jeudi 31 août 2017

Le passé ne passera pas !

L'heure étant parait-il aux réformes, on nous rabâche l'urgence et la nécessité de sortir du "passé", synonyme d'échec et d'obscurantisme suranné. Que le monde change vite et que les outils deviennent rapidement obsolètes, c'est une évidence ; seulement, tant il est vrai que le progrès a du passer, de fait, par la nouveauté et la modernité on a fini par croire que modernité valait progrès, et que tout ce qui était nouveau était bien par nature : on voit où nous en sommes parvenus...
La notion même d'Histoire n'y résiste pas : aux États-Unis on déboulonne les statuts des chefs sudistes, forcément esclavagistes (comme si les guerres civiles n'étaient pas avant tout politiques), dans le plus pur déni de l'histoire des USA et sous couvert d'une morale contemporaine sans mémoire ni esprit critique. Chez nous autres français, il serait de bon ton, dans le même ordre d'idées, de bannir de notre récit national Voltaire ou Jules Ferry, qui ne crachèrent pas sur la traite, voire d'enquêter sur Louis IX (le saint) qui ne sortit pas blanc comme neige de la croisade contre les Albigeois (ni de ses relations avec les juifs). Quant à la Révolution française, à l'aune d'aujourd'hui...
Il ne s'agit évidemment pas d'idéaliser le passé, ni de le reprendre pour en faire je ne sais quel objectif pour demain. Gardons le simplement pour éclairer les chemins qu'il nous reste à parcourir. Mais on  aura compris que, tel le refoulé, ce passé refuse de partir ou revient au galop. Renier le passé en tant que passé est le propre des peuples sans avenir identifié. Premier symptôme de dépression, certes, mais surtout vacuité de la pensée...

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