dimanche 18 décembre 2016

La grosse librairie

Voilà quelques jours, France 5 nous proposait son émission hebdomadaire 'La grande librairie", présentée par François Busnel, l'intègre journaliste qui, voilà quelque temps, interviewait, avec zèle, componction et voussoiement, sa femme venue faire la promotion de son livre. (Et, curieusement, Delphine de Vigan accumule les prix...).
Cette semaine, donc, le thème annoncé de l'émission était "Si on lisait ?", ce qui, on en conviendra, est un bon sujet pour une émission qui se veut littéraire.
Des auteurs avaient été invités. Leurs noms : Eddy Mitchell, Véronique Sanson, Alain Souchon.
Je n'ai pas regardé l'émission.

mercredi 14 décembre 2016

Magyd Cherfi, ceux qu'il aime, et eux non plus...

J'ai déjà évoqué sur ce blog le livre de M. Cherfi, Ma part de gaulois (Actes sud), du temps où il se trouvait nominé pour le Goncourt. On sait que le leader de Zebda y évoquait, avec la subtilité qu'il a souvent montré, ses années d'enfance dans la banlieue toulousaine des Isards, où il tranchait quelque peu d'avec ses congénères. Mais le livre était empreint d'une nostalgique tendresse à leur égard.
Sauf qu'il a commis une erreur de débutant, ce qu'il est d'ailleurs en littérature, celle qui consiste à conserver le prénom de quelques uns de ces camarades, "parce qu'il les adore". Parmi eux, un ancien petit gitan, aujourd'hui vendeur de voitures d'occasion, qui s'estime "sali et outragé" et qui porte plainte pour diffamation. Entre nous, les quelques lignes qu'il évoque ne resteront ni dans l'histoire de la littérature, ni dans le dictionnaires des injures. Mais passons.
Même si les gitans d'aujourd'hui n'ont que peu de choses à voir avec ceux d'hier, on peut croire qu'il leur reste un sens exacerbé de l'honneur...A moins qu'ils n'aient envie d'argent, ce qui serait moins romantique. Bref, quelle que soit sa motivation, notre gitan a porté plainte contre l'auteur, qui selon lui le présentait comme "vulgaire, grossier et illettré", ce qu'il estime ne pas être. Et notre gaulois d'être accusé de "monter sur la tête de la misère pour son propre profit"...
Au risque de faire beaucoup d'honneur aux uns et aux autres, je repense avec ce fait divers aux mésaventures de Pierre Jourde, dont certains voisins n'avaient pas bien compris la déclaration d'amour qu'il leur avait faite dans Pays perdu (voir sur ce blog en 2012), et qui le lui avait fait comprendre avec des arguments d'un autre temps. Ici, les moeurs sont banlieusardes, au sens où on l'entend aujourd'hui ; les motivations et les attitudes sont tout aussi contemporaines.
On aura compris qu'il devient de plus en plus difficile d'écrire sur les autres, sur l'Histoire, sur la société, sur la vie. Et il se trouve des avocats pour encourager (on n'ose écrire initier) ce type de procédures. La liberté d'expression, dont il font à juste titre si grand cas, en sortira sûrement grandie...

dimanche 4 décembre 2016

Effroyable Jardin

J'étais plutôt fier de mon titre, référence bien sûr au roman de Michel Quint (croisé chez Elytis) et visant le sujet de ce billet, l'inénarrable Alexandre Jardin. Et voilà que je découvre qu'en 2004 Philippe Muray lui-même m'a précédé ! Je m'incline donc platement, ce qui n'est pas aisé pour les lombaires, et en profite pour saluer le souvenir de Muray, qui nous manque beaucoup.
Mais venons-en à Jardin, désormais candidat à la Présidence de la République : il ne manquait plus que lui. Certes cela ne durera que le temps de quelques interviewes, d'un peu de promo et d'hystérie narcissique, mais c'est là qu'il est le meilleur.
Voilà un homme, ou plutôt un ado attardé, qui se pique de politique. Laissons de côté son oeuvre littéraire et intéressons-nous au propos "politique". On connaissait son immaturité et sa vacuité, voici que s'y ajoute la cuistrerie. Après diverses gamineries sur le thème récurrent de l'enfant-roi, moultes rebellions consensuelles autour d'idées à la mode et autant de portes ouvertes enfoncées, notre homme théorise à présent sur les "diseux" (les politiques) et les "faiseux" (ceux qui font), avec une démagogie simpliste de cour de récréation.
Son action vise à "mettre sa notoriété (quand même relative) au service des gens qui font." Si ça c'est pas un programme... Allons plus loin : il veut "unir la population française dans une action concrète au service de la population" et entend "tirer ses compatriotes vers le haut"... Pour information, dans l'article sus-évoqué Muray parlait à son propos de tête à claques et de bonimenteur de cirque.
Il est probable que tout le monde se fout des aventures de AJ, excepté lui-même. Et ce n'est pas de participer à une réunion avec Macron qui donnera beaucoup de contenu à ses minauderies. Que le champ politique et ses professionnels soient devenus exaspérants est une chose ; mais que, sous couvert de critiques, on y ajoute ce genre de tartufferie est une insulte faite au peuple.

lundi 28 novembre 2016

Crochet du droit (d'auteur)

Et pafff ! Peut-être vous souvenez-vous qu'ici même, en mars 2012, sous feu Sarkozy donc, je vous avais entretenu d'un vote (à l'unanimité parait-il) de l'Assemblée Nationale autorisant la BNF à céder les droits numériques des ouvrages parus avant 2001 et estimés "indisponibles", au profit des sociétés officielles régissant le droit de ces oeuvres. Les auteurs ou les ayant-droit disposaient de 6 mois pour s'y opposer... s'ils étaient au courant. Bref, sous couvert de diffuser la culture, on procédait à un hold-up en bonne et due forme sur les droits d'auteurs.
Mais voilà que, comme nous l'apprend Delfeil de Ton dans l'Obs de cette semaine, la Cour de Justice de l'Union Européenne vient de déclarer cette initiative non-conforme aux directives européennes sur les droits d'auteur.
A quoi faut-il s'attendre désormais, entre copinages et intérêts bien compris ? Je l'ignore, et je ne doute pas que politiques, administrateurs de la culture et professionnels de la profession inventeront une nouvelle tentative d'arnaque... avec toute la perspicacité qui est la leur.

vendredi 18 novembre 2016

Nobel, Dylan, le gag (suite)

... et peut-être fin, mais ne jurons de rien. En attendant, Bob Dylan a annoncé au Comité Nobel qu'il ne viendrait pas à la remise du prix, ce 10 Décembre... car il a d'autres engagements !
Jusque là, il avait fait le minimum syndical, se disant "honoré". C'est bien le moins, s'agissant d'un prix Nobel. C'est mieux que sa déclaration arrachée, après quinze jours de silence : "C'est dur à croire". En effet, on ne saurait mieux dire. Le Comité Nobel a continué à espérer, mais... patatras !
En langage diplomatique, on appelle cela un camouflet ; en latin de cuisine, un bras d'honneur. 
Dylan pourra poursuivre sa belle oeuvre, et le Comité revenir à sa mission première, fut-elle élitiste, ce qui est mal vu de nos jours. Je ne sais pas s'il est décent ou non de snober un Prix Nobel, et surtout ce qu'il représente, mais en l'occurrence le jury s'est fait des noeuds en tirant ses propres ficelles de marketing : contrairement à ce que pourraient laisser croire bien des élections (voir ci-dessous), la démagogie opportuniste ne paye pas toujours.

