mardi 24 avril 2018

Hemingway sur le tard...

Ernest Hemingway est un monstre : que l'on aime ou que l'on n'aime pas ce qu'il écrit, sa présence s'impose toujours avec puissance. Et c'est encore plus vrai dans le dernier titre publié, en 1986, post-mortem donc.
Le Jardin d'Eden est un ouvrage inachevé, qui n'ajouta rien à la gloire de l'auteur ; faute d'avoir pu être retravaillé par celui-ci avant parution, il présente toutes les imperfections de ce type de situation, répétitions, passages ratés, faiblesses en tous genres. La trame en elle-même est déjà un peu capillotractée : un auteur et sa jeune épouse, en lune de miel dans les années 30 sur la côte méditerranéenne, voient leur histoire tourner au ménage à trois, sur fond d'amours fusionnelles et saphiques. L'argent et l'alcool coulent en cascades, et Hémingway se met narcissiquement en scène dans son personnage. Pas une page sans apéritif ou mention gastronomique, si tant est que ce terme soit approprié aux moeurs alimentaires américaines.
Seulement voilà, c'est Hemingway, et même lorsqu'il se bat laborieusement avec une trame un peu foutraque, il sait parler du Tavel ou de la cuisine méditerranéenne comme personne ! Et on retrouve, admirables, la carrure, la force et la sensualité du monstre...

jeudi 12 avril 2018

Falaise des fous : impressions à chaud

Falaise des fous, c'est le dernier titre de Patrick Grainville, désormais académicien ; ce roman imposant est paru au Seuil, et ses 643 pages vous assurent un plaisir durable, autour d'une écriture ambitieuse, pas toujours facile mais prenante, érudite et exigeante, dans un style que la production littéraire contemporaine n'illustre que de plus en plus rarement.
On y suit deux parallèles enchevêtrées, entre d'une part une trame de roman avec ses héros fictifs; et d'autre part le déroulé du temps qui passe de 1870 à 1930... Le fil rouge de la narration tient dans l'aventure des impressionnistes en Normandie, avec les Monet, Courbet, Degas, Manet, Pissarro et les autres, mais aussi les écrivains et les artistes de la période, qui tous deviennent personnages d'une Histoire qui enchaine ses guerres, ses affaires et ses drames divers. On y retrouve l'écriture de Grainville, vivante et sensuelle, avec son cortège de démesure, de métaphores, d'images, de puissance charnue.
 Pour être complet, on pourra regretter, même si on admet la fresque romanesque qui est le luxe d'un romancier, certaines simplifications vis-à-vis de l'Histoire ou  de la politique ; on pourra surtout s'agacer de commentaires trop contemporains, politiquement trop corrects et prompts à enfoncer des portes ouvertes depuis longtemps. Bref trop décontextualisé, comme l'était le dernier Goncourt. Mais peut-être est-ce nécessaire de nos jours, pour prétendre à un succès populaire, de servir des plats chauds et pré-mâchés.
Cela étant, le livre devrait plaire à ceux qui aiment la peinture, la littérature ou l'Histoire : si vous aimez les trois, vous n'apprécierez que davantage. Je pense que l'on reparlera du livre vers les mois d'octobre et de novembre : pas pour le Goncourt, Grainville l'ayant déjà obtenu en 1976, mais on devrait le retrouver nominé pour d'autres récompenses, pour peu que le Seuil le promeuve un peu... En attendant, bonne lecture.

jeudi 5 avril 2018

Le répountchou nouveau est arrivé !

C'était la saison, me direz-vous ! Mais après sa belle rencontre avec le public et après une conséquente réimpression par les éditions Vent Terral, le livre se propose à nouveau à tous les amateurs de gastronomie, de nature, de ruralité et de littérature !
Un extrait du dossier de presse :

Le « répountchou » nouveau est arrivé !
Après le succès du printemps dernier, la vedette du bartàs, authentique best-seller régional, est à nouveau disponible sur nos talus et dans les rayons de nos libraires.

Le « répountchou » qu'es aquò ? C'est une plante emblématique d'Occitanie, qui revient à chaque printemps le long des routes et des haies, où, par goût ancestral, les amateurs cueillent ses pousses qu'ils savoureront, agrémentées d'œufs et de lardons.
La réimpression de l'ouvrage qui lui est consacré, illustre l'attachement à cette plante et son enracinement profond dans la culture des pays d'oc, pourtant il reste encore l'objet de nombreuses méprises et confusions. Aussi lo Reponchon, c'est son nom occitan, ou Tamier commun, c'est son nom français que beaucoup ignorent, mérite bien cet ouvrage qui lui est consacré : avec sa cueillette et les différents aspects de la plante (racine, liane, jeunes pousses, feuilles, fleurs, baies et graines). Mais aussi les confusions fréquentes, l'usage, la cuisine, la dégustation, etc.
Une approche vécue et sensible, qui se veut aussi scientifique et botanique, avec, son histoire, sa cuisine, ses dangers et ses vertus médicinales mais aussi avec les croyances qui lui sont attachées, faisant de lui le personnage mythique d'un territoire, au cœur de la société et de la ruralité traditionnelle et contemporaine. Une cinquantaine de photos illustrent cette plante qui est la seule en Europe de la famille de l'igname.