vendredi 13 janvier 2023

Sus à l'accent aigu !

Tous les jours, en France, il nait des bébés. Il leur échoit un prénom, que les parents choisissent selon leurs critères ou leurs moyens culturels. Ainsi, à en croire l'INSEE, a t-on vu fleurir en 2022 sur les registres de l'Etat-civil, les attendus Cristiano-Ronaldo, Mbappé ou Messi mais aussi, ne serait-ce qu'à Montpellier, des Ouais, des Laurent-Fabius, des Taime-Lamour, des Stalone, des Alkapone, des Derrick... qui se sont rajoutés à une flopée de prénoms venus d'on ne sait où et qui évoquent, selon, des onomatopées, des marques, des BD ou des borborygmes, le tout d'une modernité indépassable. Rien à redire à cela, estime l'Etat-civil. Certes sa mission première n'est pas d'arbitrer les incongruités dont on l'abreuve, mais on nous dit pourtant qu'il doit veiller à ce que le prénom ne soit ni grossier, ni ridicule ni contraire à l'intérêt de l'enfant. Ce ne doit donc pas être le cas.

Cela étant, tout n'est pas permis et il ne faudrait pas abuser de sa clémence : est né à Mende, en décembre, un enfant de sexe mâle que ses parents entendent baptiser Artus (Arthur en occitan), qui s'écrit A majuscule, r,t, u accent aigu, et s. L'Etat français veut bien l'accepter, mais sans l'accent aigu sur le u, car cette lettre n'existe pas en langue française. CQFD.

L'accent aigu menacerait donc l'unité de notre République, une et indivisible comme chacun sait. Moi qui croyait que c'était plutôt le jacobinisme et l'ethnocentrisme du législateur et du fonctionnaire...

vendredi 6 janvier 2023

BD, Bastien Vivès : art pur et art dégénéré...

Le Festival International de la BD (FIBD) d'Angoulême est une institution, controversée pour sa gestion mais incontournable pour le monde bédéphile. L'évènement 2023 avait programmé une exposition Bastien Vivès, star du genre. Patatras. Cet auteur, qui avait déjà eu maille à partir avec des féministes pour "mysoginie" supposée, a vu s'abattre sur lui diverses pétitions pour cause de pédopornographie, dont dans Médiapart une "Tribune co-écrite par des autrices, éditeurices, étudiant-es et militant-es féministes", plus inconnues les un(e)s que les autres ; tant et si bien que l'expo, menacée de violences physiques, a été déprogrammée. Ces signataires déploraient notamment que "l'auteur souhaite provoquer l'excitation de son lecteur à travers l'expression de ses propres fantasmes", faisant allusion à quelques albums qui avaient déjà défrayé la chronique, avant que la justice ne classe sans suite les velléités purificatrices. Ces signataires badigeonnent d'une couche de ripolin politique et s'en prennent aux organisateurs du FIBD : "Ont-ils si bien intégré la pensée réactionnaire d'extrême-droite qu'ils n'hésitent plus à s'attaquer aux féministes qui luttent pour le droit des enfants ?". Au passage, on souhaite aux enfants d'avoir de meilleurs soutiens. Mais qui écrivait, jusqu'à présent, "Le temps où les artistes faisaient l'apologie de la pédocriminalité doit être révolue en France.", sinon l'extrême-droite réactionnaire dont ils se font les supplétifs ?
Je ne connais pas Bastien Vivès, ni personnellement ni en tant qu'auteur et, au risque de m'incliner devant des a-priori, je n'aime pas ces créateurs délibéremment immatures qui multiplient les provocations, sans qu'on sache s'il convient de prendre celles-ci au premier, au deuxième ou au quarante-huitième degré, surtout sur des thèmes aussi douloureux. Et après tout jouer avec la provoc comporte des risques de boomerang : je n'ai aucune sympathie particulière pour Vivès. 
Mais voir des artistes et des créateurs décider ainsi de ce qui a le droit ou non d'être produit par leurs collègues a quelque chose de terrifiant. Cette nouvelle définition de la vertu ressemble fort au nouvel ordre moral des régimes totalitaires. Qui aurait cru que des gens de culture, se revendicant de la gauche, de la liberté et du progrès oseraient écrire en 2022 :"C'est pourquoi nous demandons aujourd'hui que FIBD rédige et établisse une charte d'engagement, afin que les futures sélections et programmations du estival soient réalisées dans le respect des personnes minorisées ainsi que dans l'égalité de leur représentation" ? Se rendent-ils seulement bien compte de ce qu'ils disent ? Pour s'en tenir à la seule BD, univers nourrie de violence, de sexe, de mort, de sang, de fantasmes, d'égarements et de transgression : faut-il édulcorer tout cela et en revenir, comme l'écrit joliment Pierre Jourde dans l'Obs, à Fripounet et Marisette ?  Plus de fantasmes, plus de cochonneries, mais de la morale. Et des commissaires politiques pour contrôler tout cela. Un art moral et responsable, citoyen, indolore et respectueux de chacun, pour satisfaire les attentes (contradictoires) de toutes les minorités. Et exit la fonction subversive de l'artiste, sept ans après Charlie-Hebdo. Une deuxième mort pour Reiser, Wolinski et tant d'autres.
Nous n'en revenons pas simplement à la censure du procureur Pinard, garant des bonnes moeurs. Si Bastien Vivès outrepasse la loi, c'est à la justice de le dire et non aux réseaux sociaux où il est de bon ton d'étaler une indignation militante pour étaler sa prétendue supériorité. Leur argumentation est de même nature que celle de la fatwa contre Rushdie ; on en revient à Dzerjinski et à la culture soviétique des temps héroïques, ou à Goebbels, célèbre lui aussi pour avoir combattu l'art dégénéré.

A voir nouvelobs.com l'avis de Pierre Jourde :https://www.nouvelobs.com/societe/20221230.OBS67755/affaire-bastien-vives-assez-fantasme-par-pierre-jourde.html

mardi 3 janvier 2023

Bonne Année ! (2023, cette fois...)

Longtemps, les enfances rurales ont été rythmées par le Nouvel An et ses étrennes, bien plus que par un Noel dont la version commerciale n'était pas inventée, ou encore balbutiante... Le charme s'en est perdu, et les années qui me pèsent n'en sont pas la seule cause. Reste néanmoins le temps des voeux.

Aussi vous souhaiterai-je une bonne année 2023. Sans optimisme béat, vous me connaissez, mais au moins avec sincérité, pour que tous vos voeux soient comblés. Je viens de relire mon billet du nouvel An 2022, afin de ne pas écrire la même chose, et le considère avec le recul plutôt perspicace. Ce qui peut laisser espérer que l'année qui vient sera meilleure !

Bref, Bonne Année !!!