mercredi 16 novembre 2016

Trumperies en tous genres

N'en déplaise à certaines chroniqueurs à la mode, c'est souvent d'ouest en est que volent les oiseaux de mauvaise augure. Ainsi le continent américain nous a-t-il récemment livré son lot de mauvaises nouvelles.
Ce fut d'abord la nobélisation de Bob Dylan. Je plaisante, bien sûr, même si je regrette cette merchandisation pour consommation de masse. Survint ensuite la disparition de Léonard Cohen.
Il y avait eu entre ces deux faits l'élection de Donald Trump. Tout a été dit, d'un bord à l'autre, sur ce qu'il convenait de penser de l'évènement, et je vous épargnerai ma contribution. Gageons simplement que si Trump est sans doute content d'avoir gagné, il est peut-être aussi bien embêté d'avoir été élu ! Mais pour l'heure - c'est ma minute d'optimisme- je me contente de le croire pragmatique avant tout, loin des propos d'estrade qui l'ont fait élire. Et même si la communication politique continuera un temps à enfumer ses supporters, ceux-ci ne tarderont pas à déchanter.
Ce qui m'attriste c'est que cette élection, dans la principale démocratie du monde, montre qu'on peut être élu en faisant une campagne de clown. Certains veulent y voir une victoire des peuples en réaction au politiquement correct ; peut-être y a-t-il quelque chose de cet ordre, mais j'y vois surtout les limites du système de l'élection démocratique...
Ainsi donc ont triomphé la démagogie, la xénophobie, l'image de l'argent, le consumérisme et les valeurs du blaireau américain, plus épris de Mc Do et d'armes à feu que de livres ou de culture. J'ignore ce que cette élection peut avoir de prémonitoire pour notre pays, de même que ses conséquences pour les USA ou la planète. Ce dont je suis sûr, c'est de la défaite progressive de la pensée.

mardi 15 novembre 2016

Ouvrages déjà parus

En attendant 2017, un petit rappel de mes ouvrages déjà parus...

          .  Mona Lisa ou la clé des champs -L'Harmattan 2014
          .  Passeport pour le Pays de Cocagne - Elytis 2012
          .  Aveyron Croatie, la nuit - L'Harmattan 2011
          .  Histoires peu ordinaires à Toulouse - Elytis 2007
          .  Histoires peu ordinaires au Cap-Ferret - Elytis 2006
          .  Week-end à Schizoland - Elytis 2005
          .  La branloire pérenne - Elytis 2002

En vente dans toutes les librairies, chez l'auteur (laissez un commentaire) ou l'éditeur.
Pour les ouvrages publiés chez l'Harmattan, disponible aussi en version numérique (www.harmattan.fr).

mardi 25 octobre 2016

A Lapointe

Y a-t-il encore un intérêt à fustiger l'inculture des grands media et à déplorer la crétinisation galopante qu'ils infligent ? Sûrement pas, mais bon... 
Ce midi, sur une chaine publique nourrie de notre redevance et à une heure de grande écoute, c'est un reportage sur la ville de Pézenas (Hérault) qui est diffusé. L'accent est mis sur les artisans de la cité, qui au demeurant est remarquable, dont on vante les oeuvres et la bonne entente : le touriste se chasse en meute. Comme souvent sur cette chaine, le commentaire se veut promotionnel, et on évoque ce(ux) que la ville peut compter de célèbre : on évoque donc en quelques phrases Jean-Baptiste Molière, qui "aurait" séjourné à Pézenas à de nombreuses reprises. Admirez le conditionnel (dont on aimerait comprendre la raison) et la condescendance.
Par contre, pas le moindre mot sur l'autre immense artiste de Pézenas : Bobby Lapointe, qui lui naquit et mourut ici. Mais, me direz-vous, qui connait encore Bobby Lapointe ? Ainsi oublie-t-on un des meilleurs virtuoses de la langue française de tous les temps... Le seul chanteur que je puisse réécouter ad libitum, car chaque audition ou lecture fait entendre un nouveau jeu de mot, une contrepèterie nouvelle..., dont la densité au mètre carré est phénoménale, voire incalculable. Aussi désopilant que complexe ("From two to two to two two"...) mais un régal perpétuel.
Oui, mais qui connait encore Bobby Lapointe ?

jeudi 20 octobre 2016

Des vessies et Dylan terne...

Pardon pour ce titre calamiteux, mais il était trop tentant et pas trop élitiste, comme il sied aux temps qui sont les nôtres...
Nous avons donc, comme chaque année, un nouveau Prix Nobel de littérature, et l'on sait que le récipiendaire en est Bob Dylan. On se souvient des cris d'orfraie qui avaient salué en 1997 celui attribué à Dario Fo, qui était un acteur et, très accessoirement, un dramaturge. Sans doute cette attribution ne méritait-elle pas toute l'indignité qui s'abattit sur elle (l'homme était de grand talent), mais force est de constater qu'il ne reste pas grand-chose aujourd'hui de ce Nobel là...
On peut aimer Dylan, l'auteur-compositeur-interprète, qui est sans conteste une référence mondiale et historique, au talent rare. Et ses textes sont de qualité. Mais peut-on extraire un texte d'une chanson, l'apprécier indépendamment d'une musique, voire d'une interprétation ? On peut affirmer sans l'ombre d'une hésitation que Dylan est un poète, mais pas que c'est un homme de l'écrit. Il eut fait un grand Prix Nobel de la Chanson, si celui-ci existait.
Ce Prix Nobel ne me gêne pas (et il vaut bien celui de Le Clezio), mais il sent trop le marketing. Ce choix est plutôt consensuel, voire populaire, mais gageons que le temps viendra bientôt où il n'en restera rien.

dimanche 9 octobre 2016

Nostalgie interdite

Voilà quelque temps, et même quelques années, que je ne vous avais entretenu de madame Sophie Delassein. La journaliste de l'Obs, connue comme aussi généreuse et complaisante envers ses amis que perfide avec les autres, écrit cette semaine un billet sur le nouvel album de Vincent Delerm, chanteur que j'aimais bien avant de le perdre de vue et d'ouïe.
La journaliste, donc, n'a jamais reculé devant la tartufferie. Ici, elle affirme tout d'abord, horresco referens, que "le chanteur peine à vivre avec son temps", ce qui en langage contemporain vaut condamnation aux galères. Elle trouve à l'album "un parfum de violette un rien désuet", -désuet, rendez-vous compte !- qui pousse à la légitime défense :"les références incessantes au siècle dernier sont anxiogènes, à la longue."...
Pauvre Sophie Delassein, agressée jusqu'à l'angoisse par des chansons de Delherm... mais ne faisons pas trop d'honneur à la plumitive qui se caricature si bien elle-même, et posons la question : est-il encore permis aujourd'hui de conserver par devers soi quelque sympathie pour le passé ? a-t-on le droit de préférer, par exemple, le XXème siècle au XXIéme ? Peut-on, en matière de littérature populaire, préférer Balzac ou Dumas à Lévy ou Pancol ? Est-il autorisé de privilégier Céline par rapport à Houellebecq ? Gide à la foultitude des écrivaillons invertis contemporains ? Zola à BHL ? Ou, tout simplement, le vieux monde qui, avec ses tares et avec nos morts, portait l'humanité, au lieu des calembours anthropologiques qu'on nous inflige présentement ?
Durant trois siècles, on nous a seriné, non sans raison certes, que l'avenir était devant nous, et que l'avenir valait progrès, et que le progrès passait par la modernité. Aujourd'hui, l'injonction veut que tout ce qui est moderne est forcément progrès.
Qui croit encore à ce qui ressemble de plus en plus à des sornettes ? Trop de  gens sans doute, mais cela est un autre grand débat. Quant au pauvre Delerm, qu'il se rassure : tout créateur, surtout mélancolique, est par définition en dehors de la doxa dominante.

