vendredi 28 février 2014

Buisson et délation

Délation n'est pas qu'un terme apprécié des amateurs de contrepèterie. Il éclaire aussi une humeur du temps, et la chronique de Delfeil de Ton dans le dernier Nouvel Obs la met en valeur fort à propos.
Parmi les bienfaits d'Internet, la possibilité de dénoncer n'est pas le moindre. Désormais on institutionnalise la chose, avec des plate-forme officielles conçues pour dénoncer des policiers ou des gendarmes, ou à défaut le comportement douteux d'un quidam, ou bien son voisin, sa famille, etc... Bref les occasions ne manquent pas, ni les sujets de dénonciation.
J'ai eu souvent l'occasion d'écrire ici et ailleurs que la société totalitaire qui vient n'aurait pas les couleurs du fascisme brun tel que notre jeunesse le craignait. J'aimerais simplement être sûr que ceux qui revendiquent transparence et morale, comme archétypes de la démocratie nouvelle, savent ce qu'ils font...
Fort heureusement, quelques pages plus loin dans le même NO, il est un autre débat,qui affole parait-il nos amazones trentenaires : épilation ou buisson ardent ?
Sic transit gloria mundi.

jeudi 20 février 2014

Mireille Havet, histoire d'un ratage.

Je viens de découvrir un auteur dont j'ignorais jusqu'à présent l'existence et a fortiori l'oeuvre. Mireille Havet (1898-1932) était une jeune écrivaine brillante, dont l'oeuvre, hormis quelques poèmes, se résume à un roman, "Carnaval", paru en 1923, que j'ai découvert dans la réédition de Claire Paulhan (2005).
Plus ou moins amie avec Colette, Paul Fort, Apollinaire, et surtout Jean Cocteau, M. H. offre très tôt une belle virtuosité littéraire. Malheureusement, là où son homosexualité aurait du servir l'oeuvre, elle la parasite. Le roman Carnaval conte les amours tumultueuses de Germaine et de Daniel ; ce roman à clé était en fait très transparent, et l'histoire vécue : d'ailleurs, dans la lettre de Daniel qui conclut le roman, celui-ci signe : Mireille Havet. Pour ceux qui n'auraient pas compris (ils étaient rares) que Daniel était M. H., que Germaine était Madeleine de Limur et leurs amours saphiques...
Mireille Havet n'a pas inventé l'autofiction, mais c'est bien cela qui donne au livre cet aspect contemporain ; il pourrait être à la mode, et avec lui le trash et la férocité des amours homosexuelles. De sorte que la qualité littéraire -authentique- de l'écriture s'englue dans une problématique névrotique qui écarte de la littérature...
On referme le livre avec le sentiment d'une oeuvre et d'une vie vouées à l'échec. Mireille Havet, minée précocément par l'éther, la cocaïne et l'héroïne, puis la tuberculose, finira seule et en épave à 33 ans... Sans doute un beau gâchis.
En 2008, certains groupes obtiendront que l'on donne son nom à une place de Paris(11ème). On ne sait s'il s'agit d'un hommage ou d'une double peine...