jeudi 21 mai 2020

Le jour d'à peu-près...

Le jour d'à peu-près, disais-je dans le billet précédent. Si je demeure furieusement perplexe sur les effets futurs de la présente crise sanitaire, je ne peux éviter quelques constats. Le premier, c'est que le droit individuel tant dominant s'est effacé en un clin d'oeil devant l'idée de santé collective : mais est-ce une bonne nouvelle ? j'en doute, et j'y vois plus d'instinct grégaire que d'altérité. Le deuxième, c'est que se sont banalisés télétravail, téléconsultations et même téléobsèques : dans la mondialisation connectée, la relation humaine est devenue surnuméraire. Le troisième (qui rejoint le premier) c'est que la crise (c'est-à-dire la non-maitrise de ce que l'on croyait contrôler) a paradoxalement tendance à renforcer le poids des institutions qui ont failli : les sujets supposés savoir, les grands scientifiques à la ramasse qui se contredisent sur les plateaux télé, les grandes chaines de production médiatique qui n'ont rien à dire...
Partant de ces constats, on ne voit rien qui remette en cause le couvercle qui régit nos vies ; on pourra toujours évoquer un nouveau contrat social (les soignants mieux reconnus, les circuits courts redécouverts, les producteurs plutôt que les administreurs, etc...) ou la nécessité de retrouver des ancrages locaux, ou réapprécier ces irremplaçables outils que sont les frontières, mais sera-ce autre chose qu'un feu de paille ? Retrouver du sens et analyser le retour du refoulé, certes, mais en face il y a des tendances lourdes, à commencer par les Gafa de plus en plus omnipotents...
Ne désespérons pas de l'individu, comme on dit tant de penseurs. Mais il faudra à celui-ci une autre remise en question que celle que lui dicteront les écrans.

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