jeudi 29 septembre 2016

Culture : budget, arithmétique et élections

Il m'a fallu deux heures de doute, et de googlemania forcenée, pour comprendre. Ayant ouï tôt ce matin, sur France Musique, que le budget de la Culture augmenterait de 5% et atteindrait 10 milliards d'euros, et que donc plus rien ne serait comme avant, j'ai considéré cela comme une bonne nouvelle.
En me penchant sur les détails, là où se cache le diable, je me trouvais renvoyé à ce que l'Education nationale me signifia jadis : ma nullité chronique en mathématiques. Pour ma défense, j'objecterai que si le budget des moyens ministériels étaient de 7.3 M en 2016, une augmentation de 5% n'atteindrait jamais les 10 M ; et comme une augmentation de 40% me paraissait peu plausible, le doute évoqué plus haut s'abattit sur moi. D'autant que les moyens de la Culture étaient aussi évalués à... 3.6 milliards.
Un commentaire de Télérama m'éclaira quelque peu : le chiffre de 10 M inclut notamment les crédits d'impôt octroyés par Bercy. Présenter l'allégement fiscal comme une subvention me parait un peu gonflé, en tout cas personne n'avait osé jusqu'à présent. Quant aux moyens effectifs de l'action culturelle, il sera bien en hausse de 5%, à hauteur de 3.6 milliards... chiffre que je comprends mieux.
On conclura finalement que seule la hausse de 5% est à retenir comme positive. Bien sûr, comme toujours, l'institution ne s'oubliera pas (+ 7% pour les musées, + 6.6% pour un pôle "Transmissions des savoirs" et "Personnels"). On peut quand même espérer quelques effets, quoique l'éducation artistique et culturelle ne nous ait jamais trop convaincu, pas plus que la multiplication des résidences d'artistes...
Très marqué à gauche, le monde de la Culture a subi ce que subissent tous les lobbies pro-gouvernementaux : réduction drastique des moyens en début de mandat, au risque d'un sentiment de cocufiage, puis relance à l'approche des nouvelles élections, où les soutiens seront les bienvenus. Gageons qu'ils seront nombreux.
Enfin, malgré les artifices et la démagogie, faisons acte d'optimisme, et retenons les propos de la ministre, présentant la culture comme "la seule réponse de long terme à la violence et à la crise que traverse notre société". Quoi de plus vrai, et pourtant je sens déjà le doute me reprendre...

lundi 19 septembre 2016

Démocratie déplumée

Il arrive que mes lectures et tel ou tel article de presse se croisent heureusement, pour le plus grand plaisir de ce qui me sert de réflexion. Ainsi dans le TéléObs de cette semaine, JC Guillebaud s'interroge fort à propos : "La liberté des médias, qui fut longtemps le principe fondateur de la démocratie, serait-elle en train de devenir son principe destructeur ?"... Il évoque la complexité du phénomène médiatique, la sémiotique et l'impérialisme de l'image, la tyrannie du profit, la défaite de la raison, l'hystérisation permanente des foules. Tout ce qui aboutit on le sait à un système fou (faute de garde-fous) et glouton, qui s'auto-alimente, qui vit de l'instant et dans l'instant, sans savoir où il va et où il est, ni comment s'organiser.
JCG pose le problème d'une hégémonie médiatique contre le journalisme, ce qui me parait accorder beaucoup de mansuétude aux "journalistes" contemporains, et se demande "La souveraineté d'une opinion hystérisée en permanence ressemble-t-elle encore à une démocratie ? Rien n'est moins sûr."  Euphémisme, dirais-je. Quant à ceux qui objecteraient à cela l'idée d'une "démocratie d'opinion", cela me fait penser à la vieille blague qui courait dans l'ancienne URSS à propos de l'expression "démocratie populaire": deux mots, deux mensonges...
Il se trouve que dans le même temps, mes lectures présentes se nourrissaient du "Bréviaire du journalisme", de Léon Daudet, paru en 1936. Ce livre, nonobstant quelques idées de l'auteur (qui à 68 ans s'était quand même bien assagi) est intéressant dans ce qu'il raconte, dans un style inimité, un demi-siècle de vie de journaliste et de la presse, fait d'investigation, de campagnes, de culture, de polémiques, de débats et...d'information. Soit à peu près le contraire de l'univers médiatique évoqué plus haut.
Les plumes ont vécu. Ainsi va le monde, et le progrès devient furieusement moderne.

mardi 13 septembre 2016

Goncourt toujours

La première sélection est connue ; on y retrouve bon nombre d'auteurs évoqués dans mon précédent billet, et pas forcément les plus attrayants. S'y rajoutent quelques poids lourds (Y. Reza) et quelques têtes connues (L.Lang, G.Faye, JB del Amo...). La parole est désormais aux éditeurs.
On notera (on, c'est-à-dire la presse régionale, qui ne voit plus guère la littérature qu'à sa propre mesure) la forte présence d'auteurs toulousains, d'origine ou d'adoption : Dubois, del Amo, Mauvignier... et Magyd Cherfi. Ce dernier, que nous aimons beaucoup et que nous respectons énormément, avoue en être tombé sur le cul. Il ne nous en voudra pas de dire que nous aussi. Car si généralement ses écrits, tout comme ses propos, sont remarquables, il est peu probable que ce soit pour ses qualités littéraires qu'il ait été retenu... Un peu instrumentalisé peut-être. Il est vrai aussi que désormais Actes sud mange à la table des grands.
Alors on suivra, si l'on en a envie, la suite du tournoi jusqu'en novembre. On pourra même en profiter pour lire quelques titres. Del Amo, depuis Une éducation libertine, s'est perdu jusque dans une mystique alimentaire de cours de récré qui, il est vrai, nourrit bien. Mais peut-être que Mauvignier ou Dubois...

lundi 5 septembre 2016

Littéraire rentrée...

