mercredi 4 mars 2015

Soumission... et c'est ainsi que Houellebecq est grand !

Certes, ce n'est sans doute pas le meilleur Houellebecq, mais pas le moindre non plus... Soumission (Flammarion) n'a pas la dimension des Particules élémentaires, par exemple, pourtant son intérêt va bien au-delà des téléscopages avec l'actualité de Janvier, et conforte Michel Houellebecq comme un auteur contemporain de rare envergure, sans doute aucun le meilleur dans son genre : la vision et la description d'une société déshumanisée, orpheline et agonisante.
Soumission n'est pas un ouvrage politique, au sens courant du terme, et Houellebecq n'est pas davantage un homme politique ; inutile donc de pousser des cris d'orfraie comme le font certains, l'accusant de racisme, de paranoïa, de démagogie, d'irresponsabilité... et commentant le doigt au lieu de regarder la lune.
La France de 2022 qu'il décrit, présidée par un musulman, peut sembler bien improbable, et donc pure provocation. On objectera cependant que dans son scénario, le plus tiré par les cheveux (quoique...) tient dans l'hypothèse d'un deuxième mandat de François Hollande ! Pour la suite dudit scénario, on a connu plus loufoque. Résumons : au 1er tour de la présidentielle, le candidat d'un parti musulman, très modéré et fédérateur, arrive devant le PS et derrière le FN. Pour faire barrage à ce dernier, le front républicain vote pour le candidat musulman, et Bayrou devient premier ministre. Et c'est ainsi qu'Allah devient grand.
Quant au reste, que les élites soient prêtes à se convertir à l'islam pour conserver leurs miettes de pouvoir, je ne suis pas sûr que cela soit si farfelu que cela... Pour ce qui est du sort des femmes ou de l'instauration de la polygamie, on aura reconnu cet humour féroce habituel chez Houellebecq.
L'intérêt de l'ouvrage tient non dans sa dimension de politique-fiction mais dans l'illustration habituelle des comportements au cœur d'une société acculturée, impuissante et veule ; à moins de considérer le succès du marketing compassionnel de Je suis Charlie comme une forme de résistance, est-on bien sûr que Michel Houellebecq soit dans le faux ?

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