jeudi 20 février 2014

Mireille Havet, histoire d'un ratage.

Je viens de découvrir un auteur dont j'ignorais jusqu'à présent l'existence et a fortiori l'oeuvre. Mireille Havet (1898-1932) était une jeune écrivaine brillante, dont l'oeuvre, hormis quelques poèmes, se résume à un roman, "Carnaval", paru en 1923, que j'ai découvert dans la réédition de Claire Paulhan (2005).
Plus ou moins amie avec Colette, Paul Fort, Apollinaire, et surtout Jean Cocteau, M. H. offre très tôt une belle virtuosité littéraire. Malheureusement, là où son homosexualité aurait du servir l'oeuvre, elle la parasite. Le roman Carnaval conte les amours tumultueuses de Germaine et de Daniel ; ce roman à clé était en fait très transparent, et l'histoire vécue : d'ailleurs, dans la lettre de Daniel qui conclut le roman, celui-ci signe : Mireille Havet. Pour ceux qui n'auraient pas compris (ils étaient rares) que Daniel était M. H., que Germaine était Madeleine de Limur et leurs amours saphiques...
Mireille Havet n'a pas inventé l'autofiction, mais c'est bien cela qui donne au livre cet aspect contemporain ; il pourrait être à la mode, et avec lui le trash et la férocité des amours homosexuelles. De sorte que la qualité littéraire -authentique- de l'écriture s'englue dans une problématique névrotique qui écarte de la littérature...
On referme le livre avec le sentiment d'une oeuvre et d'une vie vouées à l'échec. Mireille Havet, minée précocément par l'éther, la cocaïne et l'héroïne, puis la tuberculose, finira seule et en épave à 33 ans... Sans doute un beau gâchis.
En 2008, certains groupes obtiendront que l'on donne son nom à une place de Paris(11ème). On ne sait s'il s'agit d'un hommage ou d'une double peine...

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