jeudi 20 décembre 2018

RIC, gilet jaune et coup de blues...

Naguère, lorsqu'on sondait le français moyen en lui demandant s'il était favorable à l'ouverture des magasins le dimanche, il répondait oui avec enthousiasme à 78%. Dans la même enquête (pour le compte d'Entreprises et Carrières si ma mémoire est bonne), à la question "Etes-vous vous-même d'accord pour travailler le dimanche ?", le même français, très moyen en l'occurrence, répondait non à 84%...
Alors quand j'entends aujourd'hui ce même français des rond-points réclamer à cor et à cri le référendum d'initiative citoyenne (RIC) pour pouvoir décider à la place des élus démocratiquement mandatés et donc administrer en temps réel ce pays, une certaine perplexité m'habite...
Citoyen méprisé, c'est vrai, et consommateur frustré, le gilet jaune moyen (ce qui ne veut rien dire étant donné l'extrême diversité de ce mouvement disparate) tape du pied dans la fourmilière et entend satisfaire enfin ses envies et ses émotions. Habitué à la zapette de la télé (téléréalité surtout, pour certains) le consommateur a remplacé le citoyen. Et il entend infliger un diktat permanent, au gré de ses humeurs et de ses contradictions, à des élus forcément trop payés et pourris, à l'élection desquels il n'aura même pas participé. On évoque parfois la dictature des sondages, mais celle du RIC interdira la notion de durée, toujours nécessaire pour obtenir des résultats, et plus encore celle d'impopularité, dont l'Histoire a souvent démontré qu'elle était bien souvent indispensable pour construire.
Bref, et sans contester la légitimité d'un mouvement très représentatif des malaises de la France périphérique, je succombe au doute face à ce qui pourrait ressortir de cette jacquerie, au demeurant largement animée par ceux qui entendent annuler le deuxième tour de la dernière présidentielle. Qu'il faille faire évoluer les modes de gouvernance et le fonctionnement démocratique est une évidence, et elle relève de l'urgence. Qu'il y ait un problème de pouvoir d'achat et de reconnaissance est une autre certitude. Mais, sans faire l'éloge de la complexité, il n'est pas faire injure aux manifestants que de leur demander d'activer quelques neurones pour comprendre certaines complexités. Ah j'oubliais, le consommateur (dont le nom commence si mal, comme disait le duc d'Orléans des conservateurs) a remplacé le citoyen... On patientera donc avant de faire le moindre bilan.

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