Si nous n'étions à ce qu'il est convenu d'appeler la rentrée, je ne vous entretiendrais pas de celle que l'on nomme littéraire. Mais il se trouve que, comme on dit dans les media populaires, l'actualité commande.
On sait que 560 livres vont éclore, un peu moins que d'ordinaire ; on sait aussi que quelques uns seulement trouveront un espace médiatique, selon les vertus et l'engagement (on n'ose écrire l'engagement des vertus) des attaché(e)s de presse respectifs.
A l'heure qu'il est, c'est cette partie émergée de l'iceberg que je survole au hasard de la critique, pour saisir quelques impressions, approximatives, fugaces ou subjectives. Laissons de côté les livraisons systématiques d'ouvrages sans intérêt, et notons (hi hi) que quelques auteurs méritent a priori notre curiosité : L.Mauvignier, T.Benacquista, B.Duteurtre, JP.Dubois, A.Makine, M.Bernard...
D'autres, comme K. Tuil, nous laissent songeur : politiquement pas trop correct, nous dit-on, mais aussi construit sur un fatras de pathos et de sociologie contemporaine à deux balles... A voir.
D'autres encore semblent se noyer dans des oeuvres (?) incrédibles (Joncour), abreuvées de pathos individuel (N. Herpe, C. Cusset) ou diluent un certain talent dans les arcanes du marketing (R.Jauffret, M.Arditi, L.Duroy, Ph. Vasset...).
J'ai déjà écrit que, dans ce qu'on peut appeler littérature, le livre dépassait l'histoire des personnages pour conter quelque chose de l'histoire de l'humanité. Chacun appréciera les ouvrages proposés J'avoue pour ma part douter parfois de l'humanité supposée que certains décrivent. Heureusement ils le font sans style aucun et, tels le saumon ou la truite, remontent vers leurs origines pour revenir là où ils sont nés : dans le néant.

lundi 8 août 2016

Coupe-papier, virginité et ivrognerie...

 Le papier est épais, couleur havane, ébréché. L'ouvrage, "Montmartre à 20 ans" de Francis Carco, est très agréable mais ce n'est pas un livre majeur ; il a été édité et imprimé en 1938. Pourtant sa découverte m'a ému.
Car malgré ses presque 80 printemps, le livre m'a offert sa virginité : c'est au cutter qu'il a fallu couper ses cahiers, pour ouvrir ses 270 pages. Il pouvait enfin prendre vie.
Certes la chose n'a rien d'exceptionnel, tous ceux qui s'intéressent aux livres d'une certaine époque le savent. Mais là où le consommateur contemporain (ou comptant pour rien) aurait pesté, voire aurait rapporté la malfaçon au bouquiniste, d'autres auront célébré un petit instant de grâce...
Merci à  Francis Carco qui, tout corse d'origine qu'il fût, a usé les mêmes bancs de collège que moi du côté de Villefranche de Rouergue... Et merci au livre, ne serait-ce que pour cette phrase d'anthologie, dédiée par mes soins aux hygiénistes de notre temps : "Depuis qu'il y a moins d'ivrognes, il y a moins de poètes..."

mercredi 3 août 2016

Monteils un autre regard : clap de fin

Inaugurée le 22 juillet, la version 2016 de Monteils Un autre regard s'est donc achevée le 31 sur un constat unanimement positif. Les espérances initiales avaient pourtant été douchées durant le vernissage, quand les éléments déchainés obligeaient à un repli sous de salutaires surfaces couvertes, et freinaient d'autant l'affluence.
Mais dans la semaine chaque jour a vu un afflux significatif, conforté les jours d'animations ; celles-ci ont animé et conforté l'esprit de cette exposition multi-artistique. L'édition 2016 s'inscrit parmi les toutes meilleures depuis la création.
Donc, une fois encore, rendez-vous en 2017...

jeudi 28 juillet 2016

Festival de la Fouillade 2016 : des bulles qui montent...

La horde envahit la salle en courant : on se serait cru à l'inauguration des soldes dans un de ces grands magasins à la mode. Venus là, et de loin, chercher une dédicace de leur auteur de BD favori, ils étaient des dizaines à attendre l'ouverture des portes. Je ne suis pas un expert de la BD, mais il me semble que concernant la bande dessinée, ce festival a acquis une dimension désormais nationale...
Le sort de auteurs plus classiques a été inégal ; certains ont pâti de la prédominance de la BD, d'autres ont bien résisté, comme votre serviteur qui a battu ses records de vente, avec beaucoup d'échanges de qualité avec les visiteurs. Quoi qu'il en soit, ce festival demeure, année après année, une merveille d'accueil, d'affluence, d'ambiance et de complicité avec certains : retrouver tous les ans les Crozes, Béteille, Lombard... est un plaisir.
Nous en reparlerons donc en 2017...

vendredi 15 juillet 2016

Monteils un autre regard, 5ème

A partir du 23 juillet et jusqu'au 30 juillet, se déroulera à Monteils (82) la 5ème édition de Monteils un autre regard, exposition multiculturelle.
Autour de Bernard Perrone, peintre et aquarelliste, invité d'honneur, vous pourrez retrouver :
     Anne-Marie Rantet-Poux, photographe
     Tayeb Harkat, peintre
     Héloïse Quercy, peintre
     Yoann Nadalin, peintre
     Bernard Bordaries, chef-cuisinier
     Léa Nadalin, peintre
     Guy Portal, peintre
     Christiane Flaujac, peintre
     Michel Poux, écrivain
     Céline Wagner, bande dessinée
Vernissage le vendredi 22 juillet à 19 heures.

mercredi 6 juillet 2016

Plage de garde

L'été venant, il est l'heure d'encourager la littérature de plage. On sait que la période est celle des livres simples et distrayants qui, selon l'expression contemporaine, ne prennent pas la tête.
J'ai vu ces jours-ci un sujet télévisé qui applaudissait, sur je ne sais plus quelle plage du nord-ouest, à l'installation d'une sorte de cabane à livres, accompagnée du passage du camion d'une librairie itinérante. Fort bien, dirons-nous, d'autant qu'au gré des interviews on rencontre une lectrice ravie d'avoir déniché des Modiano et des Maupassant, tout n'est donc pas à désespérer. Mais la libraire explique qu'elle recommande des ouvrages simples, faciles à lire et à comprendre : heureusement qu'il y a des libraires pour cela, car les gens n'y penseraient pas tous seuls ! Et, dernière interview et dernière surprise, Madame Katerine Pancol elle-même ! Cette dernière est la preuve vivante qu'avec un K à Catherine et un nom de station service, plus quelques titres rigolos, on peut faire fortune avec le vide. Rien à redire, c'est dans l'air du temps. Mais quand la dame affirme que "lire Montherlant apprend à écrire", on se dit qu'il était temps qu'elle le découvre...
Tout cela n'est certes pas bien grave, et de livres populaires une œuvre peut découler, comme celle de Simenon. Simplement, si les vacances appellent la facilité, on aimerait savoir quand vient le temps des livres plus exigeants...

lundi 27 juin 2016

Le monde perdu des pamphlets

Le livre est grand (215x150), épais (360 p.) et touffu. Il est paru en 2015 aux CNRS Editions, il s'intitule "L'âge d'or du pamphlet" et est signé Cédric Passard. La seule chose qu'on puisse lui reprocher c'est d'avoir 30% de volume en trop, tant il donne parfois l'impression d'un Mémoire de sociologie pour écoles de journalisme, où l'étudiant tire à la ligne.
Cela dit, il est remarquable d'enseignements. On y retrouve l'histoire du Pamphlet, en sa période de gloire, c'est-à-dire en gros la deuxième partie du XIXème siècle, en ces temps bénis où Rochefort, Drumont, Bloy, Tailhade, Mirbeau et les autres invectivaient sans retenue Napoléon III, Gambetta, Ferry ou des élites de moindre importance. Le livre évoque les ressorts du pamphlet, ses succès qui se vendaient par centaines de milliers d'exemplaires, et un code d'honneur où le duel remplaçait le droit.
On ne peut s'empêcher aujourd'hui (enfin, du moins moi) de garder une once de regret de ce mode d'expression. Non pour faire l'apologie de l'injure ou de la calomnie, ou de la flatterie de la sottise populaire, d'autant que le genre était plutôt pervers, à qui tout procès faisait ventre, qu'il fût gagné ou perdu (même si dans ce dernier cas la peine se comptait parfois en mois de prison). Mais derrière la féroce démagogie des pamphlétaires, démagogie qui depuis a pris d'autres formes, il y avait le débat et la rigueur, l'investigation et le courage, doublés d'un langage fleuri par des esthètes. Cela passait certes souvent par l'outrance, la caricature et la mauvaise foi, mais la démocratie ni la littérature n'y perdaient pas.
Depuis, les communicants ont pris le relais, pour arrondir, édulcorer, anesthésier toute saillie. Il devient impératif de ne rien signifier. Mais, même lobotomisées, les foules sont assez lucides pour apprécier la vacuité de la chose et fuir les urnes...

