mardi 16 avril 2024

Dati, littérature et fils de pub...

 Voilà quelques jours, une métorite s'est abattue sur le landerneau de l'édition, et donc des auteurs ; Rachida Dati, dans un réflexe sarkosyste aussi imprévu que brutal a annoncé la possible autorisation de la publicité pour le livre à la télévision. Pourquoi cette décision (à confirmer...) que personne n'avait demandé ? Nul ne sait, même pas Macron qui fait la gueule ; renflouer les caisses de l'audiovisuel public, qui lorgnerait dessus ? 

En attendant, les éditeurs sont unaninement (pour l'heure) vent debout, et posent les enjeux du débat. Claude Gallimard et Denis Olivennes (Editis) y voient, fort logiquement, une accélération de la concentration sur les plus gros vendeurs et une atteinte à la diversité. Faire de la pub à la télévision suppose de solides budgets, qu'on ne pourra investir que sur quelques titres, au détriment de la promotion des autres.

Investir sur les best-sellers identifiés (Musso, Lévy, Grimaldi...) dopera-t-il encore plus des ventes déjà conséquentes ? A voir. Quant à faire de cette publicité vers le grand public une incitation à la lecture, c'est oublier qu'il s'agit de la mise en avant d'un produit à la mode du moment (généralement pas les plus qualitatifs, comme on dit de nos jours), et non de la littérature et de la lecture : l'achat se cantonnera à ce produit de tête de gondole sans inciter à des achats supplémentaires en librairie.

Ainsi verra-t-on s'agrandir le fossé entre stars et besogneux, au sein des grandes maisons d'édition,  et entre gros éditeurs et éditeurs indépendants. Modernisation, libéralisme, marché... la culture n'y échappe évidemment pas,  et notamment le marché du livre. Reste que, systématiquement et dans tous les domaines, c'est la médiocrité qui s'avère la plus rentable, et donc la plus promue. Le projet de Rachida Dati s'inscrit furieusement dans la culture sarkosyste, ses Roujon, ses Macquart et ses Roland Barthès.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire