mardi 22 décembre 2015

Himmler, l'Islam et les SS

La période des fêtes devrait être celle des espoirs vers la paix entre les hommes et pour l'amour universel. Soit parce que les vœux pieux m'ennuient, soit parce que 2015 aura trop fait couler de sang dans l'hexagone, j'ai du mal à souscrire à cette ambiance obligatoire. Peut-être aussi parce que cette année 2015 ne peut être close ainsi...
Sans doute également parce que, de dédicace en dédicace, les rencontres avec les lecteurs me ramènent à coup sûr, par le biais d'Aveyron Croatie, la nuit (L'Harmattan 2011) à l'histoire de cette division SS musulmane Handschar, tristement célèbre à Villefranche de Rouergue et au cœur de mon ouvrage.
Créée parce que, selon Himmler, "l'Islam est la seule religion compatible avec la guerre", elle aura ensanglanté l'Europe en 1943 et 1944. Le tout avec la bénédiction d'Hadj Amin el Husseini, grand Mufti de Jérusalem qui dès 1933 applaudissait à l'arrivée d'Hitler au pouvoir et qui appuya de toute sa force et son charisme le projet de cette division SS ; son racisme et son antisémitisme qui le portaient vers le nazisme étaient très politiques. Ses imams se montrèrent à la hauteur de la tâche (voir la révolte de Villefranche).
En 2015, les Frères musulmans dont il était l'émanation font toujours parler d'eux. La colossale fortune du grand mufti, acquise par le biais des financements nazis et par la spoliation des juifs, continue de jouer un rôle politique important au Moyen-Orient. Rappeler les liens familiaux, intellectuels ou affectifs qui le lie avec de célèbres dirigeants actuels ou récemment disparus, palestiniens notamment, n'apporterait rien au propos.
C'est en fonction de ce moyen-orient qu'on fait le lien, commode et raccourci, entre islam et nazisme : l'antisémitisme (ou antisionisme, ou nationalisme) serait le ciment et le juif (l'israélien) l'ennemi commun. On objectera que le même constat vaut pour une certaine extrême-gauche. Alors que les idées d' El Husseini étaient "argumentées" et son engagement pro-nazi assumé en tant que tel.
C'est pour cela qu'il me parait important de se référer à l'histoire, bien au delà de la critique d'un romantisme de banlieue, pour rappeler ce qui fut des faits et non des procès d'intention.
Face aux meurtrissures d'aujourd'hui, on nous répète à l'envi que "l'islam ce n'est pas cela". C'est certes une évidence que l'immense majorité des musulmans aspirent, comme tous les hommes, à la paix et au respect entre les êtres. C'est une autre évidence que tout amalgame ne ferait que le jeu de Daesh en lui offrant un terreau ensemencé de frustration morbide. Mais il est sûr aussi que tous les spécialistes de l'islam soulignent la multiplicité des interprétations qui peuvent être faites du Coran. Ce qui me fait craindre que l'islam ne sera en fin de compte que ce qu'en feront les musulmans, ni appel au meurtre systématique ni philosophie angélique obligatoire...
A ce titre, et en attendant l'avenir, on se permettra juste de rappeler ce que fut l'Histoire.

mercredi 2 décembre 2015

Dédicace

J'ai le plaisir de vous informer que je dédicacerai mes ouvrages, et notamment le dernier paru "Mona Lisa ou la clé des champs" (L'Harmattan)
                              
                                     Samedi 12 Décembre
                                   de 10 heures à 18 heures
                                             CULTURA
                                         Montauban (82)

Peut-être l'occasion de nous y retrouver ?

lundi 23 novembre 2015

Intellos : à chacun son métier

L'intellectuel de gauche bouge encore. C'est du moins le postulat d'un dossier de l'Obs du 5 novembre dernier. Dossier prometteur pour qui est curieux de connaitre ceux qui demain pourraient affronter les Zemmour, Rioufol ou Finkelkraut et, espérons-le, enrichir un peu le débat...
Je ne commenterai pas les articles consacrés à la quinzaine d'impétrants recensés par l'Obs ; aucun ne m'a rassuré mais je m'avoue incapable d'objecter. Il est pourtant un texte trop exaspérant pour être passé sous silence. Il est signé Laurent Binet, écrivain à la mode et que je connais peu en dehors de ses frasques trierweilleriennes. Sa prestation s'intitule "Pour un politiquement incorrect de gauche", pourquoi pas.
On y apprend donc que le réactionnaire ne peut pas, au contraire du progressiste, être un contestataire : "les deux aspirent à des changements de société, mais le changement du réactionnaire n'en est pas vraiment un puisqu'il s'agit d'un retour"... On comprend mieux pourquoi la notion de progrès fait de plus en plus sourire.
Toujours dans le syllogisme forcené, il dénonce sur sa lancée "que ce qu'on appelle improprement acquis sociaux sont en fait des conquêtes" (les portes ouvertes sont les plus faciles à enfoncer) et que donc "les défendre ne peut être le fait de conservateurs"... CQFD. Peut-être pourrait-on objecter à notre auteur à la mode ce que tous les praticiens de l'analyse institutionnelle savent depuis longtemps, à savoir que l'institué devient forcément instituant...
Mais notre adepte du paralogisme nous donne la clé de la prise du pouvoir par les intellos réacs : c'est que ces derniers pensent horizontalement, quand les intellectuels de gauche pensent verticalement. Ce n'est pas faux, me semble-t-il. Mais l'exemple que donne Binet vaut son pesant de cacahuètes : pourquoi parler des problèmes liés aux religions, puisque on sait que Dieu n'existe pas ! Et de conclure que si les penseurs de gauche peinent à élaborer des réponses, c'est qu'en fait les questions sont mal posées. Que n'ai-je, lorsque au cours de ma scolarité laborieuse je séchais sur un exercice, répondu à mes professeurs que la question était trop mal posée pour que je daigne y répondre...
On pourrait se contenter d'en rire et de renvoyer Binet à ses relations mondaines, s'il ne montrait à son corps défendant la stérilité un peu schizophrène de ces "intellectuels de gauche" autoproclamés qui par leur incurie non seulement ne relèvent pas le gant face à leurs rudes adversaires,mais de plus contribuent largement à leur servir la soupe.
Quand la journaliste Aude Lancelin conclut fort justement "Le déni de la puissance des identités collectives, mais aussi la défense inconditionnelle de toutes les expérimentations de la modernité libérale, sous couvert de progrès, sont autant de vices de pensée qui plombent encore des pans entiers de la gauche.", elle pourrait y ajouter l'humour involontaire de certains égarés.

mardi 17 novembre 2015

Lumières, année zéro...