vendredi 17 juin 2016

Occitanie, An 1

La nouvelle est tombée hier. Ce n'était plus une vraie surprise, mais c'était quand même inespéré il n'y a pas si longtemps : notre nouvelle région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon devrait s'appeler Occitanie ! J'écris bien "devrait", comme une injonction, mais aussi comme un conditionnel, car rien n'est acquis. Mais les politiques, même si ce n'était pas leur choix, auront du mal à faire fi d'une consultation au résultat clair qui, outre son coût, a généré plus de 200 000 votants. Quant au Conseil d'Etat, qui statuera en dernier ressort, son éternel jacobinisme aura du mal à argumenter du côté "politique" de l'appellation, à moins de débaptiser aussi la Bretagne ou la Corse...
Le nom Occitanie a été plébiscité par plus de 45% des votants ; si l'on considère que 12% (dont moi) ont choisi Occitanie-Pays Catalan, que 10% ont préféré Languedoc, ce sont finalement plus des deux tiers des suffrages qui ont choisi une référence historique et culturelle, pour un nom qui avant d'être vendeur à l'international se devait d'être fédérateur. Un sous-titre pourra à présent prendre en compte les enjeux internationaux et ceux des Catalans.
Dans le monde tel qu'il va, il me semble que voilà une bonne nouvelle. Je sais bien qu'il n'y a pas 100 000 occitanistes dans cette région, mais il est encourageant de voir que le citoyen lambda, conscient d'une langue et d'une culture et loin de tout nationalisme, a su faire sien ce nom d'Occitanie, bien plus vieux que ne l'objectent les incultes, porté pendant longtemps par des groupes modestes et désormais apanage du grand public. 
Face aux propositions touristiques ou communicantes, ce choix populaire de la culture et de l'Histoire permet de ne pas désespérer... Nous n'en sommes pas à une nouvelle fin'amor ou un nouveau paratge, mais ce matin il fait beau.

samedi 4 juin 2016

Le monde étrange des Myxomycètes, en un beau livre

Découvrez ce beau livre "Le monde étrange des Myxomycètes", d'Anne-Marie Rantet-Poux, ( Editions Bacofin, 140 p, 29 E), avec qui j'avais signé il y a quelques années "Passeport pour le Pays de Cocagne"...


"Ce livre, fait de belles photos  et d’un style joyeux, est l’histoire illustrée d’une rencontre entre l’auteur et l’univers des Myxomycètes.
Sans doute n’avez-vous jamais vu de myxomycètes, faute de les avoir remarqués. Champignons les plus archaïques et simplifiés, situés à la limite du règne  végétal et du règne animal, ils se déplacent sous la forme d’un film visqueux à peine visible. Ils constituent un monde à part entière, riche d’un millier d’espèces, de très petite taille, mais aux formes et aux couleurs extraordinaires...
Pourtant ces êtres vivants, tout petits mais doués de mémoire, offrent de belles perspectives de recherche, par exemple pour mieux comprendre le mécanisme du cancer ou pour alléger l’environnement de ses détritus végétaux...
Les Myxomycètes sont à la fois une énigme scientifique et un espoir pour l’humanité et la planète."

Anne-Marie Rantet-Poux est pharmacien et photographe.                                     
Spécialiste de la nature et de ses richesses, elle pose un regard, incisif et contemporain, sur notre environnement.
Contact : annemarierantetpoux@yahoo.fr

mercredi 1 juin 2016

Monteils un autre regard, 5ème

A partir du 22 juillet et jusqu'au 30 juillet, se déroulera à Monteils (82) la 5ème édition de Monteils un autre regard, exposition multiculturelle.
Je reviendrai très bientôt sur cet évènement.
Vernissage le vendredi 22 juillet à 19 heures.

mardi 31 mai 2016

Déjà parus

  Avant d'aller plus loin sur des parutions à venir, un rappel des ouvrages déjà parus :


. Chez l'Harmattan en 2014 :
                             Mona Lisa ou la clé des champs, 160 p., 16.50 euros

. Chez l'Harmattan en 2011 :
                              Aveyron Croatie, la nuit, 192 p. 18.00 euros

. Chez Elytis de 2002 à 2012 :
                             2012 : Passeport pour le Pays de Cocagne (photos de AM Rantet-Poux), 96 p, 9.00 euros
                             2007 : Histoires peu ordinaires à Toulouse, 124 p. 13.50 euros
                             2006 : Histoires peu ordinaires au Cap-Ferret, 124 p.,13.50 euros
                             2005 : Week-end à Schizoland, 156 p. 16.00 euros
                             2002 : La branloire pérenne, 224 p. 16.80 euros.

Disponible dans toutes les librairies, chez les éditeurs (elytis-edition.com et editions-harmattan.fr) ou chez l'auteur (pouxmichel@neuf.fr)...

lundi 23 mai 2016

Le Goff : pour un tri sélectif

On me pardonnera le pléonasme du titre, regrettable mais institutionnalisé depuis si longtemps...
J'avais évoqué ici même, voilà quelques semaines, le livre de Jean-Pierre Le Goff, Malaise dans la démocratie (Stock). A l'issue d'une lecture approfondie de l'ouvrage, l'envie me vient de pousser un peu la critique.
Je ne reviendrais pas sur les qualités que je trouvais à Le Goff et à son parcours. Je ne reviendrais pas non plus sur le reproche que je lui faisais d'exagérer les effets de Mai 68, source prétendue de tous nos maux. J'approfondirais simplement deux points majeurs de son ouvrage, vieux chevaux de bataille de l'auteur, sur lesquels je m'autorise un compétence critique : le management et la "psychologie".
Concernant le management, je suis d'accord avec lui sur les ravages de l'injonction paradoxale qui consiste à soumettre le salarié à un "épanouissement personnel" désormais obligatoire, injonction lourde de perversité. Sauf qu'il n' y a qu'un universitaire pour croire que la réalité en entreprise est celle que relatent les livres de management pour les nuls ! Et que, comme disait Rousseau, "si c'est la raison qui fait l'homme, c'est le sentiment qui le conduit..."
Concernant ce qu'il appelle la psychologie, même critique : Le Goff fait semblant de confondre les théories et la vulgarisation qui en est faite, pour ne pas dire les clichés. On peut reprocher bien des choses à 'Libres enfants de Summerhill", par exemple, mais c'est surtout l'interprétation que certains en ont fait que l'on regrettera. Et pour faire de F. Dolto la papesse de l'enfant-roi, il faut montrer beaucoup de mauvaise foi ou bien ne l'avoir jamais lue, elle qui (peut-être consciente du risque) n'a cessé de répéter, précisément, que l'enfant ne devait jamais se trouver au centre de son monde... Il est vrai que la vulgarisation, là comme ailleurs, a souvent été calamiteuse et diamétralement opposée au propos initial...
Jean-Pierre Le Goff donne parfois l'impression de surfer sur des théories supposées, davantage que sur la réalité observable ; à ce titre il peine pour trier les causes et les effets, ce qui nuit à ses écrits, d'autant qu'il n'a pas la finesse et la férocité joyeuse d'un Muray, par exemple.
On retiendra par contre, entre autres propos sur la déculturation présente, le superbe chapitre consacré à la religiosité contemporaine, entre "Développement personnel, néobouddhisme et écologie"...
Nous y reviendrons.

