lundi 1 juin 2015

Charlie, de l'esprit aux communautés

Les magazines télévisés consacrés aux media ont ceci d'intéressant qu'ils confortent ce qu'ils entendent "dénoncer". L'émission Médias le magazine, le dimanche sur France 5, n'est pas désagréable, mais quand ce sont les media qui parlent des media pour nous montrer combien celles-ci nous manipulent, on a le droit de demeurer goguenard... Quant à stigmatiser conflits d'intérêt ou copinages, encore eut-il mieux valu que Thomas Hughes évite de n'inviter que des collègues de RTL, comme ce fut le cas ce dimanche.
Mais il y a aussi un débat, et hier il opposait Joseph Macé-Scarron, de Marianne, et Rockhaya Diallo, porte-parole de diverses associations ou animations communautaristes ; il s'agissait d'évoquer l'esprit Charlie, cinq mois après, suite aux sorties récentes de Plenel ou Todd, assimilant les musulmans aux juifs des années 30 et la mobilisation à l'expression d'une "bonne conscience répressive"... Le bilan est atterrant.
Certes le 11 Janvier fut un chef d'oeuvre du marketing compassionnel, à la limite de l'évènementiel et forcément ambigu. Mais il s'était produit dans la gravité des jours précédents un sursaut de conscience, qui aurait pu être un bon terreau pour ce vivre ensemble dont on nous rabâche tant les oreilles, et propre à dépasser les habituelles crispations.
Au lieu de cela, la question fondamentale qui était en janvier "A t-on le droit de dire ce que l'on pense même si cela ne plait pas à tout le monde ?", semble devenue aujourd'hui "Peut-on condamner l'islamisme sans être raciste ?". Le glissement sémantique se passe de commentaire, et ne me parait annonciateur que de lendemains au ciel noir.

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