jeudi 19 mars 2020

Huis clos

Voilà. Nous sommes tous confinés.
Cette mesure, quelle qu'en soit l'efficacité, reste le seul moyen de faire quelque chose contre la pandémie, donc ne barguignons pas et respectons les consignes.
Nous voilà donc assignés à résidence pour quinze jours (éventuellement renouvelables, comme on dit pour les contrats de travail à durée déterminée) ; la période pourra faire office d'expérimentations de toute nature, sociales, professionnelles, familiales, culturelles, amoureuses... Si l'on est optimiste, on se plaira à imaginer la (re)découverte de la lecture, de la musique, des arts, et aussi de l'Autre. Si l'on est réaliste, on pronostiquera l'envol des audiences télé, des zéros sociaux, de Youporn, des viralités complotistes... Nous verrons (les survivants, du moins).
Notre époque ne craint rien tant que l'incertitude, à l'image de la Bourse. Elle ne tolère pas ce qui échappe à sa toute-puissance rationnelle. L'insécurité génère vite l'affolement, la sur-réaction ou le complotisme si commode. On ne saurait admettre aujourd'hui ce qui nous échappe, là où nos ancêtres voyaient avec fatalité la main de Dieu ou du hasard.
L'incertitude de la période, ajoutée à celle concernant la maitrise du virus, laissera des traces ; peut-être pas, soyons optimistes, sur le plan épidémiologique, du moins historiquement parlant. Mais ses conséquences économiques, sociales, humaines... seront sanglantes. Qui s'est intéressé, voilà une trentaine d'années, à la crise de la vache folle sait bien qu'elle a provoqué davantage de suicides chez les éleveurs, par sa gestion, que la maladie de Kreutzfeld-Jacob n'a fait de victimes en tant que telle. Qu'en sera-t-il du Covid 19 ?
J'ignore si les mois qui viennent génèreront des enfants ou des divorces. Des procès, j'en prends le pari. Mais je ne sais pas davantage si nous sommes plus près de la roche Tarpéienne que du Capitole. Rien ne saura plus comme avant, nous serine-t-on à chaque catastrophe : je me souviens, lors de la catastrophe toulousaine d'AZF, combien on avait vu de belles réactions humaines... Qu'en serait-il aujourd'hui ? 
Donc, à défaut d'être modestes, soyons cons finement et espérons qu'il se trouvera des gens pour faire de ces jours un moment de nouvelle humanité. Bon courage à tous, et pensons aux plus fragiles.
Ce qui est sûr, c'est que bientôt les idées ne manqueront pas pour les auteurs de nouvelles  !

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