son évolution a été courageuse, depuis cette critique du gauchisme jusqu'à celle de l'idéologie managériale, qui me l'avait fait découvrir en 1992. En ouvrant son analyse de sociologue à la philosophie et à l'anthropologie, il a dépassé les réflexes marxisants qui ont englué bien des sociologues. Il a stigmatisé les idéologies, les communautarismes et l'inculture des élites avec une belle acuité. Le voilà à présent taxé de néo-réac et d'anti-moderne pour avoir affirmé que le moderne n'était pas automatiquement synonyme de progrès, et que son diktat pouvait aussi ouvrir la voie d'un anti-humanisme sanglant.
Pour autant, faire de l'idéologie libérale-libertaire l'alpha et l'oméga de la déroute contemporaine me parait réducteur, voire simpliste, et suscite un malaise face à la posture ; l'homo soixantuitus a causé beaucoup de dégâts, mais pas uniquement, et certains de ses apports en matière de liberté ou de culture sont à mettre au crédit du bouc émissaire que l'on voudrait en faire...
Il n'empêche, le travail de Le Goff est précieux et salutaire. Il vient de publier Malaise dans la démocratie, chez Stock.