samedi 20 juillet 2019

Gayssot et Avia, Charybde et Scylla

Nul besoin d'avoir franchi le Styx pour savoir que l'Enfer est pavé de bonnes intentions. Déjà en 1990, la loi Gayssot inaugurait la série des lois mémorielles, destinées à  combattre racisme, antisémitisme et xénophobie, tout ça... Louable intention, et même consensuelle à l'exception de quelques fronts bas. Mais s'il y eut une opposition auxdites lois mémorielles, elle vint des historiens, de tout bord et parmi les meilleurs (Nora, Furet, Ozouf, Rémond, Vidal-Naquet, Bédarida, Azéma, Juilliard, Winock, Decaux...) qui considéraient que c'était à la recherche et au débat d'émettre l'Histoire et non aux politiques de déclarer une vérité officielle. 
On aurait dû les écouter. Trente ans après, résultat des courses, le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie n'ont jamais été aussi présents ; et à cela s'est rajouté les diktats de toutes les minorités que ces lois ont encouragé, voire créé : brillant résultat pour la République...
Aujourd'hui tout le monde s'accorde pour contenir la fange qui inonde les réseaux sociaux : louable intention, comme d'habitude. Mais la motivation de combattre la "haine" (?) tient davantage du sentiment que du droit, et c'est bien sûr un premier risque. La mise en oeuvre de la loi transformera les fournisseurs d'accès, les réseaux, les plateformes... en gendarmes du web. Une forme de censure privée, c'est me semble-t-il un deuxième risque. Ce sont donc les algorythmes des GAFA qui vont décréter ce qui peut se dire et s'écrire, et éliminer aussitôt ce qui ne leur agréera pas (et effacer ainsi les preuves, mais c'est un autre problème...). On voit mal un propos au second degré faire rigoler cette intelligence artificielle, pas plus que la mise en contexte ou le clin d'oeil érudit... Iront-ils jusqu'à éradiquer sur You tube les images d'un Desproges, d'un Brassens, d'un Bedos, d'un Brel jonglant avec ce deuxième degré ? Mais bien sûr il nous restera ces phares de la pensée tordante que sont Hanouna ou Debbouze, d'autant plus fédérateurs qu'ils sont d'accès facile...
Perseverare diabolicum, est-il convenu de conclure devant ce constat. Et pendant ce temps, transparence et hygiène mentale obligent, un Robespierrisme moustachu obtient la peau d'un ministre à la vertu contestable mais respectant la légalité, et au surcroît démocratiquement arrivé dans ses fonctions... Mais y voir une manifestation de haine serait hors de propos.
On voit que monde avance, qu'il rassure et qu'il est chaque jour un peu plus moderne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire