Lorsque, au hasard de la lecture d'un de ces multiples médias de proximité comme notre époque en compte tant, on découvre qu'un proche village va organiser son premier Festival du Livre, on ne peut qu'être intéressé. Et puis en achevant cette lecture, on se dit que le pire est finalement toujours sûr.
Je m'explique. Sur la photo qui accompagne l'article, une demi-douzaine de suffragettes prennent une pose résolument "moderne" : en équilibre sur un pied, bras tendus en diagonale,tête renversée... Plutôt ridicule, mais pas grave. Arrive ensuite la présentation de la manifestation. D'une part, si ce festival est le premier du nom, il inclut un Salon du livre qui, lui, en est à sa troisième édition ; mais "salon du livre" fait désormais trop pauvre pour qu'on n'y ajoute pas une couche socio-culturelle qui en fasse un vrai Festival avec une majuscule. Et donc ce festival entend "mettre les femmes à l'honneur". Bigre, c'est original. D'ailleurs, la soirée d'inauguration s'intitulera "A fleurs d'elles" (???), avec des lectures sur "la femme sous toutes ses facettes, dans tous ses états d'âme". Mais où vont-elles chercher tout ça ?
L'invitée d'honneur sera une autrice (auteure ? je ne sais plus) locale auto-éditée, avec ses inoubliables titres "Pour mourir il faut être vivant" ou "J'écris pour que tu m'écoutes", roman "inspirant" (?). Il y aura en sus une "Dictée de Pivot" (je le croyais mort), pour un moment "intergénérationnel", avant que ce grand moment de culture ne s'achève en apothéose comme "une chanson de Grand Corps malade"...
Waouh.
Je crains que le rédacteur de l'article, lui-même peu inspiré et pas très original, n'ait rajouté à la caricature du machin. Mais quand même. Je ne sais plus quel humoriste affirmait que le monde est plein de gens qui n'ont rien à dire mais tiennent absolument à le faire savoir. Et, désolé pour toutes ces suffragettes probablement insoumises, la "littérature "feel good" est un parfait soutien du néolibéralisme. D'autre part, la cause des femmes dans notre monde mérite mieux que des jeux de mots douteux ou qu'une agitation narcissique teinté de bovarysme provincial. Pour le reste, c'est surtout un inénarrable festival de clichés qui nous est servi, et s'il existe une culture en milieu rural elle peut faire mieux que ce type de postures pour ménagères de tous âges.
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