dimanche 26 juillet 2020

Christophe Girard et le vol du boomerang

Je n'aurais jamais pensé prendre la défense de Christophe Girard, mais cela m'amuse presque. Je ne parle pas de l'homme, que je ne connais pas et que certains apprécient ; je fais référence à l'emblème municipal de la culture parisienne, de ses idées, de ses travers, de ses moeurs et de ses accointances. 
Jusqu'à ces derniers jours, où un duo de virago féministes a obtenu son scalp et sa démission, au motif que Girard a été entendu comme témoin dans l'affaire Matzneff. 
L'activisme de ces deux harpies, soutenues par une vingtaine de manifestants, fait froid dans le dos. Et l'on commence à découvrir que la justice de la rue devient folle, et que les postures de certain(e)s militant(e)s soi-disant progressistes ont de quoi faire pâlir d'envie la fachosphère. Que les turpitudes humaines aient toujours été au coeur de la politique est une chose, que les névroses deviennent un étendard en est une autre. 
Pour autant, la "gauche américaine" qu'a incarné Girard n'est-elle pas un peu le creuset de ces monstres contemporains ? Ce creuset nourri des campus américains, faisant la part belle aux idées mondialistes, écolos,féministes, antiracistes, LGBT, PMA et j'en passe, ce creuset qui aurait du permettre le débat et ne débouche que sur l'anathème, ce creuset n'accouche que de revendications individualistes, immatures et contradictoires. Et, désormais, sans la moindre retenue. On rappellera que le maire du 4ème arrondissement qu'il était s'était assez piteusement soumis au politiquement correct qui "déboulonna" la commémoration du compositeur Dutilleux, résistant reconnu mais coupable d'avoir composer une partition pour un film de Vichy...
Ce que Christophe Girard reçoit aujourd'hui, c'est le crachat des enfants terribles qui ont besoin d'un père à tuer. Cette fonction à laquelle il a opportunément consacré jadis un livre. Le risque, c'est que les monstres prennent vite goût au sang.

samedi 18 juillet 2020

Richard Millet : l'Angélus ou le glas ?

Voilà peu, il était encore considéré comme l'un des tout meilleurs écrivains français vivants. C'était il y a moins de dix ans. Une éternité. Richard Millet écrivait bien, et en tant qu'éditeur il raflait deux Goncourt (2006 et 2011)... On ne goûtait pas forcément une esthétique très droitière, ou son collapsisme établissant la fin de la littérature française, ou son dégoût du multiculturalisme. Mais le talent et la dimension de l'homme s'imposaient aux attaques de plus en plus acérées. Son oeuvre exaltait le temps, la mort, la Corrèze, la langue ; sa langue, noire et crue, exempte de toute vulgarité, était d'un autre temps.
Et puis, en 2012, il y eut "Eloge littéraire d'Andréas Breivik". Provocation ? Suicide ? Dérive ? ou simple travail littéraire ? On retrouvera sur ce blog, de septembre à novembre 2012, ce que nous pensions de cet ouvrage. Il déclencha surtout l'ire de ceux qui, semble-t-il, ne le lirent pas ; Annie Ernaux pris l'initiative d'une fatwa et, accompagnée de l'inévitable Le Clézio et de quelques dizaines d'auteurs inconnus, exigea dans une pétition adressée à Gallimard que l'ignoble soit interdit d'écrire et de publier. Gallimard minauda un peu puis Millet remit une "démission forcée". Il a depuis sorti dans un parfait silence quelques titres chez Pierre-Guillaume de Roux ou Leo Scheer, ce qui n'arrange pas son cas aux yeux des hyènes, livres bien entendu privés de toute critique. L'ostracisme est bien verrouillé.
Que la chute de Richard Millet tienne pour beaucoup à sa propre paranoïa, c'est sûr; qu'il y ait dans ses écrits quelques dégueulasseries qui eussent pu, selon Pierre Jourde, justifier un cassage de gueule, c'est évident. Mais avoir vu des écrivains réclamer la censure pour l'un d'entre eux restera un grand et triste moment de ce début de siècle...
Et c'est ainsi qu'a disparu des radars l'un des plus talentueux écrivains vivants. Misère de misère...

mardi 7 juillet 2020

Bachelot, du masque à la plume...

Et de trois : au bout de trois ans de mandat présidentiel, c'est le troisième ministre de la Culture qui vient d'être nommé. Et c'est... Roselyne Bachelot.
Je sais, ça fait drôle. On l'avait laissée, en tant que ministre, aux prises avec les masques H1N1 et quelques avatars concomitants. On l'avait depuis subie, au sein des aréopages de Ruquier et Hanouna , dans des émissions "populaires" où son langage de charretier et sa finesse de poissonnière faisaient merveille. Elle qui jurait ne jamais redevenir ministre, fonction "cauchemardesque", s'éloigne désormais les plateaux de Cyril Hanouna pour animer la rue de Valois...
En mode franchement optimiste, que peut-on espérer ? D'aucuns (peut-être pas tout à fait désintéressés ?) la présentent comme cultivée, notamment en matière d'art lyrique. Certes. Elle possède aussi la dimension politique qui a manqué à ses prédécesseurs, le poids qui va avec et l'expérience ministérielle de gestion d'une administration. Elle a également les faveurs des communautés agissantes dans la "culture". Ce sont incontestablement des atouts.
On a coutume de dire que la droite privilégie le patrimoine, quand la gauche préfère la création. Avec Roselyne Bachelot on ne devrait pas déroger à la règle, même si elle trouvera à coup sûr les paroles verbales qui essaieront de faire croire le contraire. Après une Françoise Nyssen peu faite pour la politique et un Riester transparent, elle peut apparaître comme une garantie communicante.
Mais quand même. Bachelot à la Culture, comment dire....