mardi 14 décembre 2021

Lectures : Pleine terre, de Corinne Royer

Longtemps le livre de Corinne Royer Pleine terre (Actes Sud) fût dans les listes de nombreux prix littéraires, c'est dire l'unanimité qu'il a suscité. Il n'en a finalement remporté aucun, c'est dire qu'il n'était pas formaté pour cela : trop âpre, trop noir, trop tragique.

Ce livre raconte la cavale d'un éleveur aux prises avec l'agriculture moderne, et plus encore avec l'administration qui va avec. Une situation banale mais fatale qui va entrainer une descente aux enfers tragique : l'histoire est tirée de faits réels, tout aussi dramatiques. C'est un roman naturaliste, pétri de réalité ; Corinne Royer connait la campagne et les paysans, et elle est très bien documentée, sans que cette documentation n'obère l'écriture, remarquable et taillée à la serpe, digne du drame qu'elle décrit. Le livre n'est pas lisse, et il se lit lentement : il déborde d'humanité mais n'est ni joyeux ni démagogue.

S'il n'est pas crépusculaire, c'est qu'y sont identifiés les solutions autant que les problèmes. Mais plutôt que de s'attacher à de grandes incantations à la mode, abstraites et à la réalisation hypothétique, on retiendra du récit la réalité plus charnelle des situations, qui souvent ne demanderaient que du bon sens pour s'améliorer.

Quelques critiques : quid du consommateur, grand absent du roman ? Et peut-être un personnage central un peu trop intello. Et surtout quelques pages évitables, dont la présence semble tenir davantage à l'air du temps qu'à un réel intérêt narratif. Pour autant, Pleine terre est un beau et grand livre, au contraire des feel good books. Pas asssez consensuel pour être récompensé, mais assez fort pour faire date.

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