C'est un fait d'actualité qui, s'il était sorti de l'imagination d'un auteur, ne ferait pas un pitch bien original, mais c'est un fait réel. Rappelons l'incident : l'Education nationale commande à Jul, auteur de BD, une adaptation de la Belle et la Bête, destiné à être offert aux élèves de CM2 dans l'opération Un livre pour les vacances, et tiré à 900 000 exemplaires.
Jul fait son travail, que les services de l'EN valident. Patatras : à la veille de l'impression la ministre Elisabeth Borne retoque le projet et le livre. "Décision politique de censure !", claironne sans surprise l'auteur, qui rappelle que dans la préface du livre Mme Borne saluait son travail, "un conte d'une modernité nouvelle" (On apprend au passage qu'il existe des modernités anciennes). On aura compris que ladite préface signée E. Borne a du être rédigée par les services du ministère et que la ministre a découvert tardivement le livre, où il est question d'algériens, de beurettes, d'alcool, de réseaux sociaux et de divers problèmes sociétaux, le tout bien éloigné du conte de 1756 signé Jeanne-Marie Leprince de Beaumont.
Pourquoi pas, mais le principe du dispositif Un livre pour les vacances veut que le livre puisse être lu de façon autonome et sans accompagnement, et pour des enfants de 10 ou 11 ans "le livre amène plus de questions que de réponses" selon la ministre qui le voit plus adapté à une fin de collège.
Je ne connais pas le travail de Jul, et n'en pense donc rien. Mais j'ai l'impression d'assister une fois de plus, dans un ballet bien ordonné, à un affrontement rituel entre militants d'un côté, qui provoquent allègrement, et pouvoir politique de l'autre, qui en profite pour donner des gages au camp d'en face en bloquant in extremis le projet (qu'il faudra bien payer, mais on n'en est plus là). Ce bal de faux culs un peu pervers radicalise encore un peu plus ce qui sert de débat et ne laisse rien espérer de bon : de tous côtés l'avenir s'obscurcit...
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