mercredi 11 octobre 2017

Catalogne : culture ou dépendance

Je ne traiterai pas de l'affaire de Catalogne en elle-même, ni des mérites comparés du statu-quo, de l'autonomie ou de l'indépendance. Mais force est de constater que face à cette "crise" la presse française, à quelques exceptions près, est égale à elle-même : jacobine, inculte et bête.
L'aspiration d'une majorité, à en croire les sondages, des catalans à devenir "indépendants" est aux yeux de nos élites proprement stupide et incompréhensible, en ces temps de mondialisation. Au mieux animé de motivations égoïstes, régressives, populistes, etc... L'idée qu'un groupe sur un territoire nanti d'une identité, d'une langue et d'une culture originales et affirmées puisse se revendiquer peuple est quelque chose qui leur échappe.
Madrid traite de farce un referendum qu'il a lui-même saccagé, et de quelle manière. Des gens intelligents, et il y en a dans tous les camps, pourraient imaginer que la meilleure façon de mesurer cette volonté d'indépendance serait de voter ; mais non, le pouvoir central qui conteste que l'idée soit majoritaire s'oppose à toute consultation, jugée illégale. La loi est la Loi, la démocratie n'a rien à voir la-dedans... Circulez, y a rien à voir.
L'Histoire bégaie toujours : les pouvoirs qui jugent sans fondement toute velléité d'autonomie finissent par s'y résoudre quelques années ou décennies plus tard. Et quelques charniers. Les peuples qui veulent s'émanciper seraient-ils condamnés à prendre les armes ?
En France, on pourrait se dire que la guerre d'Algérie n'est pas si loin. Oui, mais elle était politique nous dit-on. Rien de tel en Catalogne. Outre que cela révèle une connaissance sommaire de l'Histoire de l'Espagne moderne, et une connaissance sommaire de la Catalogne (quiconque l'a un peu pratiquée a vite saisi la catalanité) cela illustre une incurie contemporaine : la notion d'identité (la langue, la culture, les mœurs, et non le rejet des autres) est un concept qui échappe à nos élites. Jean Lassalle, pyrénéen ex-candidat à la présidentielle, a parfaitement exprimé ces jours derniers ce que le mépris des institutions pouvait occasionner de dégâts.
L'inculture sévit plus que jamais. Les réveils pourraient se révéler douloureux.

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