vendredi 21 février 2020

La veuve Poignet et les ados...

Grâces soient rendues à Benjamin Griveaux : il a contribué, à son corps défendant, à exhumer cette vieille expression de veuve Poignet que je croyais définitivement rangée au rayon des initiés de la littérature d'antan.
Mais pourquoi parler des ados, me direz-vous ? non parce qu'ils sont familiers de ladite veuve, mais parce que cette affaire illustre une fois de plus la fatuité immature de l'époque ; Griveaux lui-même, perdu dans son narcissisme exhibitionniste, a la chair triste et pourtant on sait qu'il n'a pas lu beaucoup de livres. Et de plus il semble surpris de ce qui lui arrive. Pavlensky, autoproclamé réfugié politique et artiste, agitateur impuni et fauteur de troubles divers (plus facile en France qu'en Russie, évidemment) entend, à partir de ses névroses sévères et de son expérience de provocateur à plein temps, donner sans rire des leçons de morale familiale traditionnelle. Avec lui, sa compagne Alexandra de Taddeo, dont on ne sait si elle tient de l'amazone ou de la pintade, qui s'étonne de tout cela. Quant à Branco, fils de bonne famille à l'Oedipe mal résolu, il donne des leçons : avocat sans client mais pas sans causes, il agite brillamment dans les media ses rebellions d'ado attardé qui flirtent de plus en plus avec des extrêmes à la couleur indéterminée...
Les nouvelles formes de pouvoir, et les anciennes aussi, font les choux gras de ces trentenaires immatures, sans foi ni loi ni limite. Faute d'avoir rencontré les baffes après lesquelles ils courent depuis leur venue au monde, ils se montrent aussi incultes qu'agressifs, prêt à tout détruire pour apaiser les démangeaisons de leur petit nombril. Certains en deviennent terrifiants.
Dans la même semaine qu'on découvrait les épanchements de Griveaux, Michel Ragon quittait ce monde. Autodidacte devenu beau romancier et grand critique d'art et d'architecture, il était parti de rien et avait grimpé vers la lumière. L'itinéraire inverse d'un Branco, né avec une cuillère d'argent dans la bouche et rendu à présent à prêcher dans les égoûts.

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