mercredi 17 juin 2015

Julliard, ce qu'il fallait de bravoure

Comme promis, revenons sur l'interview de Jacques Julliard dans le Figaro du 5 juin dernier. Le journaliste et historien de gauche analyse finement les évolutions de la gauche contemporaine, et l'éloignement des intellectuels qui en découle.
Il rappelle avec justesse que, si lors de la révolution française la gauche était d'essence individualiste, la rencontre avec le prolétariat du XIXème siècle lui confère une base collective, sinon collectiviste, autour des notions d'égalité et de solidarité, construites sur un esprit de groupe. Or aujourd'hui l'activité de la gauche se cantonne à légiférer de manière forcenée autour de revendications individualistes : vie privée, sexualité, génération... Julliard y voit la double influence du capitalisme et du socialisme scandinave.
Cette dernière influence a conforté la "martingale" (sic) de l'antiracisme, qui contribue à fédérer la gauche mais s'englue dans des impasses et ne fait une politique, parce que "la politique ne se réduit pas à une morale". Le tout devenant largement contre-productif lorsque le peuple y voit un contrat implicite entre bourgeoisie bobo et victimes autoproclamées du racisme et du colonialisme.
Tout se passe, toujours selon JJ, comme si, ayant perdu ce qu'il reste de prolétariat (aujourd'hui rallié au FN) et dans l'incapacité d'oeuvrer à une révolution sociale, la gauche courait après une révolution "sociétale" au bénéfice de nouveaux prolétariats supposés. La vacuité de cette stratégie (?) des politiques a depuis longtemps été annoncée par les intellectuels (Nora, Debray et d'autres).
Nous reviendrons sur ces critiques des penseurs. En attendant, je ne saurais trop vous conseiller de lire l'intégralité de l'interview de Jacques Julliard, penseur libre et courageux, sur le Figaro.

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