"Ils ne sont grands que parce que nous sommes petits." (La Boétie)
Loin de moi toute tentation de jouer les va-t-en-guerre, au milieu des quelques Déroulède de salon dont les martiales envolées fleurent bon les propos de comptoir...
Pourtant, on ne pourra faire l'économie d'une introspection fondamentale : comment, et pourquoi, notre monde des Lumières est-il tombé à la merci de la névrose de salopard la plus imbécile, la plus funeste, la plus mortifère et la plus stupide que la Terre ait porté depuis longtemps, avec celle des hydres nazies, dans un cousinage  bien établi... ?
Ne nous reste-t-il plus assez de conviction ou de foi, quel que soit le sens que l'on donne à ce mot, pour oser nous interroger sur la fin programmée de cette parenthèse de trois siècles, et l'essoufflement de ces Lumières à réinventer ?
Ne nous reste-t-il pas assez de courage pour sortir des manichéismes si faciles à instrumentaliser pour les politiques et si faciles à  consommer pour le citoyen ? ou pour sortir des dénis si confortables, pour peu qu'on y travestisse le réel ?
On l'aura compris, il s'agit moins de ma part d'une attente de réponse que de l'expression d'une humeur amère. Pourtant je crois que faire reculer la barbarie (terme vexatoire pour ce que furent les vrais Barbares) nous demandera autre chose que les habituelles postures de défense de nos acquis, fussent-ils éclairés. Nous sommes condamnés à la peur, sans doute, mais aussi à redéfinir quelques valeurs offensives...
Je profite de ce billet pour relayer la lettre à Daesh de Simon Castéran, journaliste toulousain cousin d'une victime morte au Bataclan : lessermonsdulundi.com

lundi 26 octobre 2015

Outrance, médiocrité et retour du refoulé

L'affaiblissement des convictions et l'uniformisation des idées rendraient-elles les relations humaines plus complexes ? La violence naitrait-elle de la ressemblance ? C'est ce que semble conclure Jean-Claude Guillebaud dans un récent billet de TéléObs, se référent aux travaux du sociologue allemand Simmel. Ledit billet portait sur le décalage grandissant en politique entre excès verbal et vacuité du débat.
Le langage, me semble-t-il, apparait en effet souvent excessif par rapport aux enjeux du débat ou à son contenu ; les prises de bec polémiques entre politiques ou, le plus souvent, intellectuels médiatiques (ou médiatiques faisant office d'intellectuels) sont souvent inversement proportionnelles au fond débattu, comme pour en masquer la médiocrité ou comme relevant d'inimitiés intimes...
Alors, est-ce que la violence verbale est démesurée, ou est-ce le contenu qui fait défaut ? Les années 30 ont montré ce que pouvait être la violence verbale, temps béni pour les polémistes de tout bord. Noms d'oiseaux ou de cochon, apostrophes fleuries et attaques ad hominem émaillaient articles et éditoriaux. Il est vrai que c'était l'époque où même l'extrême droite s'abritait derrière un journal quotidien d'intellectuels (Maurras, Daudet, Bainville...), ce qui semble peu plausible aujourd'hui... Bref, invectives et débat allaient de pair et à une certaine altitude.
Mais qu'en est-il de nos jours, où la loi menace tout propos trop explicite ? où la mondialisation réduit la marge de manœuvre française à peau de chagrin ? où le retour du réel et de l'économique inflige la loi de l'arithmétique ? où les media sont avant tout des prescripteurs de consommation ? Les discussions s'engluent, chaque débatteur n'étant plus qu'un acteur au cœur d'une pièce de théâtre (pardon, d'une émission) pour y tenir un rôle/discours nécessaire à la promotion de cette émission. Les grands partis de gouvernement sont contraints aux mêmes analyses, les petits partis à l'abri des responsabilités préfèrent des slogans auxquels il n'est pas sûr qu'eux-mêmes croient. Alors on se traite de réacs, de crétins, de... pour faire le buzz et occuper le terrain. Et pendant ce temps-là, faute de vrai confrontation, la société gronde.
Est-ce un hasard si c'est en Scandinavie, terre traditionnelle de modération et de consensus, que les faits divers barbares (Breivik hier, attaques d'école plus récemment) viennent secouer ces sociétés supposés paisibles ? Passages à l'acte de fascistes tarés, ou retour du refoulé chez le groupe social ? Réflexion créative et ce qu'on nomme politiquement correct vont rarement ensemble.
Quoi qu'il en soit, craignons davantage la vacuité du débat que l'outrance de la parole...

lundi 19 octobre 2015

Aragon, le masque sous les masques...


La semaine dernière, les hasards de la zapette m'ont amené tout droit à regarder sur la chaine Toute l'Histoire un biopic consacré à Louis Aragon, merveilleux sujet s'il en est. A l'issue des deux volets du documentaire, c'est un sentiment mitigé qu'il me reste.
Le document est à l'image de son sujet : passionnant mais difficile à saisir. Il est intéressant et instructif, mais lisse, pour ne dire lissé à la manière des communicants communistes de la grande époque. A la décharge des auteurs, il faut reconnaitre qu'Aragon accumule au fil de sa vie des personnages de roman ou de Comedia dell' Arte, comme on voudra, qui le rendent difficile à appréhender. Mais, en suivant  la chronologie, plusieurs éléments auraient mérité à mon sens une approche plus critique, ou du moins plus fouillée.
Il y a d'abord l'entre-deux guerres, et le poète confronté à la grande Guerre, puis surréaliste et quelque peu gigolo. Arrivent là-dessus l'engagement communiste et la rencontre d'Elsa Triolet. On nous présente l'arrivée de celle-ci comme une rencontre classique, voire banale, comme il en existe tant. Sauf qu'on sait aujourd'hui que Elsa était plus ou moins missionnée par les soviétiques pour séduire le grand poète et arrimer fermement à la cause stalinienne cet artiste imprévisible. Certes leur vie commune ne se ramène pas seulement à cela, mais on peut difficilement faire l'impasse sur cette réalité…
Puis vint la deuxième guerre mondiale, et la résistance. Aragon et Triolet furent d'authentiques résistants, actifs et courageux. Il n'empêche que, hormis peut-être quelques poèmes soi-disant écrits antérieurement, l'engagement concret se fera à partir de 1942, c'est-à-dire après la rupture du pacte germano-soviétique. Ce en quoi les deux tourtereaux ne diffèrent pas de la quasi-totalité des camarades…
Ces faits de résistance, ajoutés au prestige du poète et au poids du PC à la Libération, en firent un des épurateurs en chef dans le monde des lettres, au sein du CNE. Les auteurs du documentaire et divers témoignages (d'anciens communistes pour la plupart) proclament qu'Aragon fut plutôt un modérateur ; peut-être épargna-t-il quelques vicissitudes à certains (Maurice Chevalier par exemple), mais le littérateur qui avant-guerre célébrait "les flots de sang purificateurs" de la Révolution russe, avant de faire feu sur les flics ou sur les ours savants de la social-démocratie, ce littérateur-là ne pouvait être un modérateur, et l'Histoire de l'époque le prouve.
Il y eut ensuite la carrière de l'apparatchik et de l'écrivain officiel, éternel fidèle de la cause soviétique alors qu'il ne pouvait pas ignorer la réalité du régime, qui n'afficha jamais le moindre esprit critique, quand son statut l'eut sans doute permis. Pourquoi ? se désolent ceux qui aiment Aragon… Peut-être parce que cette soumission n'était pas avare d'avantages matériels, sans doute parce qu'Elsa veillait au grain. Mais, cynisme ou couardise, Aragon signa pour rester un stalinien de première obédience.
Quant à l'Aragon veuf, à la fois orphelin d'Elsa et libéré de celle-ci, il fut emporté par son narcissisme, paradant en costume griffé au bras de jeunes hommes et acceptant, 40 ans après les émois partagés avec Drieu la Rochelle, ses inclinations homosexuelles. Encombrant mais fidèle au PC, un personnage de plus, quelque peu pathétique, s'ajoutait à la liste des autres.
Le documentaire évoquait Aragon et ses masques. Celui-ci ne fut pas que "le faux hétéro du KGB" stigmatisé par ses détracteurs, pas plus que le génial poète (je le préfère comme poète que comme romancier) que l'on sait. Il fut d'une grande complexité, sous ses masques divers ; il fut aussi à l'image de celui qu'il poursuivit avec férocité, Louis-Ferdinand Céline.
Alors nous continuerons à savourer l'oeuvre incomparable, et à nous tenir à l'écart de l'homme : génie littéraire et salaud authentique, c'est le privilège des grands.

