vendredi 7 octobre 2022

Ernaux, ça devait arriver, mais...

Ca y est, c'est fait. Le Nobel de littérature échoit à Annie Ernaux. Ni une surprise (voir mon billet précédent), ni une évidence. Ecrivain de talent, auteur reconnu (à condition d'aimer l'autofiction, l'impudeur et l'écriture blanche), chantre de la mémoire collective des différentes classes sociales.

Soit. Mais aussi étendard d'un politiquement correct contemporain qui n'est sans doute pas étranger à sa reconnaissance officielle. Sans doute utile pour pourfendre les inégalités sociales ou promouvoir les droits des femmes, son activisme politique, aussi légitime soit-il, est évidemment plus discutable ; ses élans mélenchonistes sont prompts à jeter le déni sur les problèmes qui dérangent, ou à lui faire dire des phrases définitives. Sa production littéraire, présentée par ses thuriféraires comme "sans concession", est de plus en plus marketée dans ce sens : il suffit de lire, au lendemain de son Prix, la prose de ses soutiens militants...

Tout cela après tout est de la politique, dira-t-on, et à chacun ses idées. Certes. Mais il me souvient que, voilà dix ans, Mme Ernaux prit la tête d'une pétition demandant le licenciement de Richard Millet par Gallimard, et son blacklistage comme écrivain et comme éditeur. Ce qu'elle obtint. Autant combattre le fascisme supposé de Millet pouvait se justifier, autant sa mort sociale relevait juste d'un maccarthysme gauchiste.

Après son élection, Annie Ernaux se sent désormais "investie d'une grande responsabilité", pour lutter dit-elle contre les injustices de classe et de genre... Peut-être vaudrait-il mieux qu'elle se considère simplement comme une grantécrivaine.

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