lundi 16 mai 2016

Travelling sur Marcel Aymé

Retour sur des billets récents, où j'évoquais les bouquinistes et, un peu plus tôt, Marcel Aymé. Or il se trouve que, précisément chez un bouquiniste, j'ai trouvé un exemplaire jauni de Travelingue (de l'anglais travelling, francisé par l'auteur).
Ce roman, d'un comique et d'une férocité comme on ne sait plus en faire (ou qu'on n'a plus le droit d'écrire) se situe pendant les évènements du Front populaire mais il est, si j'ose dire, furieusement contemporain. Aymé y croque allègrement les turpitudes des bourgeois, des prolos, des énervés et des généreux, de tout ce qui fait le quotidien des familles. C'est aussi une satire désopilante et de ce que l'on n'appelait pas encore la gauche caviar, au profit des "petites" gens pas assez savantes ni riches pour se mentir. Entre le snobisme de la bourgeoisie, surtout petite, et la bêtise de l'extrême-droite, les portraits sont acides. On pourrait croire, dit comme cela, à quelque cliché, mais le propos de MA est trop subtil pour tomber dans les idées toutes faites. En tout cas, on comprendra aisément le tombereau d'ordures qui s'abattit sur l'auteur à la Libération, de la part d'une intelligentsia qui sut se reconnaitre.
J'ai déjà décrit tout ce qui fait la saveur de Marcel Aymé : son humour, son acuité, son amour des vrais gens, sa subtilité, son détachement. Et en lisant Travelingue, on se plait à imaginer un tel ouvrage...actualisé dans notre XXIème siècle. Mais, quand en prennent pour leur grade les politiques, les syndicats, les bourgeois, le peuple, les féministes, les homos et d'autres, serait-il seulement publié ?

samedi 30 avril 2016

Les bouquinistes et le vieux monde

Il y a toujours quelque chose de sentimental à "faire les bouquinistes". ¨Pour un provincial comme moi, il y a l'impression de vacance(s), de ballade, de loisir, de culture, du temps passé.
Mais il y a aussi, concentré sur un espace somme toute assez réduit, tout ce que Paris peut offrir : la Seine, les quais, l'Histoire, la pensée. Certes, ce charme peut être tributaire du temps qu'il fait, mais il m'est arrivé d'arpenter les boites vertes sous la neige et dans un vent glacé, et j'en conserve un souvenir d'autant plus impérissable.
On trouve deux genres d'étal, ou de bouquiniste : l'attrape-touriste, vendant gadgets, tours Eiffel, faux poulbots et rebuts bleu-blanc-rouge de toute sorte, censés illustrer Paris, à des étrangers en goguette. Celui-là ne m'intéresse guère, voire insulte le lieu. L'autre vend des livres, plus ou moins poussiéreux, plus ou moins vieux, plus ou moins célèbres, plus ou moins lus, ou même pas lus du tout et à découper ; on y trouve des ouvrages intéressants, et des inepties. Des classiques de premier choix, des monuments de la littérature française, et des niaiseries contemporaines ; on s'y procure des titres rares, ou des œuvres qui sentent le soufre et le moisi, dont les cours me paraissent à la hausse...
Qu'il soit marchand de souk ou intello littéraire, le bouquiniste a toujours quelque chose d'inadapté social contemporain ; il possède généralement un sens commercial assez particulier, facilement ronchon. Pourtant, il demeure sympathique, essuyant gelée, canicule ou giboulée pour un revenu que l'on devine de misère, et il incarne ce que les vieux livres représentent d'humanité.
Alors, touriste ou non, on y revient, les doigts gluants de poussière, comme en pèlerinage dans le vieux monde.

jeudi 28 avril 2016

Neruda, plus le vide

Après quelques jours d'escapade parisienne et bouquiniste, j'ai retrouvé mes pénates. Il m'a donc paru bon de faire le point sur une actualité dont j'imaginais bien qu'elle s'était perpétuée malgré son désintérêt. Je sais à présent ce qui a importé à ce vieux pays.
D'abord, les vacances scolaires qui semblent avoir raison de la juvénile hostilité à la loi Travail : à quoi tiennent les certitudes... Fort heureusement, les intermittents du spectacle ont repris du poil de la bête, prêts à se tirer sans sommation une nouvelle rafale dans le pied. Conclusion : même pour les meilleures causes, on ne devrait traiter des affaires d'adulte qu'entre grandes personnes.
Il y a ensuite le combat du siècle, entre Polnareff et Renaud. Depuis les joutes entre Rousseau et Voltaire, on n'avait connu pareil affrontement de titans de la pensée.
Il y a aussi toutes ces artistes sur le retour (ou plutôt proche du départ) qui évoquent leurs frasques avec feu Martin Gray.
Il y a la petite fille de Jacques Prévert, qui missionne un avocat, mais oui, contre la sculpteure (c'est bien comme cela qu'on dit aujourd'hui ?) coupable d'une statue peu ressemblante. On ne choisit pas sa descendance...
Et puis, moins évoqué, Pablo Neruda, qu'on inhume une deuxième fois.

jeudi 7 avril 2016

Almodovar, créativité en panne...

L'actualité de ces jours-ci n'est pas plus morose que d'ordinaire ; les hôtesses d'Air-France se démènent avec le choc des civilisations, on se suicide en prison, Donald Trump trompète, et le monde va... On cherche des noms pour nos nouvelles régions ; fort heureusement, les réseaux sociaux veillent. Ainsi, la région Alsace Lorraine Champagne Ardennes (pardon si j'en oublie) aux prises avec ses diverses identités s'est vue retirer une épine du pied : elle s'appellera brillamment Grand-Est, puisque ce nom a été plébiscité par 75% des internautes, cette population connue pour sa modernité, son esprit critique et sa culture...
Mais là n'était pas mon propos, et l'actualité de ces jours-ci, donc, nous a dévoilé que le Panama était une contrée propice à l'évasion fiscale. Comme scoop on a connu mieux, mais cette fois on découvre nommément quelques opportunistes. Pas de grosse surprise, s'il n'y avait eu Pedro Almodovar, qui surprend encore une fois. Le fabuleux cinéaste de la Movida et des années qui ont suivi (un peu poussif ces derniers temps, quand même...) a toujours été d'une originalité géniale (et le mot est pesé), bousculant les codes de tous les genres. Mais ses conseillers étaient sans doute moins créatifs que lui, et ses placements aussi. Aussi le trouve-t-on aujourd'hui sur une charrette vouées aux gémonies, en compagnie de Poutine, de chefs d'état du Moyen-Orient, de joueurs de foot... De la Movida au Panama, ou comment se perdre dans des chemins de traverse.
On espère quand même que le grand Pedro survivra à cela. Et pour asseoir notre optimiste, concluons avec une bonne nouvelle qui ne vous aura pas échappé : Cheminade repart pour la prochaine présidentielle.

jeudi 31 mars 2016

Aymé, sans perdre la raison...