vendredi 9 octobre 2015

Brassens, brave type...


Ce lundi 5 octobre dernier, France 3 (en prime time, bigre !) proposait un documentaire de D. Varrod et N. Maupied, pauvrement intitulé Brassens est en nous, dont le thème revendiqué était en gros "Brassens est en nous, Brassens et ses 60 millions de disques vendus, Brassens nous accompagne, etc"...
Si le document est excellent (à l'exception de quelques témoignages dont on peut se demander ce qu''ils faisaient là), le pitch me semble plus discutable. Ceux qui, dans les années 60,ne juraient que par lui n'ont pas oublié qu'en ce temps-là aimer Brassens était le lot de quelques inadaptés bizarres, intellos ou gauchistes -les deux allant alors souvent de pair- dont les goûts étaient incompréhensibles pour le consommateur moyen de l'époque : paroles complexes, rythme déroutant, toujours la même musique, etc... que n'avons-nous pas subi comme remarques stupides.
Certes à Paris il en allait sans doute autrement, mais Brassens, rare sur les radios, marginal à la télé (merci Chancel), grand pourfendeur des institutions, aussi peu sociable qu'il était grand en amitié, Brassens n'offrait rien qui puisse faire de lui un jour le tonton consensuel et phagocytable que ce documentaire s'acharne à démontrer.
Bien sûr, plus de 30 ans après sa mort, la nostalgie fait son effet, et le constat de l'évolution culturelle est sans appel. Même si ses succès les plus populaires ne sont évidemment pas ses meilleures oeuvres, chaque audition nouvelle de ses textes -et sans doute de ses musiques, pour ceux qui s'y connaissent un peu- si classiques dans leur facture et si populaires dans leur offre- est un perpétuel éblouissement. Quant aux engagements que certains lui ont reproché de ne pas avoir eu, force est de lui reconnaitre une certaine pré-science...
Alors, même si Brassens a toutes les vocations sauf celle d'être consensuel - il est de la mauvaise herbe, braves gens- surtout aujourd'hui dans ce qu'est devenue notre société, goûtons pleinement, de préférence en égoïstes, ses ouvrages. 
Et puis, c'est bien connu, les morts sont tous de braves types-y-pes...

vendredi 2 octobre 2015

Guy Béart, bibelot sur l'étagère

Ainsi, tel l'eau vive, Guy Béart s'en est allé... Cette nouvelle attristera beaucoup de monde, et pourtant je ne suis pas sûr qu'elle marquera vraiment l'actualité.
Guy Béart fut un gentil poète, sympathique et auteur de jolis textes. Cela suffit à en faire un chanteur respectable, face à l'adversité que connurent les auteurs de l'époque quand survint la marée des yé-yé et des marchands de savonnette... Il découvrit d'autres textes remarquables (Bal chez Temporel, par exemple).
Une fois reconnu, Béart demeura un interprète lisse, poète des familles et de la France pompidolienne. Son œuvre est inégale. En ces temps où la chanson engagée faisait rage, il s'essaya à quelques textes plus denses, mais ses engagements ne pouvaient être autre chose que consensuels, et finalement assez creux. Il eut toutefois le courage de créer sa maison de production, avec une réussite irrégulière.
Il perdura grâce à quelques mondanités télévisuelles, affronta la maladie, connut encore quelques convulsions et se retrouva, parfait bibelot, rangé sur les étagères de la chanson française. 
Guy Béart aurait-il pu accéder à un autre statut ? D'une part, il méritait sans doute mieux que ce que le grand public a compris de lui. D'autre part, son époque fut celle des grandes "concurrences", entre mièvreries commerciales, éruption des yé-yé et l'ombre des grands (Brel, Brassens, Ferré) : il occupa son créneau, en bon artisan, et s'en tint là. On ne peut lui nier une certaine exigence, mais à se vouloir "populaire" il se dilua quelque peu.
Vouloir en faire un des trois B, à l'instar de Brel et Brassens, me parait hors de propos : ses textes n'offraient pas la facture de ceux de Brassens, et ses tripes n'étaient pas celles de Brel. Mais bien de ses chansons, y compris parmi les moins connues, attestent d'un talent suscitant... la sympathie. On n'en sort pas.
Alors, il n'en reste pas moins que celui qui s'en va était peut-être le dernier nom d'une certaine chanson française à texte, et on est triste...

mercredi 30 septembre 2015

Déjà parus...

Avant d'aller plus loin sur des parutions à venir, un rappel des ouvrages déjà parus :


. Chez l'Harmattan en 2014 :
                             Mona Lisa ou la clé des champs, 160 p., 16.50 euros

. Chez l'Harmattan en 2011 :
                              Aveyron Croatie, la nuit, 192 p. 18 euros

. Chez Elytis de 2002 à 2012 :
                             2012 : Passeport pour le Pays de Cocagne (photos de AM Rantet-Poux), 96 p,  9.00                                        euros
                             2007 : Histoires peu ordinaires à Toulouse, 124 p. 13.50 euros
                             2006 : Histoires peu ordinaires au Cap-Ferret, 124 p. 13.50 euros
                             2005 : Week-end à Schizoland, 156 p. 16.00 euros
                             2002 : La branloire pérenne, 224 p. 16.80 euros.

