vendredi 24 mars 2017

Le voilà !

En attendant que la presse vous en dise davantage...,
la couverture et la quatrième de couverture :


lundi 13 mars 2017

Le Répountchou : il est sorti !

C'est la saison, me direz-vous si vous connaissez le répountchou !
"Le Répountchou qu'es aquo ?" est le titre du livre qui parait ces jours-ci aux Editions Vent Terral, signé Michel Poux et Anne-Marie Rantet-Poux.
Le répountchou c'est cette plante qui pousse chaque printemps le long des haies (pas toutes), suscitant un engouement qui n'a d'égal, et encore, que celui pour les cèpes... Rien n'avait jamais été écrit sur le répountchou (reponchon en occitan) ; peut-être est-ce pour cela que sont commises de nombreuses confusions : il ne s'agit pas d'asperge sauvage, ni de raiponse, ni de houblon, ni de... mais bien du Tamier commun (Tamus communis), seule dioscoréacée européenne et cousine de l'igname africaine.
Plante au coeur des cultures des pays d'oc, l'histoire du répontchou culinaire est très liée à celle des bassins miniers, où il fit gagner des grèves... 
Le livre s'attache à le chanter, dans une dimension littéraire, en en faisant un personnage central de la ruralité, traditionnelle et contemporaine. Il dépeint aussi, par la grâce d'AM Rantet-Poux, pharmacienne et photographe, la plante de façon exhaustive, avec son cycle végétal, ses vertus médicinales résolutives (c'est l'herbe à la femme battue) ou dépuratives, ses risques, ses dangers, sa cuisine... Bref c'est le petit livre du répountchou, que chaque famille se devra d'avoir chez elle !
Plus de 50 photos illustrent le propos.
Pour vous faire une idée : https://issuu.com/vent-terral/docs/repountchou

"Le Répountchou qu'es aquo ?", M. Poux et AM Rantet-Poux, 
Editions Vent-Terral
84 pages 21x21, 12,00 euros

mercredi 8 mars 2017

Céline, arbitraire à rebours

Est-ce le propre des auteurs d'exception ? Toujours est-il que Céline excelle encore aujourd'hui à nourrir la chronique... et certains chroniqueurs. Ainsi P.A. Taguieff, philosophe en baisse de notoriété, et A. Duraffour, normalienne en mal de reconnaissance, viennent-ils de publier "Céline, le juif, la race" (Fayard), ouvrage de 1285 pages entièrement à charge, visant à tordre définitivement le cou à la "légende littéraire" et accessoirement aux "admirateurs idolâtres".
On connait depuis longtemps les turpitudes et la plume de Bardamu, écrits géniaux et/ou horribles. Mais qu'apportent donc Taguieff et Duraffour, comme révélations établissant que Céline était, en vrac, un sale type, un délateur cupide, informé du sort des juifs, payé par les nazis, agent d'influence hitlérien, etc..? Absolument rien. Ils énumèrent des citations et des propos connus depuis 80 ans ou plus, en les décontextualisant ; ils torturent et manipulent, pour ne pas dire falsifient, des textes déjà connus, et élaborés, souvent avec courage par des céliniens !
Au bout de 1300 pages, on a donc toujours le même Louis-Ferdinand ; par contre, les spécialistes de l'oeuvre de Céline, généralement admirateurs, sont ramenés à un quasi-statut de négationnistes, méritant l’opprobre et les sanctions que le politiquement correct contemporain (ou comptant pour rien) prévoit en ces cas-là.
Est-il seulement possible d'évoquer le médecin des pauvres, qui soigna des résistants et aida des amis juifs ?
Propos collaborationnistes, hors sujet dans ce livre dont on ne sait trop s'il se veut pamphlet commercial ou oeuvre d'historien. Par contre on se demandera s'il serait possible aujourd'hui, juridiquement parlant, de publier 1300 pages à la gloire de Céline, surtout en oubliant la face cachée du personnage ? On en doutera.
A t-on encore le droit de considérer la création littéraire ou artistique comme une fin en soi ?
Peut-on encore tabler sur l'intelligence du lecteur et sur sa capacité critique ?
A t-on encore le droit d'aimer Céline l'écrivain, tout en désapprouvant l'homme, sans être soupçonné de négationnisme ?

mercredi 1 mars 2017

Depardon, profil paysan

J'ai revu, ces deux derniers soirs sur la chaine Histoire, deux volets de la trilogie de Raymond Depardon "Profils paysans". Mon histoire n'est pas celle d'un citadin, et si le coeur me saigne, presque joyeux, c'est d'y avoir retrouvé les émotions du monde qui m'a vu naitre.
Que dire de "Profils paysans", si ce n'est que c'est un chef d'oeuvre ? Mais comment argumenter d'un chef d'oeuvre, lorsque celui-ci est bâti à l'inverse de ces produits contemporains qu'on nous inflige, et qu'hélas on s'arrache ?
Depardon filme, sur une période de 10 ans, quelques familles paysannes de Lozère, d'Ardèche ou de Haute-Loire, petits paysans en train de mourir. De cet univers taiseux et introverti, où l'affectif ne circule guère, le citadin retiendra la rudesse, la dureté, l'entêtement, sans en voir la tendresse étouffée. Mais ces hommes et ces femmes peinent à exprimer ce que la société moderne ne peut comprendre, voire entendre. On entend la détresse sourdre à chaque image, à chaque propos ; il n'y a pas qu'en banlieue que le no futur hante les hommes : ici, c'est la mort qui rôde, autour des vieux qui trimeront jusqu'à leur dernier souffle, autour des bêtes qui se raréfient, autour des fermes sans succession, autour des villages déserts, autour de leur monde qui est définitivement d'un autre temps. Ces paysans agonisent en hiver, et le printemps ne viendra plus.
Ce vieux monde triste et quasi muet, Depardon l'écoute, l'observe et en grave les émotions avec empathie et discrétion, avec pudeur mais sans misérabilisme aucun. Les images sont magnifiques, les plans sont fixes et longs. Le film est construit de silences, entrecoupés de rares phrases, le rythme est lent, la musique (l'Elégie de G. Fauré) est lancinante : le contraire de n'importe quel film ou documentaire contemporain. Sans folklore ni cliché néo-rural, l'auteur témoigne (même si l'on est aux antipodes d'un docu sociologique) sans pathos et crée une oeuvre tout en nuances de détresse et de racines, magnifiant l'épure avec le souvenir de ses propres origines.
C'est un chef d'oeuvre, voilà tout.