Ces derniers jours ont été prolixes en références bananières. Il y eut tout d'abord celle de Maurizio Cattelan qui s'est faite bouffée une nouvelle fois, au Centre-Pompidou de Metz. Cette fameuse banane scotchée contre un mur vaut, rappelons le, plus de six millions de dollars à la bourse de l'art contemporain. Mais je m'arrête là, j'ai honte d'avoir parlé de ce machin.
Autre régime, celui qui ondulait autour des hanches de Joséphine Baker, disparue voilà cinquante ans. Sur l'œuvre et les bananes de JB, chacun peut avoir un avis ; sur JB elle-même, qui fut une vraie résistante, l'Histoire retiendra qu'elle valait mieux que sa carrière de vedette, aussi talentueuse soit-elle, ou du moins qu'un grand respect s'impose de par son engagement.
A propos d'engagement, il n'est pas de jour qu'une célébrité, ou semi-célébrité, ne twitte quelque chose en soutien à Gaza, et l'actualité déborde de drapeaux palestiniens, de déprogrammations, de slogans. Que ces artistes soient sincères, c'est possible ; que leur prise de position soit efficace et utile aux gazaouis, c'est plus douteux. Mais l'occasion apparait trop belle d'avancer des banalités qui, comme chantait Brassens, vous valent à coup sûr les honneurs des gazettes. Et le peuple palestinien, dont les malheurs n'ont pas commencé en octobre2023, mérite mieux que cette instrumentalisation.
Et on se dit que la banane de Cattelan aurait été plus utile à Gaza.