Disponible dans toutes les librairies, chez les éditeurs (elytis-edition.com et editions-harmattan.fr) ou chez l'auteur (pouxmichel@neuf.fr)...

mercredi 16 septembre 2015

Le camp des saints, actu 2015

Mieux que toutes les théories du marketing, l'Histoire sait parfois servir les oeuvres... On se souvient que les attentats de Charlie Hebdo avaient propulsé Houellebecq au rang d'analyste politique visionnaire. Il est un autre ouvrage pour qui l'actualité est le meilleur des attachés de presse, c'est bien sûr le fameux Camp des Saints de Jean Raspail (Robert Laffont).
On en connait le pitch : une flotte d'un million d'immigrants quitte Calcutta pour un long périple, avant d'envahir la Côte d'Azur puis la France... Face à ces miséreux portés par une sombre espérance, le vieil occident apathique implose, rongé de lâcheté, de perversion intellectuelle et de culpabilité.
Ce livre, remarquable parce que paru en 1973, valut à son auteur bien des indignités, mais n'en serait resté qu'à un succès d'estime militant si le temps qui passe n'avait justifié ses rééditions. J'ai attendu l'été 2015 pour le lire.
Première ironie jouissive, le livre se permet aujourd'hui de mesurer ce que lui auraient coûté les lois Pleven, Gayssot, Lellouche et Perben si elles avaient été rétroactives : 87 motifs, dûment répertoriés. On peut détester Raspail pour ses postulats et même ses écrits, mais en l’occurrence il n'est pas sûr que la littérature aurait gagné à ce qu'il faut bien appeler une censure.
L’œuvre, qui est un roman, est-elle cet écrit raciste ou fasciste si souvent dénoncé ? A mon sens, non. Certes elle est souvent dérangeante, voire détestable. C'est le propos d'un (déjà) vieux réac sous Pompidou ; même s'il convient de distinguer l'auteur et le personnage, certaines postures sont trop datées et caricaturales pour être convaincantes aujourd'hui. D'autre part, le texte prend une dimension de parabole ou d'allégorie qui lui donne une dimension philosophique, dont sont plutôt dépourvus les propos que l'actualité politique nous donne à entendre. Et c'est bien ainsi que ce texte mérite d'être compris.
Ensuite, le livre n'est pas le libelle raciste décrit par une certaine critique paresseuse ; il fait au contraire l'éloge, comme toujours chez Raspail, des peuples premiers, colonisés par un Occident rationaliste et déculturant. Et c'est l'alignement de ces peuples sur les valeurs matérialistes occidentales et sur les failles judéo-chrétiennes (culpabilité) qui génère ce qui ne peut qu'être une catastrophe pour tout le monde...
Qu'on soit ou non en accord avec ses propos, il faut reconnaitre à Jean Raspail une analyse fine et prémonitoire en son temps de la perversion des medias vers le temps de cerveau disponible, et de ce qu'on n'appelait pas encore la pensée unique. Plus que son sens de l'anticipation politico-historique sur ces migrants qui arrivent, c'est cette justesse d'analyse et de pronostic qui fait ici le talent de Raspail.

lundi 31 août 2015

Claude Cabanes, de l'Huma à l'humanité

Claude Cabanes s'en est allé, vers on ne sait quel paradis, peut-être vers celui auquel il ne croyait pas, peut-être vers le paradis socialiste auquel il crût, ou peut-être, souhaitons-le lui, vers un de ceux qu'il nous laissait espérer lorsque, l'âge venant, il se laissa aller vers ses inclinations.
Claude Cabanes, c'était un accent toulousain et, pour ceux qui se souviennent des débats politiques des années 80, une rhétorique d'autant plus glaçante qu'elle était élégante. Ce stalinien d'après la lettre pouvait réciter lourdement les consignes que le Parti dictait à l'Huma et se laisser aller aux joies de la tautologie, toujours convaincu, rarement convaincant. N'eut été que cela, rien de lui n'aurait survécu à son départ du quotidien communiste.
Mais Cabanes était aussi un homme de culture, ce que ne savaient que ceux qui le côtoyaient ; et ce n'est qu'une fois libéré de sa mission de langue de bois qu'il s'était révélé beaucoup moins sectaire que supposé...
On le savait épris d'Aragon ou de Tostoï, il se révéla amateur de Déon, de Blondin,  de Nimier... au point d'intégrer le jury du Prix des Hussards, littérature "de droite" s'il en est. Il collabora avec Service littéraire, mensuel de littérature dont la ligne éditoriale, s'il en existait une, ne serait pas de gauche...
Alors ? alors rien, ou plutôt le regret de constater, une fois de plus (c'était le thème de mon premier roman, La Branloire pérenne, Elytis 2002) qu'il est des hommes qui valent mieux que leur personnage social. On se dit que, quelques respectables qu'aient pu être les convictions de Claude Cabanes et son engagement, la littérature eut sans doute mieux illustré la culture (on n'ose écrire l'humanité) et la finesse du "dandy rouge"...


mardi 11 août 2015

Lazarillo de Tormes... en oc.

Tout vient à point pour qui sait attendre, dit-on. Je confesse donc piteusement avoir attendu ces derniers jours pour découvrir le premier roman picaresque connu en Europe : La vie de Lazarillo de Tormes, roman écrit en espagnol par un auteur anonyme (sans doute un érudit diplomate de Charles-Quint) vers le milieu du XVIème siècle, soit plus d'un demi-siècle avant le don Quichotte de Cervantès.
On trouve, dans ce récit de la jeunesse d'un garçon modeste, toutes les saveurs du roman picaresque mais aussi la satire et la critique sociale qui donnent à ce livre (qui connut quelques soucis de censure) deux cent ans d'avance sur le siècle des Lumières...
Si j'ai pu rencontrer cette œuvre, c'est par le biais de retrouvailles avec Serge Carles, pédagogue bien connu chez les occitanistes et auteur d'une remarquable traduction en langue d'oc. Traduction exigeante, d'une richesse rare et pourtant accessible, qui redonne ici, dans un creuset qui s'y prête si bien, toute sa dimension à cette langue à la fois populaire et historiquement érudite...
La vida de Lazarillo de Tormes (Traduccion occitana de Sèrgi Carles) est parue chez Letras d'oc.

vendredi 31 juillet 2015

Le roman, for ever

Il est d'usage de reconnaitre aux salons du livre l'intérêt de la rencontre avec le public. Ne rêvons pas, toutes les rencontres ne sont pas transcendantes, mais la confrontation avec la réalité contemporaine rappelle que le lecteur, à la fois esthète et consommateur, est un être de chair et de sang...
De ce point de vue, le succès rencontré lors de l'expo de Monteils ou du Festival de La Fouillade m'a permis de vérifier, concernant notamment mes deux derniers romans "Aveyron Croatie, la nuit" et "Mona Lisa ou la clé des champs", qu'était perçu par bon nombre de lecteurs ce que l'auteur essayait modestement d'y amener.
Le roman demeure la pierre angulaire de la littérature, destiné à témoigner du monde et de sa marche bancale. Et j'ai toujours postulé que mes histoires illustraient quelque chose de la vie de ce monde, et c'est précisément pour cela qu'elles ont souvent pris la forme de romans, même avec très peu de personnages fictifs (un seul, pour Mona Lisa).
Le roman permet de dépasser le seul fait historique, et a fortiori local. Et c'est pour cela que je ne considère pas ces livres comme des "romans historiques", quoiqu'ils doivent à l'Histoire, mais comme des réflexions, avec illustrations, sur le monde éternel... Qu'il s'agisse de la guerre chez les humbles ou de la relativité entre le Bien et le Mal (Aveyron Croatie, la nuit), ou des rapports possibles entre la Terre et l'Art (Mona Lisa ou la clé des champs), leur portée prétend à l'universel derrière l'histoire racontée.
C'est ce que la réalité contemporaine, à travers le marché, accepte de moins en moins. Et sans doute est-ce pour cela que la nécessité s'en fait de plus en plus sentir. Nous y reviendrons. En attendant, merci à ces lecteurs de juillet qui m'ont témoigné l'avoir compris.

