vendredi 1 juillet 2011

Pour Céline

Vu et entendu hier soir, sur la chaine Histoire, une soirée spéciale Louis-Ferdinand Céline. Je dis bien vu et entendu, car c'est la première fois que j'entends des textes de l'auteur, et j'avoue une découverte : les phrases de Céline ont un son et une musique. Non seulement il explosé la langue mais il a donné son rythme.
Extraits de films d'il y a 40 ans ou plus (Polac, de Roux, Dumayet, Barjavel, Pauwels, Michel Simon...), d'un temps où il fallait fumer face à la caméra, où l'Audimat n'existait pas, où l'exigence à la télévision ne rebutait pas.
Et ce bonhomme, que l'on voulait affreux (voir notre billet du 15 Mai), à la voix si douce, au propos si noir et si perspicace, qui serait tellement nécessaire aujourd'hui face à la vacuité politiquement correcte... "Tous les impuissants regorgent d'idées", assène t-il. Certes.
On peut reprocher bien des choses à ce médecin obsédé par le microbe, hygiéniste et buveur d'eau, volontiers morbide et masochiste ; on pourrait objecter à contrario qu'il fut obsédé par la souffrance humaine, qu'il la pourchassa au fond de la banlieue, pour l'y soigner gratuitement et y chercher quelque espoir en l'humanité. Pour le reste, il est un homme de son temps, y compris et surtout dans ses maladresses, qui éructa plus fort que les autres (ou avec davantage de talent), à ceci près que lui ne collabora pas.
Pour complexe et nihiliste qu'il fût, l'homme, parfois pas plus sympathique que ses pamphlets, s'efface derrière un tel génie littéraire ; que ses contempteurs continuent à cracher sur le doigt, le poète Bardamu montre encore la lune...

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