mercredi 26 février 2025

Nadau au Grand Rex, un chant, une voix

 De leurs hauteurs pyrénéennes, Jan de Nadau et son groupe descendent à Paris, pour une soirée au Grand Rex ce 27 février. Un concert de Nadau est toujours un évènement, que ce soit dans un village occitan ou sur une grande scène parisienne. Même la "grande" presse nationale lui consacre des pleines pages (Le Figaro du 25/02, très bel article). On a tout dit sur le dernier dinosaure de la nova cançon occitana des années 70 ; pourtant, plus d'un demi-siècle après sa création, et autant de temps passé à écumer les écoles, les églises, les salles polyvalentes ou les places publiques de la terre d'oc, Nadau est plus que jamais le phare identitaire de la chanson et de la culture occitanes. Places vendues en quelques heures, concerts multipliés pour satisfaire une part de la demande, son succès défie les meilleures analyses du marketing contemporain. Les fans accourent de partout ou se ruent par trains entiers vers Paris (Olympia, Zénith, etc...) pour l'évènement. Et tout ça sans machinerie publicitaire, pour une musique traditionnelle et une langue régionale, qui ne fleurent pas la modernité ambiante...

Comment dire à ces doctes analystes, étouffés par la perplexité, que Nadau et ce qu'il chante c'est ce qui a pétri la chair de ces gens du sud, qui ne pensent pas comme ceux du nord, et qui leur donne une identité fondée sur une langue et une culture qui enchanta l'Europe, voilà bien longtemps... Et que des troubadours à Nadau une âme d'oc perdure.

Et si cette vieille bête ne voulait pas mourir ? Et si, comme le dit Jan de Nadau dans l'aricle évoqué ci-dessus, "quand on a autant besoin de prendre la culture des autres, c'est qu'on n'en a plus beaucoup." ?

jeudi 20 février 2025

Maison des Ecrivains et de la Littérature, clap de fin ?

 Il est des nouvelles dont on se demande si elles sont bonnes ou si elles sont mauvaises. Ainsi apprend-on que la MEL (Maison des Ecrivains et de la Littérature), une association de promotion de la lecture et de la littérature, est au bord du gouffre : pas une bonne nouvelle, évidemment. Mais quand on y regarde de plus près, on s'attriste beaucoup moins.

Il y a quelques années j'avais évoqué sur ce blog les soucis financiers de cette structure sise dans l'ancien hôtel particulier des frères Goncourt, boulevard Montmorency dans le XVIème arrondissement, qu'elle loue à la mairie de Paris : déjà apparaissent quelques pistes d'économie. La dotation de Ministère de la Culture passe de 350 000 euros en 2024 à 200 000 euros en 2025 ; voilà donc plusieurs années que l'Etat insiste, en un sabir inimitable, sur la "nécessité d'adapter vos projets et le fonctionnement de votre association à la trajectoire financière en diminution progressive entérinée par le Ministère"... Mais, comme souvent, l'injonction tombe à plat : une asso qui fait le bien avec de la matière culturelle n'a pas à se soucier de l'arithmétique. Sauf que, mutatis mutandis, on en est arrivé à un point que la direction de la MEL déclare, dans une belle litote, que "l'urgence est telle que la cessation est imminente".

Des sources, non officielles précisons-le, mais apparemment bien informées donnent quelques chiffres éloquents : 300 000 euros de subventions pour 304 000 euros de produits d'exploitation, 158 000 euros de masse salariale (7 salariés) et un résultat de moins 18 000 euros.

Finalement, tout bien réfléchi, la culture, la littérature et les écrivains devraient pouvoir se remettre de la disparition de ce machin.

lundi 3 février 2025

Gel du Pass-culture collectif : sidération et colère, vraiment ?

 "Le monde enseignant entre sidération et colère", claironne Télérama à l'annonce d'un possible gel du volet collectif du Pass-culture. Ce "monde enseignant" (entendez par là la poignée de permanents syndicaux qui parlent au nom de la corporation) dénonce la remise en question d'un machin qui coûte un quart de milliard (c'est l'unité de mesure aujourd'hui nécessaire pour parler de la situation des français) pour un résultat désolant. Certes la dimension financière des choses n'a jamais été le souci premier des enseignants, et il faut reconnaitre que ce Pass-culture collectif facilitait bien l'organisation et le financement des sorties scolaires. Et même si la destination de ces sorties pouvait être sujette à caution et son bénéfice culturel incertain, ce n'était pas le pire aspect du dispositif.

Je l'avais souligné lors d'un billet récent : ce volet collectif, encadré par les enseignants, était le plus crédible pour rencontrer les "produits" culturels. Le volet individuel fait surtout la fortune des mangas, des blockbusters et des machineries de production : ce Pass-culture là a permis à ceux qui, pas trop éloignés de la culture, voulaient en consommer davantage. Mais cet effet d'aubaine fait la joie des industries du cinéma, de l'édition, de la musique : on peut sans courir le moindre risque de complotisme deviner que le lobbying doit être très actif, ceci expliquant peut-être que ce soit le volet collectif qui trinque en premier...

L'idée du projet initié par Françoise Nyssen (une éditrice, mais c'est sans doute un hasard) était intéressante et généreuse. Quelques années plus tard, le dispositif mis en œuvre est devenu un  machin dispendieux et inefficace. Sans surprise, et conforme a une malédiction qui semble peser sur le pays.