lundi 27 juillet 2015

La Fouillade et Monteils, rencontres de Juillet

La désormais traditionnelle exposition de Monteils (Tarn et Garonne) a confirmé sa place dans l'animation culturelle locale, avec une affluence qui se conforte, un espace qui s'agrandit et une qualité qui s'impose. Une ambiance chaleureuse (la météo n'y est pas pour rien) et conviviale, et des visiteurs fidèles augurent d'un bon avenir.
Ce week-end, dernier de Juillet, a été celui du Festival de La Fouillade (Aveyron), toujours intéressant et très visité. L'occasion d'y présenter notamment Mona Lisa ou la clé des champs, et toujours Aveyron Croatie, la nuit, et d'y retrouver les fidèles Roger Lajoie-Mazenc, Daniel Crozes, Michel Lombard, Serge Carles... et d'autres.
Bref, en ce qui me concerne, deux succès en ce mois de Juillet : merci, à tous ceux qui y ont peu ou prou contribué !

lundi 6 juillet 2015

Monteils un autre regard, 4ème

A partir du prochain week-end et jusqu'au 19 juillet, se déroulera à Monteils (82) la 4ème édition de Monteils un autre regard, exposition multiculturelle.
Vous pourrez rencontrer :
          . Monique Ferrero, invité d'honneur, peintre
          . Annick Lafontaine et ses élèves, danse
          . Julien Avignon, street-art
          . Guy Portal, peintre
          . Christiane Flaujac, peintre
          . Tayeb Harkat, peintre
          . Josiane Dubor, aquarelliste
          . Héloîse Quercy, céramiste
          . Céline Wagner, BD
          . Michel Poux, écrivain
Vernissage le vendredi 10 juillet à 19 heures.

vendredi 26 juin 2015

Identité française, culture et nostalgie

L'un des principaux dégâts causés par le précédent septennat, qui ne furent pas rares, aura sans doute été le débat avorté sur l'identité nationale... Pollué par la politique politicienne, comme on dit, et par l'activisme bête et méchant, ce "débat" ne pouvait augurer de rien de bien intéressant. Ajoutons à cela que la bêtise, l'opportunisme et la névrose réunis n'auraient pas fait s'envoler la réflexion... Et pourtant.
Dans son interview déjà évoquée dans nos billets précédents, Jacques Julliard évoque sa perception de l'identité française : la langue en premier, comme culture et mode de rapport au monde, la littérature et une Histoire, qui fut royale avant que républicaine. Et d'affirmer que le sentiment d'une identité n'a rien de contradictoire avec l'ouverture au monde : une évidence, mais que la démagogie contemporaine veut nier, comme si ce sentiment n'était pas le meilleur atout pour toute assimilation... à moins que ce ne soit justement pour cela ? Sans doute certains dirigeants de gauche se refusent-ils à reprendre les mots qui furent ceux de Sarkosy, mais à ce compte le mutisme n'est pas loin...
Julliard a écrit dans Marianne, lors du récent débat sur l'éducation, que s'il lui fallait choisir entre la gauche et la littérature, il choisirait cette dernière. Et, très modestement, je le suivrais dans ce choix. Car si l'on s'en tient à la culture littéraire du président actuel, comme d'ailleurs ses deux prédécesseurs, l'éventualité d'un choix menace furieusement.
Jacques Julliard se réfère, face à la montée intérieure d'un compassionnel de plus en plus au autoritaire et légiférant (le fameux envie de pénal cher à Muray), à l'identité de la France selon Braudel. Et si, simplement, ce dernier en son temps avait déjà tout dit ?

mercredi 17 juin 2015

Julliard, ce qu'il fallait de bravoure

Comme promis, revenons sur l'interview de Jacques Julliard dans le Figaro du 5 juin dernier. Le journaliste et historien de gauche analyse finement les évolutions de la gauche contemporaine, et l'éloignement des intellectuels qui en découle.
Il rappelle avec justesse que, si lors de la révolution française la gauche était d'essence individualiste, la rencontre avec le prolétariat du XIXème siècle lui confère une base collective, sinon collectiviste, autour des notions d'égalité et de solidarité, construites sur un esprit de groupe. Or aujourd'hui l'activité de la gauche se cantonne à légiférer de manière forcenée autour de revendications individualistes : vie privée, sexualité, génération... Julliard y voit la double influence du capitalisme et du socialisme scandinave.
Cette dernière influence a conforté la "martingale" (sic) de l'antiracisme, qui contribue à fédérer la gauche mais s'englue dans des impasses et ne fait une politique, parce que "la politique ne se réduit pas à une morale". Le tout devenant largement contre-productif lorsque le peuple y voit un contrat implicite entre bourgeoisie bobo et victimes autoproclamées du racisme et du colonialisme.
Tout se passe, toujours selon JJ, comme si, ayant perdu ce qu'il reste de prolétariat (aujourd'hui rallié au FN) et dans l'incapacité d'oeuvrer à une révolution sociale, la gauche courait après une révolution "sociétale" au bénéfice de nouveaux prolétariats supposés. La vacuité de cette stratégie (?) des politiques a depuis longtemps été annoncée par les intellectuels (Nora, Debray et d'autres).
Nous reviendrons sur ces critiques des penseurs. En attendant, je ne saurais trop vous conseiller de lire l'intégralité de l'interview de Jacques Julliard, penseur libre et courageux, sur le Figaro.

mercredi 10 juin 2015

Gauche : l'intellectuel bouc-émissaire du politique


Les récentes sorties de N. Vallaud Belkacem contre les "pseudo-intellectuels" ou de M. Valls sur Onfray n'ont rien de nouveau : qu'on se souvienne de Max Gallo, porte-parole du gouvernement en 1983, qui stigmatisait la désertion des intellectuels d'une gauche au pouvoir depuis deux ans...
Longtemps, intellectuel voulait dire "intellectuel de gauche" : aujourd'hui ce n'est plus un pléonasme, tant le centre de gravité de la pensée s'est déplacé vers la droite. Dans le même temps, reconnaissons que certains intellectuels, à force de courir après les media sont devenus des quasi-people, et les provocations nécessaires au buzz n'ont pas évité les simplifications abusives : leur crédibilité en a souffert.
Cela dit, la gauche constate une fois de plus l'éloignement des penseurs qui lui étaient auparavant attachés et qui, même lorsqu'ils demeurent à gauche, n'en fustigent pas moins la gauche institutionnelle ; Julliard évoque le "néant spirituel et intellectuel contemporain", Debray s'en tient à un rôle de spectateur critique du haut de son Aventin, Le Goff brocarde l'inculture des gens au pouvoir et le "gauchisme culturel", et Onfray, Nora, Bruckner et tous ceux qui, comme Finkelkraut, furent à gauche...
Les idées de gauche ne sont guère portées désormais que par des groupes de pression, souvent communautaristes, et leur pouvoir dans les media. Le présent a pris le pas sur la pensée, les artistes sur les intellos. Engluée dans le marais du politiquement correct, empêtrée dans les impasses de l'antiracisme faute d'un projet ambitieux et structuré, misant sur le populisme international (Syriza, Podemos,...), la gauche court après des revendications sociétales et individualistes.
Beaucoup d'intellectuels (Furet, Debray, Nora...) ont longtemps prévenu du champ de ruines qui s'annonce. D'autres analysent sans concession, et sans renier quoi que ce soit des valeurs de gauche. C'est le cas de Jacques Julliard : nous y reviendrons.

