Voilà quelques jours, l'ancienne directrice de France Inter, Laurence Bloch, venait assurer la promotion de son livre (Radioactive, chez Stock) sur... France Inter. Autant dire qu'elle y fut bien accueillie. Je n'entrerai pas dans le détail des sujets traités, que ne comprendraient que les gens et les corporations du sérail et qui fleurent cet entre-soi si souvent reproché à l'audiovisuel public. Mais on retiendra que Laurence Bloch a eu beau jeu d'affirmer, à juste titre, que le groupe Bolloré se faisait de la pub en diabolisant ce service public, omettant de dire que l'inverse est vrai aussi et qu'en l'occurrence l'hôpital et la charité se foutent mutuellement de leurs gueules. Il y a eu les problèmes évoqués (les soucis internes, la réorganisation des divers medias publics,...) et ceux oubliés (la gestion calamiteuse, l'entre-soi parisiano-jacobin, etc...).
Pourquoi n'y a t-il pas plus de grandes voix pour défendre ce service public ? lui a t-on demandé. A cause de la paresse, de la lâcheté des politiques, des intellectuels et du monde culturel, fût-il répondu. Rien que cela. Il fallait oser. Pas sûr que l'argument convainque grand monde. Comment retrouver les auditeurs et téléspectateurs partis sur les chaines et la radio de ce groupe qu'elle refuse de nommer ? Il faut "rattraper les CSP-, ces gens qui n'ont pas un patrimoine culturel suffisant pour être en tranquillité avec ce monde". En latin de cuisine, ce mépris désigne les ploucs, les provinciaux, trop cons et pas assez modernes. On reste sidéré devant de tels mots de la part de quelqu'un qui a eu les responsabilités évoquées plus haut et qui manifestement n'a pas appris qu'un client ne doit jamais être méprisé...
Avec de tels propos, qu'il faut quand même oser tenir, on comprend que cette reconquête n'est pas gagnée et que l'extrême-droite a encore de beaux jours devant elle. Je me souviens de ces plateaux de télévision, durant la crise des gilets jaunes, où de doctes toutologues s'arrachaient les cheveux faute de comprendre le pourquoi de ce désarroi social... Ramener un public populaire vers des medias plus intelligents et vers davantage de pluralité ne sera certes pas une mince affaire. On rappellera au passage que si Laurence Bloch a quelque peu secoué le cocotier de la vieille maison c'est aussi elle qui a viré, entre autres noms, Yvan Levaï, Frédéric Lodéon ou Philippe Meyer...
Il me revient pourtant de vieux souvenirs, quand France-Inter s'honorait de diffuser Radioscopie, ou la deuxième chaine de proposer régulièrement le Grand Echiquier. C'était le temps de Jacques Chancel. Aujourd'hui pour affronter Hanouna nous avons Léa Salamé.
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