lundi 11 août 2025

Grande Sirène et petit pompier

 Le Danemark est la patrie des sirènes, on le sait depuis Amundsen. La petite Sirène de celui-ci est donc immortalisée par une statue dans le port de Copenhague : trop petite aux yeux des touristes. On en a donc érigé une autre plus grande dans le port de Dragor, voilà vingt ans. Et c'est celle-ci qui fait aujourd'hui polémique.

Car le sculpteur s'était fait plaisir à doter sa création d'une poitrine monumentale, opulente et généreuse, pleine et arrogante. Et c'est là que convergent les critiques névrotiques de notre époque si moderne et si sensible à l'exposition du corps féminin dans l'espace public, selon la formule consacrée. On aurait pu s'en tenir à une critique artistique de la chose, et constater que la petite sirène est plus belle que la grande. Mais non, l'Agence danoise de la Culture envisage de la faire disparaitre, sous une triple pression. Celle de droite, réac, qui dénonce une immoralité pornographique ; celle des religieux, qui y trouvent une atteinte vulgaire au puritanisme protestant ; celle de gauche, d'inspiration wokiste, qui y voit le symbole du désir masculin patriarcal. Où l'on voit que l'Art peut cristalliser bien des névroses, même aujourd'hui. Avec cet argument définitif : la poitrine de la Grande Sirène de Dragor serait discriminante pour toutes les femmes, et elles sont nombreuses, qui sont moins bien loties.

On ne peut que s'incliner, et il n'y a pas de raison que les hommes ne puissent prendre le même chemin. Je propose donc que désormais les rôles de James Bond soient réservés aux acteurs de type Bourvil ou de Funès, Jugnot à la rigueur. Et que les Bond girls se cantonnent à des profils Balasko ou Robin. Il devrait y avoir beaucoup moins de discriminés.

Et c'est ainsi qu'Allah est grand, aurait conclu Vialatte.

Pour terminer, un mot sur la France estivale : on s'y écharpe pour savoir si la fellation sur Patrick Sébastien pendant un concert (?) dans un camping du Cap d'Agde était simulée ou non. On s'en fout, me direz-vous non sans raison : ça n'a aucune importance et aucun rapport avec le sujet des sirènes. Mais c'était pour justifier le titre de ce billet.

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