lundi 1 juin 2015

Charlie, de l'esprit aux communautés

Les magazines télévisés consacrés aux media ont ceci d'intéressant qu'ils confortent ce qu'ils entendent "dénoncer". L'émission Médias le magazine, le dimanche sur France 5, n'est pas désagréable, mais quand ce sont les media qui parlent des media pour nous montrer combien celles-ci nous manipulent, on a le droit de demeurer goguenard... Quant à stigmatiser conflits d'intérêt ou copinages, encore eut-il mieux valu que Thomas Hughes évite de n'inviter que des collègues de RTL, comme ce fut le cas ce dimanche.
Mais il y a aussi un débat, et hier il opposait Joseph Macé-Scarron, de Marianne, et Rockhaya Diallo, porte-parole de diverses associations ou animations communautaristes ; il s'agissait d'évoquer l'esprit Charlie, cinq mois après, suite aux sorties récentes de Plenel ou Todd, assimilant les musulmans aux juifs des années 30 et la mobilisation à l'expression d'une "bonne conscience répressive"... Le bilan est atterrant.
Certes le 11 Janvier fut un chef d'oeuvre du marketing compassionnel, à la limite de l'évènementiel et forcément ambigu. Mais il s'était produit dans la gravité des jours précédents un sursaut de conscience, qui aurait pu être un bon terreau pour ce vivre ensemble dont on nous rabâche tant les oreilles, et propre à dépasser les habituelles crispations.
Au lieu de cela, la question fondamentale qui était en janvier "A t-on le droit de dire ce que l'on pense même si cela ne plait pas à tout le monde ?", semble devenue aujourd'hui "Peut-on condamner l'islamisme sans être raciste ?". Le glissement sémantique se passe de commentaire, et ne me parait annonciateur que de lendemains au ciel noir.

mercredi 27 mai 2015

"Pseudo-intellectuels" contre vrais démagos

Il n'est pas rare que l'on se gausse des "pseudo-intellectuels", supposés brouillés avec le réel et planant en coupant les cheveux en quatre, quand ils n'attentent pas à la vertu des mouches. Mais c'est en général dans des émissions de la télé-réalité, ou chez ces gros médias qui dégagent du temps de cerveau disponible pour le marché, auquel on soumet la plèbe besogneuse et inculte...
Las, cette fois c'est un ministre qui ne recule pas devant cette facilité, et non des moindres : celui de l'Education ! Le mépris de la pensée s'affiche là où on l'attendait le moins... Non que Najat Vallaud-Belkhacem nous soit jamais apparue comme le porte-parole de l'excellence, mais là on aurait pu espérer qu'elle respecte le titre dont on l'a parée.
C'est donc une des icônes du politiquement correct qui, pour défendre une réforme qui ne convainc personne, traite de "pseudo-intellectuels" des penseurs comme Nora, Debray, Fumaroli, Finkelkraut, Julliard et d'autres...
Ces intellos, à des degrés divers, accusaient sa réforme de faire peu ou prou l'éloge de la médiocrité : ce n'était assurément pas la meilleure façon de leur répondre.

lundi 18 mai 2015

Le Jourde & Naulleau, ou la rançon du succès

Je me suis récemment offert le dernier Jourde & Naulleau (Chifflet & Cie), dans une version "augmentée et aggravée de leur pastiche du Lagarde et Michard", lit-on sur la 4ème de couverture.
Cette entreprise de démolition d'écrivaillons contemporains sans talent doit certes être considérée comme un pamphlet, avec ce que cela suppose de férocité, d'approximation injuste et de mauvaise foi ; sans doute est-on pour une part dans la caricature, mais il n'existe de caricature qu'empreinte de vérité.
Egratigner la vacuité de certains succès contemporains (ou comptant pour rien, selon la formule) n'est pas une fin en soi, mais l'ouvrage de Jourde et Naulleau se révèle à la fois instructif (fâcheries en ville, haines ou copinages, négritudes...) et jouissif, ne serait-ce qu'à la lecture des critiques qu'en font les critiques officiellement officiels : rien que pour cela, le J et N est salutaire. On préfèrera l'humour féroce de Naulleau, ou l'académisme plus technique de Jourde, mais l'entreprise est de salubrité publique...
On pourrait plaindre les victimes. Pourtant, ce n'est pas sur des ambulances que tirent J et N : leurs cibles sont des auteurs (?) qui vivent fort bien de la médiocrité littéraire contemporaine. Si le succès (on n'ose écrire la gloire) appelle une rançon, celle-ci se nomme le Jourde & Naulleau !

samedi 9 mai 2015

Ecume de nos jours

D'être très occupé par la "finalisation", comme on dit, d'un projet littéraire en cours n'a point empêché les hasards de mes journées de me conduire devant quelques séquences télévisuelles, parfois accablantes, toujours instructives.
J'ai ainsi pu subir Emmanuel Todd (Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse, Seuil), pour qui être en désaccord avec lui conduit à la conclusion : ou on n'a pas lu son livre, ou bien on est vraiment bête. N'ayant pas lu son livre, je reste serein.
J'ai cependant eu le sentiment, au fil des extraits ou des interviews de l'auteur, d'un propos très laborieux, d'une clarté relative et animé avant tout par le désir : 
1- de prendre le contrepied du discours dominant du 11 janvier, et d'être le premier à le faire.
2- d'embêter le gouvernement.
3- de prouver qu'il est un vrai intellectuel de gauche, ou un intellectuel de la vraie gauche.
On trouve là les trois éléments de marketing incontournables aujourd'hui pour un projet éditorial un peu ambitieux, même pour un atrabilaire comme Todd.
J'ai regardé également Francis Cabrel en pleine promo de son dernier album (In extremis) : normal, exercice obligé. Par contre je l'ai aussi vu errer sur des plateaux de talk-show, passablement égaré, ne sachant où il convenait de rire, à quel degré il fallait comprendre l'humour de cour de récré qui y régnait... c'était sur le service public.
Ainsi donc, même Cabrel est contraint à cela... Misère, misère.

