lundi 6 août 2018

Jourde et le symptôme Millet

J'ai déjà à plusieurs reprises évoqué ici-même la rubrique de Pierre Jourde dans Bibliobs (http://bibliobs.nouvelobs.com). Jourde n'est pas un personnage consensuel, et peut-être est-ce pour cela que ses propos font mouche, et il met avec bonheur le doigt et la plume sur quelques symptômes de l'époque. Ainsi donc dans son billet de cette semaine évoque-t-il l'entretien accordé à Jacques Henric de Art Press par Richard Millet.
On sait que Millet est, ou était, un des tout meilleurs écrivains français contemporains, et qui plus est un excellent éditeur (Deux Goncourt en cinq ans, J. Little et A. Jenni) ; il a vu se lever contre lui, suite à un très provocateur Eloge littéraire d'Anders Breivik, chroniqué dans ce blog en 2012, une fatwa bienpensante emmenée par Annie Ernaux et JMG Le Clézio, qui stigmatisaient "un pamphlet fasciste" (ils en ont et le droit et les arguments) et demandaient surtout la fin de ses responsabilités chez Gallimard, qu'il ne soit plus publié et qu'il ne publie plus les autres. Ce qu'ils ont finalement obtenu, condamnant Millet à une "mort sociale" après une "mort symbolique"...
Il ne s'agit pas ici, ni chez Jourde, de défendre les propos de Millet, qui continue d'ailleurs à s'enferrer, et encore moins ses idées ; comprendre la différence entre un fasciste et un conservateur chrétien un peu déjanté est au-dessus des capacités ou du moins de la volonté de certains. Il s'agit juste de constater, comme le fait Jourde, que la répression au cours de l'Histoire était le fait du pouvoir qui, au nom du Bien (la famille, la religion, la Patrie...) exerçait cette répression. Depuis la fin du XXème siècle, ce sont souvent des intellectuels eux-mêmes, qui toujours au nom du Bien (progrès, humanisme, antiracisme, féminisme, diversité, etc..., voir la liste complète chez Le Clézio) veulent interdire d'autres intellectuels. Et ce sont des auteurs, souvent mélanchonistes, qui réclament des procès de Moscou pour interdire les galeux : l'Histoire bégaie.
Mais Jourde démonte aussi l'argumentation un peu (?) parano de Millet, et démontre que tout ce qui est populaire aujourd'hui n'est pas forcément mauvais, de même que jadis on compta un certain nombre de médiocrités. Le véritable enjeu, en tout domaine, est celui de la qualité contre la facilité. Et Jourde de conclure son article : "Richard Millet se trompe de combat. Ce n'est pas une raison pour le lyncher".
Une fois lu ce résumé sommaire, je vous invite à aller sur Bibliobs jeter un oeil sur la rubrique "Confitures de culture"de P.J. Son auteur n'y proclame pas de vérité révélée ni des certitudes consommables, mais il règle leur compte à bien des tartuffes...

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