mardi 12 décembre 2017

D'Ormesson, Modiano, notoriétés

Dans mon dernier billet, j'essayais de discerner ce qui avait permis à Jean d'Ormesson de finir sous les ors d'un hommage national, et la grandeur de l’œuvre n'y tenait pas, à mon sens, la place qu'on lui attribue si volontiers. On m'a objecté, argument imparable, la célébrité de l'homme si connu des français, ce qui coupe court à toute nuance.
Que répondre à cette objection, si ce n'est qu'elle nous renvoie à la case départ ? Jean d'O était-il célèbre auprès du grand public par son image télégénique et télévisuelle de grand-père espiègle, spirituel et bienveillant, ou par son œuvre littéraire ? De la même façon qu'il convient de distinguer l'homme et l’œuvre, il est utile, lorsqu'on se penche sur l'auteur, de faire la part entre l'écho du travail d'écriture et la résonance médiatique de l'auteur-produit.
Depuis pas mal d'années déjà, beaucoup d'éditeurs se montrent plus sensibles à la bio des auteurs qu'à leur production : les arguments pour le marketing prennent le pas sur ceux de la création. C'est ainsi que se bâtissent les notoriétés.
A partir de quel chiffre mesurable est-on objectivement célèbre ? Par ailleurs qui est le plus connu, de d'Ormesson ou de Modiano, par exemple ? Le premier, forcément. L'un s'exposait sur les écrans, jusqu'aux Grosses Têtes. L'autre, dont le talent est reconnu par tous, peinait face aux micros et aux caméras, et se contenta de devenir Prix Nobel de littérature...
Alors saluons la réussite sans barguigner, surtout lorsqu'elle ne s'appuie pas sur la vulgarité, mais sachons raison garder, en même temps que le sens du vrai et du beau.

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