vendredi 27 avril 2012

Vous reprendrez bien un peu de soufre ?

Le Nouvel Observateur du 26 Avril traite d'un thème en passe de devenir un "marronnier" : "Faut-il tout rééditer des collabos ?".
Loin de moi l'envie de vouloir répondre à la question d'une façon définitive, car celle-ci me semble aussi secondaire que complexe. Parle t-on des hommes? des écrivains ? de l'Histoire ? du pouvoir ? Chacun ayant la tentation de réécrire ladite Histoire, le sujet risque d'être fort biaisé.
On constate le retour en grâce de quelques plumes qui, il y a peu, sentaient le soufre. Mode ? Phénomène de balancier ? Retour d'une objectivité ? Déliquescence idéologique ? Sans doute un peu de tout cela.
Sur un plan littéraire, j'ai eu l'occasion d'écrire sur ce blog l'intérêt que je porte au génie de Céline ; Morand et Brasillach m'impressionnent ; Jouhandeau finit par me lasser ; Chardonne me laisse froid et Drieu me tombe des mains.
Un quart de siècle comme praticien psy m'ont prouvé qu'il ne sert à rien de masquer, et que le retour du refoulé opère toujours. D'autre part, il est des pages talentueuses qu'on gagne à lire... à condition de les trouver. On objectera que des esprits faibles peuvent en faire une mauvaise lecture. Certes, mais ceux-là ont-ils besoin de savoir "lire" (peu le peuvent) pour faire le mal ? Je rappelle au passage que je réside entre Montauban et  Toulouse...
On comprendra que je suis favorable à ces rééditions, et ce sans illusion ni naïveté, simplement parce que cela a été.
Mais aujourd'hui, pour répondre à la question de l'intérêt de ces livres, la balle est dans le camp des juristes... Après tout, beaucoup veulent que l'Etat rédige les livres d'histoire, et on a fait des lois mémorielles pour cela. Pourquoi alors le droit ne déciderait-il pas de la valeur d'une oeuvre et de l'intérêt de la rééditer ? Intérêt semble d'ailleurs le terme qui convient... Nos grands éditeurs se pincent ostensiblement le nez, tout en préparant la publication des trésors qui finissent d'affiner dans les tiroirs. On apprécie le risque face à un tribunal,  on pèse ce qui peut s'avérer coûteux, on évalue combien a contrario une polémique pourrait rapporter...
Dans ce bal des faux-culs, on se demande ce que les sulfureux impétrants évoqués plus haut auraient pu écrire. Et on n'aura qu'un regret, celui de ne pouvoir, justice oblige, appliquer quelques formules céliniennes, par exemple, aux personnages qui entendent gouverner nos esprits.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire