lundi 28 mai 2012

Pour Zemmour, hélas...

Je ne trierai pas chez Eric Zemmour ce qui relève du débat ou ce qui relève de la polémique, des idées ou de la provocation intéressée.
Je n'aime pas ses idées, mais j'entends ses propos, et je n'aime pas sa carrière de clown médiatique : ce qui connaissent EZ savent qu'il vaut mieux que ces postures surjouées.
Mais je n'aime pas non plus  cette police de la pensée qui veut faire taire tout ce qui lui déplait, ou plutôt qui ne va pas dans le sens de ses intérêts. Et je ne peux que soutenir Zemmour quand il dénonce les professionnels appointés de l'indignation subventionnée.
Je réclame simplement le droit au pamphlet, le droit du bouffon ; comme pour D. Porte (que j'aime bien) ou S. Guillon (que je n'apprécie pas). Je crois au rôle du pamphlet dans un vrai débat démocratique, souvent sommaire, parfois simpliste mais caractéristique d'une idée. Je crois à la fonction sanitaire du bouffon, rappelant au souverain qui l'a fait roi. Je crois à l'utilité pratique de la caricature. A quand des plaintes au tribunal contre les caricaturistes, quand un puissant trop narcissique s'estimera mal croqué ?
Dans un temps pas si lointain, nous appréhendions la résurgence du totalitarisme, brun forcément ; d'autres le craignaient rouge. Aujourd'hui, je me demande chaque jour un peu plus s'il n'adviendra pas de façon plus insidieuse, puritaine et moralisatrice, porté par ceux qui, parés des grands principes de liberté, veulent faire taire ceux qu'ils estiment moins libertaires qu'eux-mêmes.
Et hélas c'est ainsi qu'ils donnent, doublement, raison à Zemmour...

mardi 15 mai 2012

Contre Jules Ferry

Chaque sacre républicain se place d'emblée sous des symboles, du moins lorsqu'il a des références ou des prétentions intellectuelles. François Hollande a choisi Marie Curie et Jules Ferry.
On se souvient de l'intronisation de F. Mitterrand, célébrant au Panthéon trois figures consensuelles, Jean Jaurès pour la gauche, Jean Moulin pour la France et Victor Schoelcher pour la civilisation. On peut ne pas aimer le consensus et reconnaitre ces forces de l'esprit.
F. Hollande en réfère à Marie Curie, femme, immigrée et qui a donné deux Nobel à la France. Très beau symbole, et même si le message est un peu trop politicien pour être grand il demeure chargé de sens.
Reste Jules Ferry, et avec lui ma première amertume de ce quinquennat... L'inventeur de l'école publique, gratuite et obligatoire était sans doute animé de bonnes intentions, comme celle de civiliser les "races inférieures" des colonies... Le président a pris quelques distances à ce sujet, et pour ma part je considère que le traiter de raciste ou de colonisateur un siècle et demi plus tard n'est qu'une ineptie inutile ou intéressée.
Par contre il est celui qui a tenu à éradiquer les langues régionales, au nom d'une école qui ne pouvait que devenir monolithique, massifiée, arbitraire et bourreuse de crâne. Il est l'archétype jacobin qui nous interdisait de cracher par terre et de parler patois. Il a ainsi massacré nombre de cultures et un patrimoine (plus considéré à l'étranger que dans l'hexagone) qui nous serait sans bien utile aujourd'hui et demain, mais il a encore des soutiens militants du côté de la rue de Solférino, sans compter Papa Gaino considèrant que quand on aime la France on ne ratifie pas la Charte européennes des langues régionales....
Les bonnes intentions serviront-elles un jour à autre chose qu'à paver l'enfer ? J'en doute, et en attendant notre symbole célébré demeure juste le trait d'union entre les guerres de Vendée et le paradis des travailleurs.

mercredi 9 mai 2012

Ite missa est...

Voilà, la messe est dite. Les présidentielles ont vécu, les législatives vont s'ensuivre. Puis le réel refera surface.
Que retenir de cette soirée ? J'ai le souvenir de la Bastille en 1981, et je n'ai rien retrouvé de l'émotion de ce soir là...
Je m'en tiendrai donc à quelques images, glanées ici ou là...
Une avant-soirée ubuesque, quand les commentateurs s'efforçaient de faire croire à un suspens que derrière eux les images anéantissaient...
Beaucoup de drapeaux sur cette place de la Bastille, qui font parler. Je ne retiendrai que l'oriflamme occitan qui flamboyait.
Des notes d'accordéon, dans la capitale française de celui-ci. Sous d'autres étiquettes on les eut jugées maurassiennes ; là elles apparurent populaires et enracinées. Plouc et ringard, selon certains, sans doute nostalgique du Fouquet's et des Rollex, à moins qu'il ne s'agisse de forcenés de la modernité à venir.
Des meutes de journalistes ont découvert la province. Les clichés ont fusé.
Et maintenant ? attendons-nous à quelques cadeaux corporatistes, à quelques alliances nauséabondes, à quelques surenchères populistes.
Allez en paix. La campagne continue.

jeudi 3 mai 2012

Moche caviar

L'évènement de ce jour serait, parait-il, le débat entre postulants à la magistrature dite suprême... Gageons que l'on n'y parlera guère de culture.
Tout esprit sain, c'est-à-dire qui n'a pas cru lesdits candidats, sait bien que l'état de ce pays a renvoyé tout débat sur la culture dans les abysses des priorités. Que le temps est loin où l'on visait 1% du Budget. Que l'heure n'est plus de choisir entre Paris ou la province, entre le patrimoine ou la création... quand un internet gratuit et intersidéral arrive comme point d'orgue de la société de consommation.
Des choses s'imposent d'elles-même, comme la réforme du régime des intermittents, ou celle d'une administration coûteuse et qui ne fait même plus rire. Mais cela n'arrangera pas grand-chose.
On se consolera en saluant la fin d'une ère, celle des Roujon-Macquart, de Roland Barthez ou de Zadig et Voltaire... Ce n'est pas rien.
Nous aurons un nouveau ministre. J'ai établi dans ma carrière assez de profils de poste pour connaitre la complexité de celui relatif à cette fonction, sans compter les critères d'une autre nature, lobbyiste ou communautaire. Mais en lisant les noms qui circulent, l'épouvante me saisit... Entre caciques du PS, chevaux de retour ou avant-garde parisienne autoproclamée, le risque est grand de voir sombrer ce qu'il restait de crédibilité au poste...
En attendant, caviar pour tout le monde.