lundi 31 août 2015

Claude Cabanes, de l'Huma à l'humanité

Claude Cabanes s'en est allé, vers on ne sait quel paradis, peut-être vers celui auquel il ne croyait pas, peut-être vers le paradis socialiste auquel il crût, ou peut-être, souhaitons-le lui, vers un de ceux qu'il nous laissait espérer lorsque, l'âge venant, il se laissa aller vers ses inclinations.
Claude Cabanes, c'était un accent toulousain et, pour ceux qui se souviennent des débats politiques des années 80, une rhétorique d'autant plus glaçante qu'elle était élégante. Ce stalinien d'après la lettre pouvait réciter lourdement les consignes que le Parti dictait à l'Huma et se laisser aller aux joies de la tautologie, toujours convaincu, rarement convaincant. N'eut été que cela, rien de lui n'aurait survécu à son départ du quotidien communiste.
Mais Cabanes était aussi un homme de culture, ce que ne savaient que ceux qui le côtoyaient ; et ce n'est qu'une fois libéré de sa mission de langue de bois qu'il s'était révélé beaucoup moins sectaire que supposé...
On le savait épris d'Aragon ou de Tostoï, il se révéla amateur de Déon, de Blondin,  de Nimier... au point d'intégrer le jury du Prix des Hussards, littérature "de droite" s'il en est. Il collabora avec Service littéraire, mensuel de littérature dont la ligne éditoriale, s'il en existait une, ne serait pas de gauche...
Alors ? alors rien, ou plutôt le regret de constater, une fois de plus (c'était le thème de mon premier roman, La Branloire pérenne, Elytis 2002) qu'il est des hommes qui valent mieux que leur personnage social. On se dit que, quelques respectables qu'aient pu être les convictions de Claude Cabanes et son engagement, la littérature eut sans doute mieux illustré la culture (on n'ose écrire l'humanité) et la finesse du "dandy rouge"...


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