Au fil de mes surfitudes, je suis tombé il y a peu, fréquentant le site Bibliobs, sur deux articles d'intérêt. Le premier, sur le blog de Pierre Jourde, s'intitule "Angot dit l'essentiel sur Duras", et on ne saurait trop recommander cette exécution de Mme Angot, experte en vacuité et foutage de gueule : l'humour de Jourde est féroce.
L'autre article "Le jour ou Bernard Frank a sorti Marcel Aymé du congélateur" reprend une chronique de l'an 2000 du regretté Bernard Frank. Le pitch du billet est simple : Frank redécouvre Marcel Aymé (mort en 1967) et son œuvre, pour en célébrer, y compris dans ses défauts et ses limites, son éternelle modernité, encore que ni l'un ni l'autre de ces deux auteurs n'aient aimé ce terme... Humour, mesure, détachement et hauteur de vue font de ses ouvrages de bons livres à lire ou relire, quel que soit l'air du temps et de l'actualité.
Peut-être parce que Aymé, par ailleurs ami et modèle de Brassens, eut cette lucidité populaire, que l'on nomme bon sens, tout au long de sa carrière et de sa vie, y compris dans des époques où la liberté d'esprit pouvait valoir quelques ennuis. Il les connut, brièvement, à la Libération. Fidèle en amitié et retors aux idéologies, il s'y révéla pourtant plus intègre que bien des épurateurs...
J'ai travaillé sur Aymé, dans le cadre d'un roman en cours ; j'ai relu ces jours-ci quelques uns de ses livres. Je vous laisse en faire autant, selon votre choix, entre La Jument verte, Uranus, Travelingue, Le Passe-murailles, et beaucoup d'autres... parce qu'il est, plus que jamais, urgent de cesser de consommer des idées en boite.

mercredi 16 mars 2016

Ouvrages de Michel Poux déjà parus

Un petit rappel de mes ouvrages déjà parus...

          .  Mona Lisa ou la clé des champs -L'Harmattan 2014
          .  Passeport pour le Pays de Cocagne - Elytis 2012
          .  Aveyron Croatie, la nuit - L'Harmattan 2011
          .  Histoires peu ordinaires à Toulouse - Elytis 2007
          .  Histoires peu ordinaires au Cap-Ferret - Elytis 2006
          .  Week-end à Schizoland - Elytis 2005
          .  La branloire pérenne - Elytis 2002

En vente dans toutes les librairies, chez l'auteur (laissez un commentaire) ou l'éditeur.
Pour les ouvrages publiés chez l'Harmattan, disponible aussi en version numérique (www.harmattan.fr).

jeudi 3 mars 2016

Le Goff : malaise dans la démocratie... et dans sa critique

Jean-Pierre Le Goff n'a pas un parcours bien original : activiste en 68, puis maoïste investi, il se retrouve aujourd'hui classé parmi ces intellectuels "néo-réacs" à la mode. Faut-il conclure à une simple évolution dans l'air du temps, selon une expression qu'il utilise souvent ? Pas seulement.
D'abord sa critique de l'extrême-gauche soixante-huitarde et de son aveuglement a été pertinente, distinguant notamment les subjectivités des individus (leurs névroses) et leurs idées supposées cartésiennes, schize expliquant souvent cette certitude d'être dans le bon camp, voire de l'incarner (on n'est pas loin de la perversion narcissique...).
Ensuite parce que son évolution a été courageuse, depuis cette critique du gauchisme jusqu'à celle de l'idéologie managériale, qui me l'avait fait découvrir en 1992. En ouvrant son analyse de sociologue à la philosophie et à l'anthropologie, il a dépassé les réflexes marxisants qui ont englué bien des sociologues. Il a stigmatisé les idéologies, les communautarismes et l'inculture des élites avec une belle acuité. Le voilà à présent taxé de néo-réac et d'anti-moderne pour avoir affirmé que le moderne n'était pas automatiquement synonyme de progrès, et que son diktat pouvait aussi ouvrir la voie d'un anti-humanisme sanglant.
Pour autant, faire de l'idéologie libérale-libertaire l'alpha et l'oméga de la déroute contemporaine me parait réducteur, voire simpliste, et suscite un malaise face à la posture ; l'homo soixantuitus a causé beaucoup de dégâts, mais pas uniquement, et certains de ses apports en matière de liberté ou de culture sont à mettre au crédit du bouc émissaire que l'on voudrait en faire...
Il n'empêche, le travail de Le Goff est précieux et salutaire. Il vient de publier Malaise dans la démocratie, chez Stock.

lundi 22 février 2016

A Umberto Eco

C'est assurément un peu d'érudition, de savoir, de culture, d'esprit critique ou d'humour qui s'est envolé avec Umberto Eco.
Etait-il sémiologue, comme il se présentait souvent, ou philosophe, ou linguiste, ou historien, ou romancier, ou...? Il fut tout cela, séparément ou en même temps. Aussi cultivé et sérieux que facétieux, cet homme élevé et façonné par les livres le leur avait bien rendu. Parfois dispersé, souvent narcissique, il n'en mélangeait que mieux les genres, entre l'érudition qui chez lui sanctifiait la chose écrite et l'humour de ceux qui sont assez brillants pour ne pas se prendre trop au sérieux.
Je l'avais découvert, comme beaucoup de gens, avec Le Nom de la Rose, ce roman de génie tellement différent de ce qu'exige le marché que Gallimard et le Seuil l'avaient refusé... Puis le Pendule de Foucault... J'avais écrit ici même, en Juin 2011, un article sur Le Cimetière de Prague, roman laborieux mais érudit et critique, comme d'habitude, qui connut les critiques des imbéciles accrochés au premier degré comme des moules au rocher, Osservatore romano en tête. L'histoire de la lune, du doigt et de la bêtise. Voilà comment un homme comme Eco se retrouva taxé de propager l'antisémitisme ! Avant de se résoudre à ré-écrire une version plus "populaire" du Nom de la Rose, c'est-à-dire sans citations latines... Triste modernité.
Je ne suis pas sûr qu'Umberto Eco regrette le monde qu'il quitte, lui qui pourtant aimait la vie, comme on dit. Mais cela ne me regarde pas. Alors nous relirons ses livres, et le saluerons d'ici avec un de ces vins rouges qu'il aimait tant.

lundi 15 février 2016

Culture : Mr Bricolage et Mme

"Monsieur Bricolage", titrait joliment le Parisien-Aujourd'hui au lendemain du remaniement ministériel. Tout a été dit sur l'aspect purement politicien de ce casting, n'y revenons pas. On notera simplement que le Ministère de l'administration de la culture s'est trouvé concerné ; ainsi, Fleur Pellerin s'en est allée comme elle était venue, par le fait du prince, laissant derrière elle autant de trace qu'une flatulence sur une toile cirée. Elle pourra lire, désormais.
Arrive donc, ex-nihilo, une dénommée Audrey Azoulay. On savait bien que ce n'était pas son œuvre culturelle qui la menait là. La dame est énarque (ça n'est pas rien), jolie (ça peut être utile), amie de Julie Gayet (ça peut servir), binationale (c'est tendance) et "connue pour son entregent" (quelle surprise). Elle a passé sept ans au CNC, avant d'entrer comme conseillère à l'Elysée, où elle aurait réussi à sortir le Président dans des lieux culturels (ça n'a pas du être facile), et où elle s'occupait des "projections privées". Il faut donc payer un énarque pour cela ?
Il lui reste maintenant, pour transcender cette "fulgurante ascension", à faire fonctionner son ministère de fonctionnaires, rarement modestes.
Enfin, pour ce qui est de la Culture selon l'idée que je m'en fais, je crois qu'on attendra...