jeudi 23 avril 2015

Retour sur Mona Lisa ou la clé des champs

Les séances de dédicace ne sont pas toujours agréables, tous les auteurs vous le diront. Lorsqu'elles le sont, c'est bien sûr du fait de la rencontre et de l'échange avec le public. Mais elles présentent aussi l'avantage pour l'auteur de l'aider à définir a posteriori son ouvrage, et parfois de mieux comprendre ce qui l'a animé pendant la conception de son livre.
C'est ainsi qu'au fil des signatures j'ai pu identifier plus clairement les motivations qui m'ont porté pour écrire "Mona Lisa ou la clé des champs" (L'Harmattan, novembre 2014).
Il y avait un évènement historique, peu connu du grand public mais en soi extraordinaire : le parcours du Louvre pendant la guerre, le déménagement des œuvres, le caravansérail de 200 camions et 250 personnes, les aléas des lieux de résidence et des déplacements, tout cela méritait quelque chose.
Mais si j'en ai fait un roman, c'est bien pour dépasser le seul fait historique, et donner au texte une portée plus étendue et plus universelle. Il n'y a d'ailleurs qu'un seul personnage fictif dans ce roman, ce jeune paysan qui va découvrir le monde de la création et de la culture "classiques". Mais la rencontre avec André Chamson, auteur du terroir et de langue d'oc, et c'est là la clé du roman, va l'éclairer sur sa propre culture. D'où ma prétention d'évoquer une rencontre entre l'art et la terre, le beau et le vrai...
Carl'image de la Joconde appuyée sur une meule de foin dans la campagne rouergate, qui était l'émotion première de ma motivation et qui illustre mon propos, a bel et bien existé...

samedi 18 avril 2015

Ridendo dicere verum quid vetat ?

L'actualité contemporaine est glaçante.
Parfois du fait de problèmes ou faits-divers objectifs, parfois de la réponse qu'on y fait ou qu'on voudrait y faire.
Ici, on voudrait interdire toute activité à un quidam susceptible de devenir dépressif ; là, on voudrait enfermer les individus dont on n'est pas assuré à l'avance qu'ils ne recommenceront pas ; ailleurs encore, interdire d'exercice tout enseignant potentiellement pervers.
Bien sûr, il ne s'agit pas d'ignorer l'émotion, et encore moins de nier le risque ou les drames régulièrement actés. Pourtant, et en sus de la situation kafkaïo-ubuesque qui en résulterait, il me semblait que le droit sanctionnait un acte délictueux, et non possible.
La judiciarisation de la société n'a jamais été dans l'Histoire une bonne réponse. De même qu'il est à craindre que les plans anti-terrorisme, anti- racisme, anti-antisémitisme, anti-homophobie, toussa etc... ne pèsent davantage sur les humoristes que sur les terroristes. Et depuis Philippe Muray on sait ce qu'on peut penser de "l'envie de pénal".
C'est d'ailleurs en relisant Muray que m'est revenu à l'esprit la citation de Horace (Satyres), "Ridendo dicere verum quid vetat ?"...
"Qui nous empêche de dire la vérité en riant ?"

mardi 31 mars 2015

Axel Kahn, le chercheur et le territoire.

Entendu hier soir sur 28 minutes, l'horripilante émission d'Arte qui réserve parfois des pépites, une interview d'Axel Kahn qui, après avoir parcouru et commenté la France des Ardennes jusqu'au Pays basque (Pensées en chemin, Stock 2014) publie dans les jours à venir "Entre deux mers", voyage perpendiculaire au premier, d'ouest en est. Il y aurait beaucoup à dire sur ces marcheurs qui en une nuitée vous définissent une région, mais le discours de Kahn m'a agréablement surpris.
Ce "patriote de gauche", qui considére comme un désastre l'abandon par la gauche de certaines idées qui font le miel de l'autre bout de l'échiquier politique, y réaffirme son attachement aux territoires et aux cultures locales. "L'attachement au monde sera plus manifeste à travers le partage des motifs de fierté des citoyens témoignant chacun de la richesse de son territoire et de son pays, ardents à découvrir aussi celle que d'autres lui présentent...", écrit-il par ailleurs.
Il montre dans ses propos, illustrés par son long périple, que les gens vivent mieux les difficultés économiques contemporaines, par exemple, s'ils ont le sentiment d'une identité, d'une culture régionale. Alors que beaucoup de penseurs de gauche persistent à n'y voir que xénophobie, réaction et inculture, Axel Kahn redonne leur juste valeur à ces cultures, et tend à prouver à l'inverse que ce sont les banlieues et le politiquement correct socio-cul qui n'ont accouché que d'acculturation.
Et si les territoires étaient justement l'antidote aux dérives nationalistes ?
Patientons en attendant la parution du livre. Mais il devrait être intéressant.

vendredi 20 mars 2015

Dédicace Toulouse

J'aurai le plaisir de dédicacer mon dernier ouvrage
         Mona Lisa ou la clé des champs
                   L'Harmattan 2014

                                à
                CULTURA LABEGE
               Samedi 21 Mars 2015
               de 10 h 30 à 18 heures

L'occasion de nous y retrouver ?

mercredi 4 mars 2015

Soumission... et c'est ainsi que Houellebecq est grand !

Certes, ce n'est sans doute pas le meilleur Houellebecq, mais pas le moindre non plus... Soumission (Flammarion) n'a pas la dimension des Particules élémentaires, par exemple, pourtant son intérêt va bien au-delà des téléscopages avec l'actualité de Janvier, et conforte Michel Houellebecq comme un auteur contemporain de rare envergure, sans doute aucun le meilleur dans son genre : la vision et la description d'une société déshumanisée, orpheline et agonisante.
Soumission n'est pas un ouvrage politique, au sens courant du terme, et Houellebecq n'est pas davantage un homme politique ; inutile donc de pousser des cris d'orfraie comme le font certains, l'accusant de racisme, de paranoïa, de démagogie, d'irresponsabilité... et commentant le doigt au lieu de regarder la lune.
La France de 2022 qu'il décrit, présidée par un musulman, peut sembler bien improbable, et donc pure provocation. On objectera cependant que dans son scénario, le plus tiré par les cheveux (quoique...) tient dans l'hypothèse d'un deuxième mandat de François Hollande ! Pour la suite dudit scénario, on a connu plus loufoque. Résumons : au 1er tour de la présidentielle, le candidat d'un parti musulman, très modéré et fédérateur, arrive devant le PS et derrière le FN. Pour faire barrage à ce dernier, le front républicain vote pour le candidat musulman, et Bayrou devient premier ministre. Et c'est ainsi qu'Allah devient grand.
Quant au reste, que les élites soient prêtes à se convertir à l'islam pour conserver leurs miettes de pouvoir, je ne suis pas sûr que cela soit si farfelu que cela... Pour ce qui est du sort des femmes ou de l'instauration de la polygamie, on aura reconnu cet humour féroce habituel chez Houellebecq.
L'intérêt de l'ouvrage tient non dans sa dimension de politique-fiction mais dans l'illustration habituelle des comportements au cœur d'une société acculturée, impuissante et veule ; à moins de considérer le succès du marketing compassionnel de Je suis Charlie comme une forme de résistance, est-on bien sûr que Michel Houellebecq soit dans le faux ?

