jeudi 9 juin 2011

Indignation, mode d'emploi

Naguère, j'avais ici même émis quelque sentiment à propos du best-seller "Indignez-vous", dont le succès me paraissait être autant sujet à caution que l'auteur était respectable.
Et voilà que dans le Nouvel Obs de ce jour, dans un modeste filet du courrier des lecteurs, Stéphane Hessel écrit qu'il suit "avec beaucoup d'intérêt tous les mouvements qui se réclament de valeurs négligées par les gouvernements, notamment ceux qui utilisent le terme indignation". C'est bien le moins qu'il puisse faire, au vu de l'impact tsunamystique (je suis ici assez content de ce néologisme) de sa plume.
Plus intéressant, et non sans courage, il remet quelques pendules à l'heure, et même quelques réveils des lendemains qui chantent :"Si ces personnes s'indignent sur la base des valeurs fondamentales défendues dans mon petit livre, j'en suis heureux. S'il n'est question que d'une simple contestation sans référence à ces éléments, alors je suis plus réservé." Tiens, tiens,...
Et d'enfoncer le clou : "Ainsi, l'abstention est totalement contraire à mon message ; il n'est donc pas question que je m'associe à des mouvements qui la prônent.(...), mon soutien aux révoltes espagnole, française ou autre est conditionnel".
Peur de la récupération, ou constat de la vacuité qui de nos jours a vite fait de dénaturer une idée ? Ce n'est pas la première fois qu'un penseur ou un auteur est noyé dans la déferlante qui suit son propos, souvent en le vidant de son sens. La dilution n'a pas toujours les effets de l'homéopathie, et le terme de vulgarisation me semble pouvoir se passer de commentaire. Mais j'invite toutes les groupies de S. Hessel à lire le courrier du Nouvel Obs.

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