mardi 9 février 2016

Les livres de Mitterrand

L'Histoire est vacharde, qui vous expose aux commémorations : c'est ce qui arrive à François Mitterrand pour les 20 ans de sa mort.
D'un côté les thuriféraires, qui par admiration ou intérêt bien compris en rajoutent dans l'hagiographie. Tour à tour homme d’état, génie de la littérature ou prophète du socialisme, on n'oublie de lui que sa capacité à guérir les écrouelles.
De l'autre, les anti, pour qui l'adversaire de de Gaulle ne saurait être que vichyste, mauvais français, intello et cynique. Et si la France décline depuis un demi siècle, la faute ne peut en incomber qu'à lui.
La dimension littéraire du personnage est ainsi ardemment débattue. Fût-il le grand écrivain qu'il aurait voulu être ? On ne le jurerait pas. Fût-il le simple rédacteur d'une œuvre opportuniste, du Coup d'état permanent jusqu'à l'Abeille et l'architecte, le reste n'étant que justification de son action d'état ? C'est un peu réducteur, d'autant qu'on aimerait retrouver le même niveau dans les livres de nos politiques actuels...
Vouloir trancher dans ce débat offre-t-il un réel intérêt ? Peut-être s'en tiendra-t-on à rappeler que Mitterrand savait lire, quand l'Elysée n'a pas vu de lecteur depuis plus de 20 ans. Il savait lire, comprendre et se servir de ses lectures. Sans doute est-ce pour cela qu'il croyait aux forces de l'Esprit.
On cherche désormais vainement, et les forces et l'esprit...

mardi 19 janvier 2016

En finir avec Eddy Bellechose

Frédéric Beigbeder a peut-être le défaut de se prendre parfois pour son personnage, mais il sait aussi montrer un bel humour vachard. Voir dans le Figaro Magazine de cette semaine son billet sur Edouard Louis ("Le chti chose") où il évoque "le Calimero du Nord", ses névroses, son racket affectif et son exhibitionnisme marketé. Publicité inutile sans doute, mais critique opportune.
Il y avait eu "Pour en finir avec Eddy Bellegueule", il y a à présent "Histoire de la violence" (Le Seuil). Livres mal écrits au dire de ceux qui les ont lu, mais "acte politique autant que littéraire" : ça donne envie... surtout sous la plume d'un bourdieusien convaincu et intransigeant. Entre le pathos homosexuel, la tentation de l'autofiction, l'analyse politique comme masque sur un Oedipe mal résolu et un sectarisme hallucinant, on ne sait trop s'il convient d'en rire ou d'en pleurer. "Sa famille est facho, son village natal est miséreux, sa soeur est analphabète, ses camarades d'école le tabassent et, quand il ramène un Arabe chez lui, celui-ci le vole, le viole et l'étrangle avec son écharpe.", résume Beigbeder.
On sait qu'il y a un marketing littéraire qui cible les libraires et les profs, deux professions déprimées qui se complaisent dans les récits larmoyants et qui sont prescriptrices. Édouard Louis n'est pas assez perfectionniste : son Arabe aurait du être un migrant, sans papier, atteint d'une tumeur et du Sida...
Tout cela s'appelle l'air du temps ; que le Figaro se paye régulièrement Louis, et pas que pour de bonnes raisons, ne surprendra personne. Notons toutefois qu'une bonne partie de la gauche, aussi, critique son côté khmer rose et ses clichés, son intellectualisme pédant et son narcissisme pré-pubère... 
Alors que lui reste-t-il ? Le Monde, l'Obs, 28 minutes... Les journaux et les réseaux de Pierre Bergé, et Arte. Les médias du lobby gay et leur férocité, face auxquels celle du Figaro ressemble à une pâle imprécation de chaisière...
Depuis bien longtemps, on lance des chanteurs comme des savonnettes. Au tour des écrivains. Produits de l'éphémère et de l'insignifiance, instruments misérables qui croient brièvement à leur talent. On en finira bientôt avec Eddy Bellegueule.

mercredi 6 janvier 2016

Jury Goncourt : poisson de janvier

Notre époque si moderne abonde en faits divers ou en informations dont il est urgent de rire, plutôt que d'en pleurer. Ce qui en général survient quand même. Je n'ai nulle envie d'en faire ici une quelconque énumération, pourtant certains sont plus accablants que d'autres. Ainsi en 2015 Najat Vallaud Belkacem, ministre de l'Education nationale (on n'oserait guère dire aujourd'hui de l'Instruction publique), faisant l'éloge du slam et de Jamel Debbouze, pendant que Fleur Pellerin, ministre de l'administration de la Culture étalait sa culture littéraire...
Hier, sur le site du journal Libération, j'ai cru à un canular en découvrant les deux nouveaux membres du jury Goncourt, avant de devoir me rendre à l'évidence. J'ai beau ne me sentir que moyennement concerné par la vie de cette institution de fins gourmets, il faut lui reconnaitre une certaine importance dans le paysage littéraire français, avec les enjeux commerciaux qui vont avec. Ainsi donc les deux membres démissionnaires sont remplacés : Edmonde Charles-Roux laisse sa place à... Eric-Emmanuel Schmidt ! Ou bien la prolificité de guimauve vaut respectabilité, ou bien... ou bien rien. Quant au malheureux et brillantissime Régis Debray, il se trouve remplacé par... Virginie Despentes ! Misère de misère...
Je propose qu'on fasse du 1er avril un jour férié, tant il devient essentiel à nos pauvres vies : au moins ce jour-là a-t-on une chance que l'information soit un vrai canular.

lundi 4 janvier 2016

2016 : en joue, voeux !

On peut être très attaché à la laïcité et accepter l'idée que les vœux que l'on émet seront pieux. Aussi ceux que je vous adresserai pour 2016 seront-ils ceux d'un pessimiste, ce qui ne m'empêchera pas d'être volontaire et actif pour aller vers un monde meilleur...
Je vous souhaiterai donc, convenus mais sincères, tous mes vœux de bonheur, de santé, de réussite, toutes choses agréables et utiles. Je me permettrai aussi d'espérer un monde où la conscience individuelle reprendrait ses droits et ses devoirs, où la culture ne serait pas un pensum ou une administration, où les sans-grade ne seraient pas systématiquement considérés a priori comme des handicapés incapables de découvrir autre chose. Mais sans doute est-ce beaucoup demander à nos institutions.
Plutôt que d'évoquer l'année qui vient avec la prochaine réédition de Mein Kampf, désormais tombé dans le domaine public, je l'affronterai avec un souvenir de 2015, celui de Louis Barthas, tonnelier socialiste et occitan du Minervois, qui dans ses Carnets de guerre 1914-1918 (François Maspero) évoquait le souhait que soit élevé sur les lieux de la boucherie un Mémorial de la fraternisation. C'est désormais chose faite à Neuville Saint Vaast.
Comme quoi il est des vœux, même amers, qui se réalisent...