vendredi 20 février 2015

Festival du Livre à Onet le Chateau (12)

                 La Compagnie des Arts organise le
              Dimanche 1er Mars de 10 h à 18 h
à la salle des Fêtes des 4 Saisons, Bd des Capucines, à
                        ONET le CHATEAU
                               ( Rodez )
               son 5ème FESTIVAL du LIVRE

Peut-être l'occasion de nous y retrouver ?

dimanche 15 février 2015

Karpathia, heureux anachronisme

J'avais évoqué, lors de sa parution en août dernier chez POL, le livre de Mathieu Ménégoz, Karpathia. Cet ouvrage est très heureusement anachronique, de par son format d'une part (700 pages) et de par sa nature de roman historique... Mais qui donc de nos jours lit des romans historiques de 700 pages ?!
Ben si, puisque le livre se révèle être un succès de librairie. Il le mérite, et il se mérite : il est massif, d'un rythme souvent lent, précis, nourri de descriptions et d'explications. Bref, tout le contraire d'un scénario.
L'intérêt en réside aussi et surtout dans la complexité relatée des communautés des Carpathes du XIXème siècle, complexité qui demeure d'actualité dans cette Europe centrale, entre autres contrées, que ce soit à propos de la langue, de la culture, de la religion ou du droit. Et la décadence de ce monde qui se meurt, celui de la noblesse magyare, augure de tous les désagréments à venir de l'Histoire...
Alors certes, on peut se demander si quelques pages en moins n'auraient pas parfois soutenu le rythme, encore que celui-ci s'accélère au fur et à mesure de l'intrigue et capte de plus en plus le lecteur ; en fait, on ne regrettera vraiment que la forme trop contemporaine de certains dialogues : fallait-il faire populaire ?
En tout cas, le succès de Karpathia démontre que l'ambition et le talent, fût-ce sur un genre littéraire supposé démodé, restent de bons atouts.

mercredi 4 février 2015

Daech : tant qu'il y aura des livres...

"Là où on brûle les livres, on finit par brûler des hommes." écrivait Henrich Heine. Désormais on peut faire les deux choses simultanément.
Pendant qu'un pilote jordanien, otage, brûlait vif, la bibliothèque de Mossoul, deuxième ville irakienne, a bénéficié de toute la considération que les blaireaux islamo-fascistes de Daech peuvent accorder. Résultat, 20 000 livres brûlés, ouvrages de poésie, de philosophie, de science ; et pour faire bonne mesure et purifier l'Histoire, des journaux du début du XXème siècle...
La raison, on l'aura compris, en était qu'ils étaient jugés comme "appelant à la désobéissance de Dieu". Il ne reste désormais à la bibliothèque de Mossoul que des ouvrages sur l'islam, compatibles avec la pensée (?) des incendiaires.
Un jour viendra-t-il où on finira par relativiser Goebbels et son révolver ? Hélas, au train où vont les choses rien n'est à exclure... En tout cas, si le livre gardera toujours sa légitimité c'est bien pour tout ce qu'il représente.

jeudi 22 janvier 2015

Goncourt 2014 : regrets sur une occasion ratée.

Ainsi que je l'avais écrit dans un précédent billet, j'aime assez Lydie Salvayre et attendais de lire "Pas pleurer", attiré à la fois par l'histoire personnelle de l'auteur, par la guerre d'Espagne en elle-même et la référence à Bernanos. Sans doute ces espoirs étaient-ils démesurés, puisqu'il me reste de la lecture un sentiment mitigé.
Entendons-nous : ce Goncourt est très honorable ; une histoire personnelle est toujours touchante, et l'auteur fait preuve d'une bonne intégrité intellectuelle face à des évènements très complexes. Cependant, sur le plan de l'écriture, celle-ci me parait demeurer très contemporaine, c'est-à-dire sans style ni recherche ; on peut trouver intéressant le "fragnol", on peut apprécier (ou non, car à mon avis plus prétentieux que convaincants) quelques tics d'écriture, mais le tout reste quelque peu plombé.
Un autre grand regret s'ajoute à cela : la référence à Georges Bernanos était une opportunité merveilleuse pour enlever le récit et le regard sur l'Histoire. Au lieu de cela, on a un apport intéressant mais pauvre au regard de ce qu'il aurait pu générer dans l'ouvrage. Bernanos se trouve ramené à une pauvre dimension de militant chrétien honnête, qui rompt avec son camp au vu des pratiques de celui-ci...
Même s'il demeure intéressant à lire, à consommer pourrait-on dire, le livre de Lydie Salvayre me parait souffrir d'un manque d'ambition et d'élan, et plus encore de panache et de hauteur de vue. Dommage, à moins que ce ne soit le marketing qui exige de plus en plus de simplification...
Ah, j'allais oublier : il aura fallu attendre 2014 pour qu'un Goncourt écrive "entièrement décimée"...

samedi 10 janvier 2015

Emotions

Toujours la même colère, que l'actualité de chaque jour nourrit de sang, de monstruosité et de bêtise ; je n'aurais jamais cru être réchauffé par une Marseillaise, pourtant celle entonnée spontanément par le public au coup d'envoi du match de rugby Paris-Castres m'a semblé porter en elle quelque chose comme de l'espoir.
Entendu aussi souvent ces jours-ci l'indicatif de Radioscopie. Une musique qui m'étreint la gorge, no comment, comme à beaucoup d'autres sans doute.
Et des images du Grand Echiquier, quand avec de la volonté, de l'exigence et du goût, la télévision populaire devenait si facile à faire...
Et Yves Rouquette, de ceux qui firent "renaitre" la langue d'Oc...
Les disparitions sont-elles nécessaires pour apprécier le vide ?

jeudi 8 janvier 2015

Barbares !

On pouvait aimer, ou non, Charlie Hebdo ; on pouvait apprécier ses dessinateurs, sans être pour autant fan de la ligne éditoriale du journal ; on pouvait trouver l'excès ou la provocation -la caricature, donc- parfois bien commode. Pourtant, Charlie Hebdo représentait l'essence de ce qui se meut au sein d'une démocratie vivante, avec ses fragilités et ses imperfections, mais comme le coeur de nos valeurs.
Ce matin, la preuve est faite qu'il ne suffit pas de fuir un combat pour que les assassins s'abstiennent. C'est dans l'âme même de nos idées de liberté que la guerre est portée. Quelles armes nous faut-il prendre ? Pas celles des intégristes, bien sûr, mais pas non plus celles des beaux parleurs. Alors à chacun de prendre conscience des enjeux, individuellement, et et aux groupes sociaux les plus exposés aux amalgames de prendre la tête de la réaction. Sinon ce sont d'autres extrémistes qui feront le jeu des islamo-fascistes.
Nous savons aujourd'hui que le pire peut être sûr et que, en même temps que la liberté, l'humour ou la démocratie, c'est simplement l'intelligence qu'il faut défendre, avec fermeté. La colère n'est parait-il pas bonne conseillère, pourtant j'espère qu'elle ouvrira nos yeux.